Dans le royaume scandinave, chaque policier est titulaire d'une licence décrochée après trois années d'études où il se sera familiarisé, entre autres, à des questions de psychologie, de droit et d'éthique.
Aux antipodes des Etats-Unis où le nombre de personnes tuées par la police a atteint un nouveau record en 2022 (au moins 1.194 selon Mapping Police Violence, soit plus de trois par jour), les policiers en Norvège sont rarement impliqués dans des épisodes mortels.
Chaque passage d'un aspirant devant le simulateur est suivi d'un débriefing. Fallait-il ouvrir le feu sur le forcené ? A quel moment ? Comment le neutraliser alors qu'il portait un gilet pare-balles ?
Comparer Etats-Unis et Norvège est hasardeux: les premiers conjuguent inégalités sociales et tensions raciales, l'autre est une société peu peuplée, opulente et égalitaire.
En Norvège, chaque policier est titulaire d'une licence décrochée après trois années d'études où il se sera familiarisé, entre autres, à des questions de psychologie, de droit et d'éthique.
Outre-Atlantique, quelques semaines suffisent dans certains Etats pour devenir policier: selon CNN, la formation d'un agent de base en Louisiane (360 heures) est moins longue que celle d'une esthéticienne (500 heures).
Pas de shérifs
Entrer à l'école de police n'y est pas chose aisée: entre 3.000 et 3.500 jeunes se portent candidats chaque année pour 500 places seulement. L'occasion d'un écrémage.
Si la règle veut qu'ils ne portent pas d'armes --celles-ci sont stockées dans le coffre de leur véhicule--, les policiers peuvent en être équipés à titre temporaire, quand la situation sécuritaire l'exige.
Du provisoire qui tend parfois à durer: après un attentat en juin 2022, 237 jours se sont écoulés avant que les agents cessent de sortir armés ce lundi.
Les chiffres restent modestes à l'échelle d'un pays de 5,4 millions d'habitants, mais cinq personnes ont été tuées par des tirs policiers depuis le début 2020. Près de deux fois plus que les trois victimes déplorées sur toute la décennie précédente.
La bouche comme arme
A l'école de police d'Oslo, le commissaire Anders Haugerud regarde ses élèves de première année tenter, dans une réplique d'appartement, d'arracher pacifiquement l'identité d'un halluciné qui se prend pour le roi ou d'une femme en pleine psychose, rôles campés par des acteurs embauchés pour l'occasion.
La communication, l'humilité, la confiance... On apprend aussi aux élèves à demander pardon quand ils se trompent.
Les attentats sanglants du 22 juillet 2011 avaient valu à la police de vertes critiques.
Fustigée pour sa lenteur, la police met depuis davantage l'accent sur l'entraînement aux situations de crise.
Mais pas que...