Tirer les leçons de Mahabad

10:0329/12/2025, Pazartesi
MAJ: 29/12/2025, Pazartesi
Aydın Ünal

Israël fonde sa propre sécurité sur l’insécurité de la région dans laquelle il se trouve. L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Égypte, les Émirats, par exemple, connaissent parfaitement cette équation et, pour se prémunir du mal israélien, obéissent sans poser de questions. Ceux qui refusent cette soumission, en revanche, sont confrontés depuis des décennies à l’instabilité, à l’insécurité, à la pauvreté, au terrorisme et aux troubles internes. Le renversement par un coup d’État, puis l’assassinat

Israël fonde sa propre sécurité sur l’insécurité de la région dans laquelle il se trouve. L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Égypte, les Émirats, par exemple, connaissent parfaitement cette équation et, pour se prémunir du mal israélien, obéissent sans poser de questions. Ceux qui refusent cette soumission, en revanche, sont confrontés depuis des décennies à l’instabilité, à l’insécurité, à la pauvreté, au terrorisme et aux troubles internes.


Le renversement par un coup d’État, puis l’assassinat en martyr de Mohammed Morsi après son arrivée au pouvoir par les urnes
, ne relevaient pas des dynamiques internes de l’Égypte, mais étaient la conséquence directe des préoccupations sécuritaires d’Israël.

Les problèmes vécus par la Türkiye pendant des décennies, les coups d’État, le terrorisme, les crises économiques et les polarisations internes ne peuvent être dissociés des inquiétudes sécuritaires d’Israël.


Les sanctions contre l’Iran, le chaos interminable au Liban, les massacres au Soudan et bien d’autres crises encore sont des problèmes nés et entretenus au nom de la sécurité d’Israël.


Il est également impossible d’exclure de cette logique le terrorisme du PKK ou celui de Daech, qui, par chacun de ses actes, sert de perfusion vitale à Israël.


La stratégie de fragmentation régionale


Diviser la Syrie en quatre parties, créer des entités arabes, druzes, alaouites et kurdes, relève également de cette quête sécuritaire israélienne.
Plus la Syrie est fragmentée, plus elle devient instable; plus elle est instable, plus elle concentre son énergie sur ses problèmes internes.
Plus la Syrie ressemble au Liban, plus Israël se sent en sécurité.

En 2017, le Gouvernement régional du Kurdistan irakien a tenté de proclamer son indépendance vis-à-vis de l’Irak. Certains Kurdes étaient alors descendus dans la rue en brandissant des drapeaux israéliens. Aujourd’hui, nous assistons à la même scène au Somaliland. Comme au nord de l’Irak, une partie des musulmans en Somalie a manifesté avec des drapeaux israéliens, produisant des images honteuses.
Les liens directs entre l’organisation terroriste des FDS dans le nord de la Syrie et Israël ne sont désormais plus dissimulés.

Israël aime-t-il vraiment les Kurdes musulmans ou les Somaliens musulmans? Bien sûr que non. En attirant et en provoquant les Kurdes, il cherche à la fois à déstabiliser la région et à encercler la Türkiye, l’Iran, l’Irak et la Syrie. En Somalie, il est désormais clair que l’intention réelle était aussi de préparer une déportation des Palestiniens vers ce territoire.


Mahabad comme avertissement historique


La vraie question est la suivante: alors que l’intention, l’objectif et la finalité d’Israël sont parfaitement clairs, alors qu’il est évident comme le jour qu’Israël soutient les divisions, les polarisations, la fitna et même le terrorisme séparatiste dans la région pour assurer sa propre sécurité, n’est-il pas stupide, voire suicidaire, d’espérer d’Israël le moindre bienfait, la moindre bonté, la moindre aumône ou faveur?


En Türkiye, voir certains noms kurdes que nous considérions comme sensés, dont nous ne doutions pas de la foi et que nous tenions pour des intellectuels, défendre aujourd’hui les FDS en Syrie, un État ou une autonomie au nord de la Syrie, comme ils avaient soutenu la tentative du nord de l’Irak en 2017, relève d’une véritable abdication de la raison.
Que personne ne s’en offusque: c’est se porter volontaire pour servir de mule aux mines d’Israël.

En 1946, Gazi Mohammed proclama un État kurde en Iran avec l’encouragement de l’Union soviétique. L’objectif de l’URSS était d’arracher à l’Iran des concessions pétrolières; les Kurdes n’étaient qu’un moyen de pression. Une fois les concessions obtenues, les Soviétiques se retirèrent d’Iran sans même se retourner. L’armée iranienne entra dans la prétendue capitale, Mahabad, sans rencontrer de résistance, mit fin à l’aventure de onze mois et exécuta Gazi Mohammed et ses compagnons sur la place Çarçıra.


C’est exactement ce qu’Israël fera aux organisations kurdes séparatistes qu’il excite aujourd’hui.


L’accord du 10 mars entre les FDS et l’administration de Damas est arrivé à expiration. Si aucun compromis n’est trouvé dans les prochains jours, il ne restera que l’option militaire. On peut être certain qu’Israël n’entrera pas en guerre contre la Türkiye et la Syrie pour offrir aux Kurdes musulmans un État ou une région autonome. Comme les Soviétiques ont tourné le dos à Mahabad, Israël tournera le dos et s’en ira. Il ne restera alors qu’un goût amer, une profonde désillusion et, surtout, la honte d’avoir fait affaire avec Israël.


Pour Israël, le meilleur musulman est un musulman mort;
qu’il soit kurde, somalien, azerbaïdjanais, égyptien ou autre, peu importe. Après tout ce qui s’est passé, est-il vraiment si difficile de le voir?
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