Exclure le Hamas

11:1722/10/2025, mercredi
Taha Kılınç

L’arrêté du cessez-le-feu, une fois annoncé, n’a pas empêché Israël de poursuivre ses attaques contre Gaza — ce qui pose la question à haute voix : "Et le cessez-le-feu, où est-il passé ?" Dès le départ, il était clair qu’Israël ne respecterait pas sa parole. La logique sioniste fonctionne précisément ainsi : toujours se croire dans son droit, refuser de reconnaître à l’autre le droit à la vie, fonder son action sur l’agitation et l’exploitation émotionnelle, faire preuve d’arrogance et de condescendance…

L’arrêté du cessez-le-feu, une fois annoncé, n’a pas empêché Israël de poursuivre ses attaques contre Gaza — ce qui pose la question à haute voix :
"Et le cessez-le-feu, où est-il passé ?"

Dès le départ, il était clair qu’Israël ne respecterait pas sa parole. La logique sioniste fonctionne précisément ainsi : toujours se croire dans son droit, refuser de reconnaître à l’autre le droit à la vie, fonder son action sur l’agitation et l’exploitation émotionnelle, faire preuve d’arrogance et de condescendance… Le Hamas, en tant qu’interlocuteur d’Israël à Gaza, connaît tout cela mieux que quiconque. Après des décennies d’expérience face à la perfidie sioniste, il a accepté ce cessez-le-feu malgré tout, montrant une fois encore que la partie qui ne veut pas la paix, c’est Israël.


Dans la salle où l’accord, dont Türkiye faisait partie des garants, a été signé, deux importants pays arabes — l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis — n’étaient pas représentés par leurs chefs d’État mais par des ministres. Ce n’était pas un choix dicté par des agendas surchargés. Riyad et Abou Dabi ont depuis le début maintenu une posture distante, voire hostile, envers le Hamas. Ces gouvernements considèrent l’appartenance au Hamas, la sympathie ou le soutien pour lui comme un
"crime"
; certains ont même recouru à des mesures coercitives pour empêcher leurs citoyens de participer à des actions de boycott des produits israéliens.
On connaît des cas de personnes sanctionnées uniquement pour avoir publié un appel au boycott sur leurs réseaux sociaux.

Ainsi, en choisissant de ne pas participer personnellement à une conférence internationale où le Hamas était officiellement reconnu et intégré aux négociations, les dirigeants saoudiens et émiratis ont entériné leur position idéologique.


Pourquoi le Hamas est mis à l’écart


La raison première qui place le Hamas au banc des accusés et qui nourrit sa diabolisation est simple : sa lutte armée contre Israël, puissance occupante de la terre palestinienne. Le jeu de stabilisation du statu quo mené par Riyad et Abou Dabi — la tentative de présenter Mahmoud Abbas comme
"le seul représentant légitime de la Palestine"
et de modeler la scène politique palestinienne en coordination avec Israël — est l’expression la plus claire de cette posture. Chaque succès obtenu par la lutte armée contre Israël, et l’élan de résistance que cela suscite dans le monde arabe, est perçu par ces régimes comme indésirable. D
ans ce climat, la question de l’existence illégitime d’Israël n’est jamais vraiment posée, les terres islamiques occupées sont livrées à la discrétion sioniste
, et les voix dissidentes sont réduites au silence par d’autres moyens. Tel est l’air dominant de la politique du Golfe.

Regarder la question du point de vue du Hamas impose cependant de rappeler deux points essentiels.

Premièrement
, le Hamas n’est pas une structure
"importée"
artificiellement de l’extérieur, une construction sans racines. Né lors de la Première Intifada de 1987, il a émergé des circonstances de son époque comme une force destinée à réparer les désillusions suscitées jusque-là par la politique menée sous l’égide de Yasser Arafat. C’est un mouvement qui a su insuffler de l’énergie aux jeunes générations, mobiliser rapidement les masses, et qui s’est structuré et formé en interne. En conséquence, toute solution qui exclurait le Hamas ne saura pas panser les blessures de la Palestine. L’écarter et le diaboliser ne mènera nulle part. Les États-Unis ou certains pays européens peuvent en faire l’annonce ; c’est leur ignorance.
Mais si des puissances musulmanes influentes se joignent à l’exclusion du Hamas, elles ne feront qu’aggraver la crise.

Deuxièmement
, le Hamas n’est pas une organisation fondamentalement hostile aux autorités de Riyad ou d’Abou Dabi. Récemment, il a noué des rapprochements importants avec certains États arabes, obtenu des soutiens de gouvernements variés et contribué à conférer une légitimité populaire aux positions politiques de ces mêmes régimes. Si ses frères arabes venaient aujourd’hui lui tendre la main, le Hamas ne tournerait pas le dos ; au contraire, il prêterait une oreille attentive à ses pairs et réciproquement ferait preuve de fraternité.

En somme, l’exclusion d’une des forces les plus organiques et vivantes de la scène palestinienne et moyen-orientale ne profite à personne. Au contraire, elle prépare le terrain à de grandes explosions sociales à venir et aggrave le problème plutôt que de l’apaiser.
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