Les podcasts IA déferlent sur un écosystème déjà fragile

12:5113/10/2025, lundi
AFP
La production automatisée de podcasts bouleverse une industrie encore fragile, entre opportunités économiques et inquiétudes sur la qualité des contenus.
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La production automatisée de podcasts bouleverse une industrie encore fragile, entre opportunités économiques et inquiétudes sur la qualité des contenus.

L’intelligence artificielle (IA) révolutionne désormais le monde de l’audio, en permettant de générer des podcasts IA à la chaîne avec des présentateurs virtuels.

Une évolution technologique qui bouscule une industrie encore en structuration, au modèle économique fragile.


Depuis le lancement du Audio Overview de Google, premier générateur grand public de podcasts à partir de documents, une multiplication de start-up s’est engouffrée dans la brèche, d’ElevenLabs à Wondercraft.

Fini les plateaux et les voix humaines: l’IA produit désormais des podcasts complets, sans micro ni enregistrement.


Aux avant-postes de cette transformation, la société Inception Point AI, fondée en 2023, met en ligne près de 3 000 podcasts par semaine avec une équipe de huit personnes seulement.

"Notre objectif n’est pas de faire un hit, mais de jouer sur le volume"
, explique Jeanine Wright, fondatrice d’Inception et ancienne dirigeante du studio Wondery. Un épisode coûte environ un dollar à produire et devient rentable dès 20 écoutes, grâce aux recettes publicitaires.

L’automatisation et les avancées technologiques ont drastiquement abaissé le seuil à partir duquel il est possible de monétiser un podcast. Autrefois fixé à plusieurs milliers de téléchargements, il se compte désormais en dizaines d’écoutes.

Wright cite l’exemple d’un programme hyper spécialisé sur l’indice pollen d’une ville, écouté par quelques dizaines de personnes, mais susceptible d’attirer des annonceurs pharmaceutiques.


Un contenu à bas coût mais une inquiétude croissante


Avec la montée en puissance de l’IA générative, de nombreux observateurs redoutent une prolifération de contenus synthétiques de faible qualité, surnommés AI slop (
“bouillie IA”
), qui risquent de submerger les plateformes audio et les réseaux sociaux.

Inception mentionne dans chaque épisode le rôle de l’IA, ce qui n’entraîne
"que très peu de décrochage"
des auditeurs, assure Wright:

Si les gens aiment la voix de l’animateur et le contenu, ils acceptent que ce soit généré par IA.

Un écosystème fragilisé


Pour Martin Spinelli, professeur de podcast à l’université du Sussex (Royaume-Uni), cette déferlante va rendre "plus difficile pour les podcasteurs indépendants de se faire remarquer et de trouver leur public", notamment à cause du manque de budget publicitaire. Il souligne:


Il y a beaucoup d’argent du capital-investissement derrière ces projets IA.

L’afflux massif de programmes IA risque aussi de réduire les revenus publicitaires des podcasts traditionnels.


"Vous pouvez ne gagner que 17 cents par épisode, mais si l’IA en génère 100 000, cela finit par peser"
, avertit Nate DiMeo, créateur du podcast historique The Memory Palace.

Le vétéran, actif depuis 2008, se dit sceptique quant à une adoption massive des podcasts IA, tout en craignant un impact négatif sur un écosystème déjà fragile.

Vers une nouvelle ère du contenu audio ?


Les principales plateformes – Apple Podcasts, Spotify et YouTube– n’imposent pas encore de signalement clair pour les podcasts générés par IA.


"Je paierais pour un outil IA capable de filtrer tout ce bruit"
, confie Spinelli, qui juge les moteurs de recherche des géants du streaming encore peu performants.

Jeanine Wright, elle, estime qu’une distinction entre contenus IA et humains sera bientôt
"inutile"
, car tout contenu intégrera une part d’intelligence artificielle.
Elle compare cette évolution à la cohabitation entre films en prises de vue réelles et dessins animés
: "Les deux genres ont prouvé leur potentiel narratif et leur attractivité".

Pour elle,
"balayer tous les contenus générés par IA"
serait une erreur:
"Il y a beaucoup de belles choses, passionnantes."
Mais pour Nate DiMeo, la magie de l’audio reste liée à la présence humaine:
"Quand vous lisez un roman ou écoutez une chanson, vous voulez entrer en contact avec la conscience d’un autre être humain. Sans cela, il y a moins de raisons d’écouter."

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