Le Nigeria veut profiter du cours élevé du cacao pour redynamiser sa production locale

10:1810/03/2025, lundi
AFP
Un plant de cacao dans le village de Shofolu, dans l'État d'Ogu, au sud-ouest du Nigeria.
Crédit Photo : PIUS UTOMI EKPEI / AFP
Un plant de cacao dans le village de Shofolu, dans l'État d'Ogu, au sud-ouest du Nigeria.

La flambée des cours du cacao offre une opportunité inédite pour le secteur cacaoyer nigérian, en difficulté depuis plusieurs décennies.

Alors que le Ghana et la Côte d'Ivoire, principaux producteurs mondiaux, font face à des baisses de production, le Nigeria cherche à redynamiser sa filière.

Un regain d'intérêt pour la production locale


Le mois dernier, l'entreprise agroalimentaire Johnvents a bénéficié d’un investissement de 40,5 millions de dollars de la part de la British International Investment (BII), l'agence britannique de financement du développement. Cette annonce a marqué un tournant pour l'industrie cacaoyère nigériane, suscitant un regain d'intérêt chez les investisseurs locaux, selon Patrick Adebola, directeur exécutif de l’Institut nigérian de recherche sur le cacao (Cocoa Research Institute of Nigeria).

"Les gens qui veulent créer de nouvelles plantations et ceux qui veulent réhabiliter les anciennes"
sont attentifs, affirme M. Adebola, qui considère que "les agriculteurs n'ont jamais eu autant de chance".

Le gouvernement nigérian s’est fixé un objectif ambitieux de 500.000 tonnes de production pour la saison 2024-2025, un cap difficile à atteindre à court terme, mais envisageable dans les années à venir. Actuellement, le Nigeria, septième producteur mondial, accuse un retard important sur le Ghana, deuxième producteur, qui a récolté 650.000 tonnes en 2023, loin derrière la Côte d'Ivoire et ses 2 millions de tonnes.

Un secteur encore épargné par le changement climatique


Alors que les intempéries et les maladies affectent les récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana, le Nigeria semble jusqu'à présent moins touché par les effets du changement climatique. En 2023, le pays a produit 280.000 tonnes de cacao, selon la FAO.


Historiquement, la production de cacao au Nigeria a chuté depuis les années 1970, lorsque les investissements massifs dans le pétrole ont relégué l’agriculture au second plan. Aujourd’hui, la hausse spectaculaire des prix du cacao pourrait renverser cette tendance.


Des prix record et une ruée vers l'or brun


En décembre 2024, le prix du cacao a atteint un sommet historique de 12.500 dollars la tonne, contre 8.000 dollars en février 2025, bien au-dessus des niveaux habituels de 2.000 à 3.000 dollars.

"Les individus se lancent dans la production de cacao à tous les niveaux... pour s'assurer de bénéficier des prix actuels"
, explique Adeola Adegoke, président de l'Association des producteurs de cacao du Nigeria. Selon lui, le gouvernement profite de cette dynamique pour améliorer la qualité du secteur agricole.

La création, en 2022, d’un Comité national de gestion du cacao témoigne d’un engagement accru des autorités pour mieux structurer une filière longtemps délaissée.

Des défis environnementaux et structurels


Toutefois, l’expansion rapide des plantations pourrait accentuer les risques environnementaux. Une étude récente publiée dans la revue Agroforestry Systems met en garde contre la monoculture en plein soleil, privilégiée au détriment des pratiques agroforestières plus durables.


Par ailleurs, la majorité des cultivateurs nigérians sont de petits exploitants qui manquent de capitaux et de terres pour développer leur production. Peter Okunde, agriculteur dans l'État d'Ogun, explique qu’il lui est difficile d’agrandir sa plantation de quatre hectares, faute de financement.

De son côté, John Alamu, directeur général de Johnvents, estime que
"le problème n'est pas la superficie des terres"
. Il rappelle que le Nigeria dispose de 1,4 million d'hectares dédiés au cacao, soit plus que les 1,1 million d'hectares du Ghana, et prône une approche globale, incluant:

  • La distribution de plants aux agriculteurs,
  • Des formations aux bonnes pratiques agronomiques,
  • Un accent sur l’agriculture durable.

Avec ces efforts et l’embellie des cours mondiaux, le Nigeria pourrait progressivement retrouver une place de choix sur la scène cacaoyère internationale.


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