Trump menace d’une intervention militaire au Nigeria

Moussa Hissein Moussa
17:146/11/2025, jeudi
Yeni Şafak

Donald Trump évoque une possible intervention militaire au Nigeria après une série d’attaques dans le nord du pays, qu’il qualifie de “génocide chrétien”. Une déclaration qui provoque la colère d’Abuja, accusant Washington d’ingérence et relançant le débat sur la souveraineté africaine face aux puissances étrangères.

Un “génocide chrétien” au cœur de la polémique


Tout est parti d’une série d’attaques meurtrières dans le nord du Nigeria, notamment dans les États du Plateau et de Kaduna. Des affrontements entre agriculteurs majoritairement chrétiens et éleveurs peuls, souvent musulmans, ont fait plusieurs centaines de morts au cours des derniers mois.


Aux États-Unis, certains élus conservateurs ont dénoncé ce qu’ils appellent un
“génocide chrétien”
, accusant Abuja de fermer les yeux sur ces violences.

Ces accusations, relayées par des organisations évangéliques influentes, ont trouvé un écho à la Maison Blanche.


Donald Trump a saisi l’occasion pour dénoncer la
“persécution des chrétiens”
et menacer d’une intervention militaire au Nigeria, affirmant qu’il ne resterait pas
“spectateur d’un massacre de la foi chrétienne”.

Pour ses détracteurs, cette sortie relève moins d’une préoccupation humanitaire que d’une stratégie politique et géopolitique.


Une déclaration qui secoue Abuja


À Abuja, la déclaration américaine a provoqué une onde de choc. Le gouvernement nigérian a rejeté catégoriquement toute ingérence dans ses affaires internes, rappelant que la sécurité nationale relève exclusivement de sa souveraineté.


Les autorités estiment que les propos de
Donald Trump
reposent sur une lecture simpliste d’une situation bien plus complexe.

Les violences dans le nord du pays, selon elles, ne relèvent pas d’un affrontement religieux, mais de crises économiques, sociales et environnementales profondément enracinées.


La riposte immédiate d’Abuja


Le ministre des Affaires étrangères a dénoncé une
“provocation diplomatique sans fondement”
et demandé des explications officielles à Washington.

Le président
Bola Ahmed Tinubu
, de son côté, a rappelé que le Nigeria est une démocratie respectueuse de la liberté de culte et qu’aucune communauté religieuse n’est visée par l’État.

Il a également mis en garde contre toute tentative de manipulation extérieure susceptible de fragiliser la cohésion nationale.


“Nous n’avons pas besoin de sauveurs étrangers pour gérer nos affaires internes”
, a déclaré un conseiller présidentiel.

La souveraineté nigériane mise à l’épreuve


Le gouvernement nigérian souligne que la situation sécuritaire actuelle est liée à des facteurs multiples: la menace persistante de
Boko Haram
et de l’
État islamique en Afrique de l’Ouest
, les affrontements entre communautés rurales pour l’accès à la terre, la pauvreté et les effets du changement climatique.

Les ONG locales et internationales confirment qu’aucune donnée ne permet de parler d’un
“génocide chrétien”
. Les violences touchent indistinctement toutes les communautés, chrétiennes comme musulmanes.

Pour Abuja, les accusations américaines relèvent d’une instrumentalisation politique, destinée à justifier une présence accrue des États-Unis en Afrique.


L’Afrique, nouvelle arène d’influence américaine


Derrière le discours humanitaire de Trump se cache un enjeu géostratégique majeur. Le Nigeria, première puissance démographique et économique d’Afrique, joue un rôle central dans la stabilité régionale et le marché énergétique mondial.


Les États-Unis cherchent à y maintenir leur influence, dans un contexte où la Russie et la Chine gagnent du terrain diplomatique et économique.


Cette
“menace d’intervention”
s’inscrit donc dans une compétition globale pour le leadership sur le continent africain, où chaque puissance tente de renforcer son empreinte politique et militaire.

Un risque d’escalade diplomatique


Les propos de
Donald Trump
ont ravivé les tensions entre
Washington
et
Abuja
, mais aussi entre les États-Unis et une partie de l’opinion publique africaine.

De nombreux dirigeants africains y voient une résurgence du néocolonialisme, où les prétextes humanitaires servent à masquer des ambitions stratégiques.


Une éventuelle intervention militaire américaine risquerait d’alimenter les discours anti-occidentaux et d’exacerber le sentiment souverainiste déjà très fort dans plusieurs pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest.


Un débat plus large sur l’ingérence étrangère


Au-delà du cas nigérian, cette polémique relance la question de la souveraineté africaine face aux interventions extérieures.


Alors que plusieurs États du continent ont récemment mis fin à leur coopération militaire avec les puissances occidentales, la menace brandie par Trump pourrait renforcer la volonté d’émancipation des nations africaines.


Pour le Nigeria, l’enjeu dépasse la querelle diplomatique : il s’agit d’affirmer son rôle de puissance régionale et de rappeler que la sécurité de l’Afrique doit être pensée, décidée et assurée par les Africains eux-mêmes.


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