Face à la menace de l'IA sur l'emploi, les syndicats américains essayent de rester dans le coup

11:305/06/2025, Perşembe
AFP
Alors que l'intelligence artificielle redéfinit le marché du travail, les syndicats aux États-Unis tentent de préserver les droits des salariés, réclament davantage de transparence et se heurtent à des obstacles politiques et économiques majeurs.
Crédit Photo : X /
Alors que l'intelligence artificielle redéfinit le marché du travail, les syndicats aux États-Unis tentent de préserver les droits des salariés, réclament davantage de transparence et se heurtent à des obstacles politiques et économiques majeurs.

Face à la déferlante IA (intelligence artificielle), qui va bousculer des pans entiers de l'économie, les syndicats américains s'organisent pour accompagner les salariés, pousser les entreprises à la transparence et mobiliser les élus, un défi.

"En tant que travailleurs, l'un de nos seuls moyens de pression, c'est de refuser de travailler"
, explique Aaron Novik, l'un des piliers du syndicat ALU d'Amazon.
"Si on nous prive de ça"
, car l'IA générative est à même de remplacer cette force de travail,
"que se passe-t-il ? C'est une question existentielle."

Depuis les années 60, l'automatisation a déjà transformé la plupart des industries, avec le plus souvent une contraction des effectifs à la clé.


Mais l'IA dite physique prépare l'arrivée d'une nouvelle génération de robots intelligents, capables de ne plus se cantonner à une série de tâches finies, qui pourrait remplacer encore davantage de cols bleus.


Quant aux métiers tertiaires, le patron d'Anthropic, créateur de Claude, un concurrent de ChatGPT, a prévenu mercredi que l'IA générative pourrait signer la disparition de la moitié des postes les moins qualifiés et faire bondir le taux de chômage entre 10 et 20 %.

"Le remplacement des travailleurs et les suppressions d'emplois sont un sujet d'inquiétude significatif"
, souligne Peter Finn, du syndicat des Teamsters (transport routier),
"mais pas uniquement pour nos membres, pour tout le monde."

Les Teamsters ont donné priorité à la voie législative, semée d'embûches.


Le gouverneur de Californie, État qui compte plusieurs centaines de milliers de membres, a, par exemple, déjà mis deux fois son veto à un texte interdisant la circulation sur route ouverte de camions autonomes.

La semaine dernière, son homologue du Colorado a fait de même.


Des textes similaires sont actuellement examinés dans plusieurs autres États, notamment l'Indiana et le Maryland.


"Rater le train"


Sur le plan fédéral, sous la présidence de Joe Biden, le ministère du Travail avait publié, en octobre, des recommandations aux entreprises, incitées à communiquer sur leur usage de l'IA, inclure les salariés dans leurs réflexions stratégiques sur le sujet et accompagner les employés dont les postes sont menacés.

Mais quelques heures seulement après son investiture, Donald Trump a annulé le décret présidentiel qui servait de base à ces lignes directrices.


"Le message est clair"
, estime HeeWon Brindle-Khym, du syndicat RWDSU, présent dans le commerce de détail et de gros.
"Ils veulent tout ouvrir à l'IA, sans les garde-fous clairement nécessaires pour garantir la protection et les droits des travailleurs."

Dans le même temps
, "il y a une ruée"
des entreprises vers l'IA,
"par peur de rater le train"
, observe Dan Reynolds, du syndicat des télécommunications et médias CWA.
"Et beaucoup des déploiements ont été mal faits. Si nos membres avaient été consultés, ils auraient pu avertir que ces outils n'allaient pas marcher."

Dès novembre 2023, le CWA a mis en ligne un rapport nourri de conseils à ses adhérents, notamment l'inclusion de l'IA dans toute négociation collective d'entreprise. Le syndicat élabore maintenant des kits pédagogiques à destination de ses membres.


Quelques organisations syndicales sont parvenues à faire intégrer des protections contre le tout IA dans leurs accords d'entreprises, notamment au sein du groupe de médias Ziff Davis (site Mashable notamment) ou l'éditeur de jeux vidéo ZeniMax Studios, filiale de Microsoft.

Dans ce combat, les deux succès les plus marquants sont à mettre à l'actif des dockers (syndicat ILA), avec un moratoire sur l'automatisation intégrale de certaines opérations portuaires, et des acteurs d'Hollywood (SAG-AFTRA), assurés d'être consultés et rémunérés pour toute création de leur double IA.


Mais ces deux exemples font figure d'exceptions, car dans la plupart des cas,
"le mouvement syndical aux États-Unis n'a pas de pouvoir de négociation sectoriel"
, rappelle HeeWon Brindle-Khym. Il faut en passer par chaque entreprise, un processus
"long et lent"
, selon elle.

"Les travailleurs ne cherchent généralement pas à arrêter la marche de la technologie"
, estime Virginia Doellgast, professeure à l'université Cornell et spécialiste des relations sociales.
"Ils veulent simplement avoir une forme de contrôle."

À lire également:





#syndicats
#IA
#travail
#emploi
#politique
#USA
#Joe Biden
#Donald Trump
#intelligence artificielle
#IA générative
#syndicats américains
#emploi et IA
#automatisation
#travail et technologie
#Anthropic
#ChatGPT
#Teamsters
#Amazon ALU
#IA et législation
#travailleurs américains
#RWDSU
#CWA
#ZeniMax Studios
#SAG-AFTRA
#protection des salariés
#IA aux États-Unis
#double numérique IA
#emploi menacé par l'IA