Allemagne: le sulfureux leader d'extrême droite Björn Höcke jugé pour un slogan nazi

12:4418/04/2024, jeudi
AFP
Le chef du parti allemand d'extrême droite AfD, Björn Höcke.
Crédit Photo : FABRIZIO BENSCH / POOL / AFP
Le chef du parti allemand d'extrême droite AfD, Björn Höcke.

Björn Höcke, une des figures les plus radicales du parti allemand d'extrême droite AfD, comparaît jeudi dans l'est de l'Allemagne pour avoir utilisé un slogan nazi dans deux discours, à l'approche de scrutins régionaux clés où sa formation espère s'imposer.

Quatre mois et demi avant des élections en Thuringe, région de l'ex-RDA communiste où Björn Höcke rêve d'accéder au pouvoir, ce procès prévu organisé à Halle, dans le Land voisin de Saxe-Anhalt, devrait être particulièrement suivi.


Créée en 2013, l'AfD a connu depuis l'été une poussée dans les sondages mais a récemment été mis dans l'embarras après qu'un de ses principaux candidats aux élections européennes de juin a été accusé d'avoir touché de l'argent d'un réseau de propagande financé par Moscou.


En Thuringe, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est attendue première au scrutin régional, comme en Saxe et dans le Brandebourg, deux autres Länder issus de l'ex-RDA dont les habitants sont aussi appelés aux urnes en septembre.

Björn Höcke est jugé pour avoir déclaré
"Tout pour notre patrie, tout pour la Saxe-Anhalt, tout pour l'Allemagne",
lors d'un meeting électoral fin mai 2021 à Merseburg, non loin de Halle.

"Monument de la honte"


Or,
"Tout pour l'Allemagne"
était une devise utilisée par les SA, formation paramilitaire du parti nazi qui a joué un rôle essentiel dans la conquête du pouvoir de Hitler. 

M. Höcke, 52 ans, qui a notamment enseigné l'histoire pendant quinze ans au lycée, affirme ne pas l'avoir su.


En Allemagne, où la loi interdit formellement l'utilisation de slogans nazis ou l'exhibition en public de symboles du IIIe Reich, ce délit est passible de jusqu'à trois ans de prison.

En décembre dernier, lors d'un meeting de l'AfD à Gera, en Thuringe, M. Höcke avait récidivé: après avoir lancé
"Tout pour"
, il a incité le public à crier
"l'Allemagne".

Au cours de ce procès programmé sur quatre jours d'audience jusqu'au 14 mai, les juges vont également se pencher sur une autre provocation verbale de l'ancien enseignant.

En janvier 2017, il avait qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de
"monument de la honte",
lors d'un discours à Dresde, en Saxe, et son exclusion du parti avait été envisagée.

Irrésistible ascension


Raie sur le côté, cet homme svelte au regard bleu acier plaide pour rompre avec la culture de repentance des crimes nazis, fondement de l'après-guerre dans le pays.


M. Höcke a grandi dans l'ouest de l'Allemagne au sein d'une famille convaincue par des thèses d'extrême droite et ses grands parents paternels, expulsés de Prusse-Orientale, conquise par l'Armée rouge en 1945, ont exercé une certaine influence dans son enfance. 


Le printemps 2013 a marqué le point de départ de l'ascension politique de ce père de quatre enfants: il a été membre fondateur de la section régionale de l'AfD en Thuringe, où il avait déménagé cinq ans plus tôt. 

En août de la même année, il en est devenu le président. Après les élections régionales de 2014, où l'AfD est entrée au parlement de Thuringe (avec 10,6% des voix), il en est devenu le chef du groupe parlementaire, fonction qu'il occupe toujours.


En raison de positions très radicales, l'AfD de Thuringe, comme celle de Saxe-Anhalt, ont été placées sous la surveillance des services de renseignement.

"Pour les électeurs de cette région, une condamnation de Höcke par le tribunal ne changera rien car ils sont convaincus que les institutions démocratiques lui en veulent",
a estimé auprès de l'AFP Johannes Kiess, politologue de l'Université de Leipzig, en Saxe:

C'est même bien pour M. Höcke, car on parle de lui dans les médias.

"En revanche, pour les sympathisants de l'AfD de l'ouest du pays, ce procès écorne l'image du parti"
, ajoute M. Kiess,
"ils ne veulent pas être assimilés à ce genre de déclarations".

Avant le scrutin européen, M. Höcke s'applique ainsi à dédiaboliser son image. Lors d'un duel télévisé il y a une semaine, il a prétendu que le concept de
"remigration"
de son parti visait à faire revenir les Allemands vivant à l'étranger et non à expulser les étrangers d'Allemagne.

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