Au Nigeria, la concurrence fait baisser les prix de l'essence

15:285/03/2025, mercredi
AFP
La raffinerie Dangote Petroleum Refinery Petrochemicals à Lagos.
Crédit Photo : PIUS UTOMI EKPEI / AFP
La raffinerie Dangote Petroleum Refinery Petrochemicals à Lagos.

Le prix de l’essence au Nigeria a récemment baissé à 860 nairas (0,54 euro) le litre, sous l’effet de la concurrence entre la raffinerie Dangote, dirigée par le magnat Aliko Dangote, et la compagnie pétrolière nationale NNPC.

Un marché en mutation avec l’entrée de la raffinerie Dangote


La raffinerie Dangote, la plus grande d’Afrique, a commencé à fournir du carburant au marché nigérian en septembre 2024, marquant un tournant pour ce pays, qui, jusque-là, importait la quasi-totalité de ses besoins en essence, malgré son statut de premier producteur de pétrole du continent.


Face à cette nouvelle concurrence, Dangote a baissé ses prix de dépôt à deux reprises en février, permettant une réduction significative des tarifs à la pompe, qui avaient atteint 1.030 nairas le litre il y a quelques mois. Cette initiative visait à apporter un "soulagement essentiel aux Nigérians" durant le ramadan, selon un communiqué du groupe.

La réaction de la NNPC et le rôle des raffineries publiques


En réponse, la Nigerian National Petroleum Corporation Limited (NNPC), qui alimente également les stations-service du pays, a annoncé mardi une baisse de ses propres prix.

Les raffineries publiques du Nigeria, en état de délabrement depuis plusieurs années, ont vu l’une d’elles relancée en novembre à Port Harcourt. Toutefois, elles restent loin de répondre à la demande nationale, laissant le champ libre aux acteurs privés comme Dangote.


L’impact de la fin des subventions sur les prix


L’arrivée au pouvoir du président Bola Ahmed Tinubu en mai 2023 a marqué un tournant avec la suppression des subventions sur l’essence, qui maintenaient artificiellement les prix bas depuis plusieurs décennies.


Avant cette réforme, un litre d’essence coûtait environ 195 nairas. Avec la libéralisation du marché, les prix ont grimpé à 998 nairas à Lagos et 1.030 nairas à Abuja en octobre 2024, réduisant le pouvoir d’achat des Nigérians, déjà affectés par une crise économique sans précédent en trente ans.

En 2024, l’inflation au Nigeria a dépassé les 30 %, aggravant la situation pour de nombreux ménages.


Une stratégie de domination du marché ?


Selon Ademola Adigun, directeur général du cabinet de conseil AHA Strategies Ltd, cette baisse des prix pourrait être une stratégie de Dangote pour s’imposer comme leader du marché, en mettant en difficulté les autres distributeurs. Le groupe Dangote a toutefois nié toute volonté de monopole.


Ikemesit Effiong, analyste chez SBM Intelligence, estime que cette baisse des prix pourrait aussi être liée à une stabilisation du naira et à une diminution des prix du brut.

De son côté, Clement Isong, président de la Major Energies Marketers Association of Nigeria (MEMAN), voit dans cet ajustement un signe positif de la libéralisation du marché, affirmant que
"la concurrence fonctionne"
.

Un marché pétrolier en pleine transformation


Avec une concurrence accrue entre la raffinerie Dangote et la NNPC, ainsi que des ajustements tarifaires successifs, le marché pétrolier nigérian entre dans une nouvelle ère. Si cette dynamique profite à court terme aux consommateurs, les effets à long terme sur la structure du marché restent à surveiller.


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