Colombie: rencontre inédite à Bogota entre le président Petro et des chefs de l'ELN

12:104/08/2023, vendredi
AFP
Le président colombien Gustavo Petro et le commandant de la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) Pablo Beltran. Crédit photo: Daniel Munoz / AFP
Le président colombien Gustavo Petro et le commandant de la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) Pablo Beltran. Crédit photo: Daniel Munoz / AFP

Le président colombien Gustavo Petro a reçu jeudi, au cours d'une rencontre inédite à Bogota, des négociateurs et commandants de l'ELN, au premier du jour du cessez-le-feu avec cette guérilla. 

"Jamais dans l'histoire contemporaine l'ELN n'était allée jusque là, de parler face à face au cœur de la Colombie"
, s'est félicité dans un discours le président de gauche après avoir serré la main du chef de la délégation de l'Armée de libération nationale (ELN), Pablo Beltran, qui vit la plupart du temps à Cuba, où la direction de la guérilla est basée depuis 2018.

C'est la première fois en 31 ans que M. Beltran se rend à Bogota. Ce chef de la guérilla a passé une grande partie de sa vie dans la clandestinité en Colombie, avant de se rendre à La Havane dans le cadre d'un processus de paix entamé sous le gouvernement du conservateur Juan Manuel Santos (2010-2018), mais suspendu en 2019 après un attentat ayant coûté la vie à une vingtaine de policiers dans une école de formation.

Le président de l'époque, le conservateur Ivan Duque (2018-2022), avait alors enterré les pourparlers.


Elu à l'été 2022 premier président de gauche du pays, M. Petro a repris les négociations en novembre 2022, avec l'intention de parvenir à une paix définitive avec l'organisation insurgée née en 1964, dans la foulée de la révolution cubaine.


"Cet acte suivi par des milliers de Colombiens (à la télévision) commence à susciter l'espoir"
, a assuré M. Petro, qui s'est déjà rendu à la table des négociations à Cuba, l'un des lieux de discussion avec le Mexique et le Venezuela.

De son côté, M. Beltran a jugé que la rencontre avec le président colombien était un signe de bonne volonté :


Nous comprenons cela comme son engagement dans le processus de paix, que nous considérons comme étant de bonne foi.

Cette rencontre coïncide avec le premier jour de la mise en œuvre d'un cessez-le-feu provisoire de six mois entre les forces de sécurité et l'ELN. Depuis le 6 juillet, l'armée et les insurgés ont suspendu leurs actions militaires offensives.


Le cessez-le-feu sera vérifié par l'ONU.
"Si les parties adhèrent de bonne foi au cessez-le-feu et s'engagent clairement à alléger les souffrances des civils, elles peuvent réduire la violence de manière significative"
, a commenté dans un communiqué Farhan Haq, un porte-parole du Secrétaire général de l'ONU.

Après des débuts difficiles en début d'année, les négociations semblent progresser lentement, butant notamment sur la question sensible des enlèvements perpétrés par l'ELN.

Après le désarmement de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) en 2017, d'autres discussions sont actuellement en cours entre le gouvernement et les dissidents des FARC (qui rejettent l'accord de 2016), ainsi que des groupes paramilitaires d'extrême droite et des groupes criminels.


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