Le pays clé du Golfe : les Émirats arabes unis et leurs relations avec la Türkiye

Bien que les relations diplomatiques officielles entre la Türkiye et les Émirats arabes unis aient été établies peu après l’indépendance de ces derniers en 1971, leurs liens historiques remontent à bien plus loin. En réaction à la menace portugaise qui émergeait dans le golfe Persique au début du XVIe siècle, l’Empire ottoman s’était intéressé à la région et, après la prise de Bassorah et de Lahsa, les côtes méridionales du Golfe avaient été intégrées à son autorité.

De la fédération des cheikhdoms à une puissance régionale

Six cheikhdoms, connus sous le nom d’Émirats du Traité, se sont réunis le 2 décembre 1971 à Dubaï pour proclamer la création des Émirats arabes unis. Le cheikh de Ras al-Khaimah, al-Qasimi, qui avait initialement refusé de rejoindre la fédération, l’a finalement intégrée en février 1972. Ainsi est née la fédération des sept émirats.

Aujourd’hui, les Émirats arabes unis comptent 9,5 millions d’habitants, dont près de 80 à 90 % sont des ressortissants étrangers. La population est majoritairement musulmane à 75 % (dont 85 % de sunnites), 9 % sont chrétiens et 15 % appartiennent à d’autres confessions. Le produit intérieur brut s’élève à 504 milliards de dollars et le revenu par habitant atteint environ 53 000 dollars.

L’économie des Émirats arabes unis, à revenu élevé, repose largement sur la main-d’œuvre immigrée. Le pétrole demeure un pilier central, représentant 41 % des recettes publiques. Troisième producteur de pétrole du monde arabe après l’Arabie saoudite et l’Irak, le pays voit Abu Dhabi et Dubaï concentrer à eux seuls 85 % de l’activité économique nationale.

Entre ambitions régionales et rapprochement avec la Türkiye

Sous la direction du cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, les Émirats arabes unis se sont engagés dans plusieurs conflits régionaux, souvent aux côtés de l’Arabie saoudite. Le pays a aussi établi en 2020 des relations diplomatiques avec Israël. Parallèlement, les États-Unis maintiennent une présence militaire importante dans la région : environ 5 000 soldats sont stationnés dans des bases américaines, notamment au port de Jebel Ali et à la base aérienne d’Al-Dhafra. Avec le soutien américain, les Émirats participent activement à la guerre civile au Yémen contre les Houthis, soutenus par l’Iran.

Mais depuis 2021, un processus de normalisation s’est enclenché, s’accélérant en 2022 avec la visite du président Recep Tayyip Erdoğan à Abu Dhabi. Depuis, les relations bilatérales ont connu un essor notable, notamment dans le secteur de la défense.

Les progrès de la Türkiye dans l’industrie militaire suscitent un intérêt croissant de la part des Émirats arabes unis. Des discussions ont été engagées pour approfondir la coopération, incluant des projets d’exportation de drones produits par Baykar. Le renforcement des liens économiques et commerciaux constitue un élément central de cette normalisation diplomatique.

Les domaines prometteurs de coopération incluent :

* les projets d’énergie renouvelable (solaire et éolienne),
* l’industrie de la défense et la coopération militaire,
* les investissements conjoints dans la finance et la technologie,
* les projets d’infrastructure logistique et de transport.

Malgré les tensions politiques du passé, les relations entre la Türkiye et les Émirats arabes unis offrent aujourd’hui d’importantes opportunités économiques et stratégiques. Les initiatives conjointes fondées sur des intérêts communs devraient contribuer à renforcer la stabilité régionale tout en stimulant la croissance économique.