
Un nouveau projet israélien visant à ériger un mur de séparation entre le nord de la vallée du Jourdain et la Cisjordanie suscite de vives inquiétudes palestiniennes. Les habitants redoutent l’isolement de leurs communautés et de leurs terres agricoles, ainsi que la consolidation d’une annexion de facto du territoire occupé.
Israël a déjà construit en 2002 un mur de séparation entre son territoire et la Cisjordanie, qualifié par les Palestiniens de "mur d’apartheid". En 2004, la Cour internationale de Justice avait rendu un avis consultatif condamnant cette barrière et la déclarant illégale.
Aujourd’hui, selon le quotidien israélien Haaretz, l’armée israélienne prévoit la construction d’un nouveau mur à l’intérieur même de la vallée du Jourdain nord. Long d’environ 22 kilomètres et large de 50 mètres, l’ouvrage viserait à couper les communautés palestiniennes de leurs terres agricoles et de leurs zones de pâturage.
Baptisée "Fil écarlate" (Scarlet Thread), cette barrière entraînerait la démolition de nombreuses structures palestiniennes situées sur son tracé: habitations, enclos pour le bétail, serres, entrepôts, réseaux d’eau, puits et terres cultivées.
Selon Haaretz, ce mur s’inscrit dans un plan plus vaste visant à isoler les Palestiniens dans l’ensemble de la vallée du Jourdain, bien qu’aucune feuille de route complète n’ait encore été rendue publique.
Une annexion assumée
Une perte massive de terres
Selon lui, les conséquences du projet seraient désastreuses : perte de terres, chômage massif et destruction des moyens de subsistance de centaines de familles palestiniennes.
À Atouf seulement, les agriculteurs estiment que plus de 30 000 dunams (1 dunam équivalant à 1 000 m²) sont menacés. À l’échelle de la vallée du Jourdain nord, le projet toucherait près de 190 000 dunams de terres agricoles.
Menace sur l’existence palestinienne
Moataz Bisharat, responsable palestinien chargé du dossier de la vallée du Jourdain, explique que le mur de 22 kilomètres s’étendrait d’Ein Shibli, où un nouveau site militaire est en cours de transformation en poste de passage permanent, à l’est de Tayasir, en traversant la plaine d’Al-Baqi’a ainsi que les terres de Tamun et de Tubas.
Le danger majeur, selon lui, réside dans l’isolement total de plus de 190 000 dunams situés à l’est du mur, y compris des milliers de dunams cultivés en légumes, oliviers et bananiers, ainsi que des réseaux hydrauliques menacés de démantèlement.
Bisharat avertit que ce projet dépasse la simple confiscation de terres et constitue une menace directe contre l’existence palestinienne. Le mur mettrait en péril 22 communautés résidentielles regroupant environ 600 familles, dont les maisons et les enclos à bétail font déjà l’objet d’avis de démolition.
La vallée du Jourdain abrite le bassin aquifère oriental, la deuxième plus grande source d’eau en Cisjordanie. Sa séparation priverait les Palestiniens de l’ensemble de leurs ressources hydriques.
Ce projet intervient alors que la Cisjordanie connaît une escalade sans précédent des violences menées par l’armée israélienne et les colons illégaux. Depuis octobre 2023, au moins 1 093 Palestiniens ont été tués et près de 11 000 blessés.
En juillet dernier, la Cour internationale de Justice a rendu un avis historique déclarant illégale l’occupation israélienne des territoires palestiniens et appelant à l’évacuation de toutes les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.









