"Quatre membres de ma famille ont péri dans les flammes", raconte d'une voix tremblante Antoine Djanta au lendemain de l'incendie d'un dépôt de carburant illégal dans le sud-est du Bénin qui a fait 34 morts et 20 blessés.
Dans la maison de cet homme de 54 ans, à quelques kilomètres du lieu du drame, les voisins se pressent pour présenter par petits groupes leurs condoléances à la famille endeuillée.
Vingt-quatre heures plus tard, il ne reste que des murs et les carcasses de voitures et motos calcinées.
Aux alentours, toutes les boutiques ont leurs portes défoncées. Les occupants et les riverains ont dû, la veille, tout forcer pour récupérer ce qui pouvait l’être avant l’arrivée des flammes.
Massavo Houngbo, 42 ans, commerçant vivant lui aussi du trafic d’essence, n'en revient toujours pas. Lui et son fils aîné ont échappé de justesse à la mort.
Dix minutes après son départ, une détonation, puis une énorme fumée noire.
Le gouvernement n'avait pas communiqué de nouveau bilan dimanche soir.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances.
Le Kpayo
Elle était, jusqu'en mai dernier, presque trois fois moins chère que celle vendue dans les stations-services béninoises, car le Nigeria subventionnait jusqu'alors son carburant.
Depuis 2018, le gouvernement tente de mettre fin à ce trafic et de formaliser le secteur, en encourageant la création de station-services mais aussi la réinsertion des acteurs du secteur par des formations.
Mais l'ampleur du secteur est telle que même la fin des subventions sur le carburant au Nigeria voisin, décidée fin mai et qui a fait tripler le prix du Kpayo, le rendant plus onéreux que l'essence vendue légalement dans les stations, n'a pas mis fin aux trafics. Le ministre béninois de l’Economie, Romuald Wadagni a déclaré samedi soir à la presse:
Le drame qui vient de se produire nous rappelle l’impérieuse nécessité de régler la question du Kpayo.
À la frontière, les revendeurs se disent sous le choc.