Procédure de fermeture: La mosquée des Bleuets dénonce "une punition collective" et "disproportionnée"

10:071/10/2025, mercredi
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L'imam de la mosquée des Bleuets, l'imam Ismail (à gauche), s'entretient avec des habitants après sa conférence de presse, à Marseille, dans le sud de la France, le 9 septembre 2024, après que le préfet de police des Bouches-du-Rhône a informé la mosquée des Bleuets de son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y étaient tenus depuis des années.
Crédit Photo : MIGUEL MEDINA / AFP
L'imam de la mosquée des Bleuets, l'imam Ismail (à gauche), s'entretient avec des habitants après sa conférence de presse, à Marseille, dans le sud de la France, le 9 septembre 2024, après que le préfet de police des Bouches-du-Rhône a informé la mosquée des Bleuets de son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y étaient tenus depuis des années.

Bis répétita. Après avoir fait l’objet d’une procédure de fermeture en 2024, la mosquée des Bleuets est à nouveau ciblée par une procédure administrative initiée par la Préfecture des Bouches-du-Rhône.

Située dans les quartiers nord de Marseille, le lieu de culte entend naturellement contester les faits
"d’incitation à la haine et à la discrimination"
qui lui sont reprochés cette année par les autorités.

Dans le détail, si la mosquée est encore ciblée, c’est bien l’imam Ismaïl, figure bien connue et respectée des musulmans de France, qui est en fait dans le viseur de la Préfecture et du ministère de l’Intérieur.

Dans un entretien à Anadolu, l’un des avocats de l’institut musulman des Bleuets, Maître Rafik Chekkat, dénonce
"une punition collective"
et une fermeture administrative qui serait
"complètement disproportionnée"
, si elle venait à être prononcée.

"Ce qui est reproché à l’imam Ismail c’est sa dénonciation de l’islamophobie et sa dénonciation des crimes perpétrés à Gaza"
explique le conseil marseillais.

Et de s’interroger:
"Le préfet s’appuie sur un article de la loi de 1905 (ndlr: loi sur la laïcité) alors qu’il contredit le principe de laïcité notamment quand il dit que l’imam Ismaïl a une pratique fondamentaliste de l’Islam. Dans un Etat laïque est ce que c’est au Préfet de déterminer ce qu’est une bonne pratique de l’Islam?"

L’institut, qui reste ouvert tant qu’une décision officielle n’a pas été prise, entend user de toutes les voies de recours pour maintenir le lieu ouvert.


Dans un communiqué de presse, la mosquée des Bleuets considère pour sa part que
"c’est l’Islam qui est visé à travers cette procédure"
au même titre que
"la liberté de culte"
.

Une pétition, qui rassemble déjà plusieurs centaines de signatures, a été mise en ligne en début de semaine pour s’opposer à cette fermeture.

Le texte met en garde contre une procédure jugée
"injustifiée et disproportionnée, et qui risque de nourrir un sentiment d’injustice, d’acharnement et de stigmatisation au sein de la communauté musulmane"
.

Les signataires appellent de fait
"les autorités à reconsidérer cette décision et à engager un dialogue constructif et transparent avec les représentants de la mosquée et ses fidèles"
.

Et de marteler:
"Cette mosquée est un lieu de culte ouvert, pacifique et respectueux de la loi. Elle joue un rôle central dans la vie spirituelle, sociale et culturelle de nombreux habitants du quartier, de la ville de Marseille et bien au-delà. Depuis des années, elle favorise le dialogue, la solidarité, et le vivre-ensemble dans un esprit d’apaisement et de responsabilité"
.

Pour rappel, la mosquée des Bleuets avait déjà fait l’objet d’une procédure similaire au cours de l’été 2024, sur fond de mise en cause de l’imam Ismaïl.


Celui-ci, avait décidé de se mettre en retrait de ses fonctions d’imam, le temps de se former à la laïcité. C’est dans ce cadre qu’il a reçu, en septembre, son diplôme obtenu à Sciences Po Aix-en-Provence.


Il a néanmoins été condamné en mai dernier à une peine de six mois de prison avec sursis assortie de 2 000 euros d’amende, cinq ans d’interdiction de ses droits civiques, avec inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes.

Cette peine intervenait après que le tribunal correctionnel de Marseille l’a reconnu coupable d’avoir republié, en juillet 2024 sur son compte X, une vidéo accompagnée d’un commentaire qualifiant de
"légitime défense"
l’attaque du 7-Octobre menée par le mouvement de résistance palestinien Hamas contre Israël.

L’imam Ismail a, en revanche, été relaxé pour une autre publication, dans laquelle il a reposté une vidéo accusant des soldats israéliens de torture sur un Palestinien, y ajoutant ce commentaire :


Daech à côté [de l’armée israélienne], ce sont des enfants de chœur.

Le tribunal correctionnel de Marseille n’avait alors pas suivi les réquisitions du parquet en ce qui concerne la demande de bannissement du réseau social américain X pour six mois et l’interdiction définitive d’exercer en tant qu’imam au sein de la mosquée des Bleuets.


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