La junte birmane a condamné à mort trois hauts gradés de l'armée qui ont capitulé face à des groupes armés ethniques près de la frontière chinoise le mois dernier, leur abandonnant une ville stratégique, ont indiqué lundi à l'AFP deux sources militaires.
La loi militaire birmane prévoit la peine de mort pour les cas de désertion d'un poste.
Un porte-parole de la junte n'a pas pu être joint dans l'immédiat.
La junte a montré ces derniers mois des signes de vulnérabilité inédits depuis le coup d'Etat de février 2021 contre la dirigeante Aung San Suu Kyi qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.
L'entrée en action surprise en octobre dans le nord d'une coalition de trois puissants groupes armés animés par des minorités ethniques a aggravé la situation sur le terrain.
Début janvier, la perte de Laukkai, capitale du jeu, de la prostitution et de la drogue qui génère des milliards de dollars selon les experts, est un revers majeur pour la junte qui a déclenché la critique jusque parmi ses propres soutiens.
Près de 2.000 soldats avaient déposé les armes et s'étaient rendus à leurs ennemis avant de quitter la ville avec leurs familles. La ville était auparavant contrôlée par une milice aux ordres de la junte.
Service militaire
Pour les groupes ethniques armés, qui se sont emparés de plusieurs positions militaires et de routes essentielles pour le commerce avec la Chine, c'est la plus importante prise.
L'alliance de ces groupes se compose de l'Armée de l'alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), de l'Armée de l'Arakan (AA) et de l'Armée de libération nationale de Ta'ang (TNLA).
Le succès des insurgés a galvanisé les opposants politiques ayant pris les armes depuis le coup d'Etat.
Mise en difficulté sur le terrain, l'armée a annoncé récemment qu'elle allait imposer un service militaire d'au moins deux ans pour les hommes âgés de 18 à 35 ans, et les femmes de 18 à 27 ans.
Cette décision, dont les détails restent flous pour le moment, a provoqué une hausse des demandes de visa pour l'étranger ou de passeport, de la part de jeunes Birmans qui veulent échapper à la conscription.
La Birmanie a procédé durant l'été 2022 à des exécutions pour la première fois depuis des décennies. L'application de la peine capitale contre quatre hommes, dont deux militants pro-démocratie bien connus, avait suscité l'indignation de la communauté internationale.