Crédit Photo : Banaras KHAN / AFP
Les drapeaux pakistanais et iraniens flottent sur la frontière fermée entre le Pakistan et l'Iran à Taftan.
La Chine, qui entretient des liens privilégiés avec le Pakistan et l'Iran, se dit disposée à jouer un rôle pour apaiser les tensions Islamabad-Téhéran, après des frappes réciproques contre des cibles "terroristes" sur leur territoire cette semaine.
Voici comment Pékin pourrait mettre à profit sa proximité avec ces deux partenaires pour ramener la paix.
La Chine revendique à l'envi une
avec son voisin pakistanais, un partenaire stratégique avec lequel elle a tissé le plus haut niveau de relations diplomatiques. Pékin, critique à l'égard des sanctions de Washington contre l'Iran, a de son côté signé en 2021 avec Téhéran un vaste accord stratégique portant sur 25 ans, aux contours flous mais couvrant une multitude de domaines. A cet égard, Sameer P. Lalwani, expert de l'Asie du Sud auprès de l'Institut des Etats-Unis pour la paix (USIP) a déclaré:
La Chine dispose d'une certaine crédibilité pour faire pression sur les dirigeants des deux pays afin qu'ils fassent preuve de davantage de sang-froid.
La Chine a investi au Pakistan des dizaines de milliards de dollars pour son projet d'infrastructures des Nouvelles routes de la soie, notamment dans le port de Gwadar dont la localisation stratégique au bord de la mer d'Arabie en fait une pièce centrale du corridor économique Chine-Pakistan.
Le géant asiatique est également le premier partenaire commercial de l'Iran et l'un des plus gros acheteurs de pétrole iranien, pourtant sous sanctions américaines. Les importations de Pékin de brut iranien ont atteint l'an dernier un plus haut en 10 ans, selon le cabinet spécialisé Kpler.
L'Iran comme le Pakistan entretiennent des liens avec la Chine sur le plan militaire. Pékin a joué un rôle essentiel dans la modernisation de l'armée iranienne ainsi que dans le
"transfert de technologies et de machines"
pour le programme nucléaire illicite de Téhéran, selon la Rand Corporation, un cercle de réflexion américain.
La Chine est par ailleurs pour le Pakistan son principal fournisseur d'armes conventionnelles et de
"capacités de frappe offensive haut de gamme"
, selon M. Lalwani de l'USIP. Les deux pays organisent régulièrement des entraînements militaires conjoints. Ils ont tenu en novembre leurs plus grands exercices navals dans la ville portuaire de Karachi au Pakistan, d'après les médias chinois.
"Les liens militaires entre Pékin et Islamabad sont de plus en plus étroits et conséquents"
, souligne Bjorn Alexander Duben, professeur adjoint à l'université de Jilin (nord-est de la Chine) et expert en sécurité. Selon lui, cela donne du poids à la Chine pour inciter Islamabad à la retenue.
Expérience d'intermédiaire
Les récents succès diplomatiques de Pékin renforcent son statut de médiateur, même si l'influence chinoise a forcément des limites. La diplomatie chinoise avait parrainé l'an passé le spectaculaire accord de normalisation des relations diplomatiques Iran-Arabie saoudite, après une longue rupture des liens entre les deux poids lourds du Moyen-Orient.
D'autres initiatives ont toutefois été moins fructueuses. La proposition chinoise d'un
du conflit Ukraine-Russie s'est retrouvée face à une levée de boucliers des pays occidentaux qui y voyaient un moyen pour la Russie de consolider ses positions sur le territoire ukrainien.
Et les efforts de la Chine pour jouer les médiatrices entre les pays arabes et Israël, sur fond de guerre avec le Hamas, n'ont pas eu les résultats escomptés jusqu'à présent.
"Le Pakistan et l'Iran sont tous deux des partenaires clés (pour la Chine) en raison de leur géographie"
, déclare à l'AFP Masood Khalid, ancien ambassadeur du Pakistan en Chine.
"Je pense qu'ils trouveront une solution à l'amiable pour désamorcer la situation."
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