Fidan: "Israël ne remplit toujours pas ses obligations concernant l’acheminement de l’aide vers Gaza"

09:488/11/2025, samedi
MAJ: 8/11/2025, samedi
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, et son homologue roumaine, Oana Toiu (absente), tiennent une conférence de presse conjointe après leur rencontre à Ankara, le 7 novembre 2025.
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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, et son homologue roumaine, Oana Toiu (absente), tiennent une conférence de presse conjointe après leur rencontre à Ankara, le 7 novembre 2025.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a salué l’approche constructive de la partie palestinienne pour faire avancer le processus à Gaza, estimant que les efforts déployés pour la libération des otages et la restitution des corps constituaient "la preuve la plus concrète de cette bonne volonté".

Cependant, a-t-il dénoncé,
"Israël ne remplit toujours pas ses obligations concernant l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza".

Fidan s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe à Ankara à l’issue de sa rencontre avec la ministre roumaine des Affaires étrangères, Oana Toiu.


Il a rappelé que les relations entre la Türkiye et la Roumanie avaient été portées au niveau de partenariat stratégique en 2011, avant la création en 2024 du Conseil de coopération stratégique de haut niveau (YDSK), dont la première réunion s’est tenue à Ankara.


Selon lui, ce cadre diplomatique et institutionnel a donné une nouvelle impulsion aux échanges économiques :
"La Roumanie est aujourd’hui le pays avec lequel nous avons le plus important volume d’échanges bilatéraux en Europe du Sud-Est. Notre objectif est de porter ce volume, qui s’élevait à près de 12 milliards de dollars en 2024, à 15 milliards de dollars dans un avenir proche",
a-t-il précisé.

Le ministre a également souligné l’intensité de la coopération dans les domaines du transport maritime, terrestre et aérien, et évoqué la volonté d’élargir ces projets à la Bulgarie.


Sur le plan énergétique, Fidan a indiqué que la coopération bilatérale progressait régulièrement et que de nombreuses entreprises turques menaient des projets réussis en Roumanie. L’accord de coopération signé en mai dernier dans le domaine de l’énergie, a-t-il ajouté, vise à approfondir ce partenariat.


Concernant la défense, il a précisé que la Roumanie prévoyait d’acquérir des corvettes de classe Hisar produites en Türkiye :
"C’est une étape importante pour notre coopération dans l’industrie de défense. Nous envisageons également une production conjointe",
a-t-il dit, invitant les investisseurs roumains à explorer les opportunités offertes par le marché turc.

Fidan a insisté sur le rôle du Bassin de la mer Noire comme espace central de coopération :
"La sécurité de la mer Noire est la clé de la stabilité régionale, ce qui est devenu encore plus évident depuis la guerre en Ukraine",
a-t-il souligné.

Dans ce cadre, il a salué les activités du groupe de travail sur les mesures contre les mines en mer Noire, mené conjointement avec la Roumanie et la Bulgarie depuis juillet 2024, et souhaité que ce mécanisme élargisse ses responsabilités à la protection des infrastructures sous-marines.


Le ministre turc a affirmé que la Türkiye et la Roumanie, deux voisins partageant un même sens des responsabilités, étaient déterminées à faire de la mer Noire
"un centre de paix, de prospérité et de solidarité".

Évoquant les Balkans, Fidan a rappelé la nécessité d’un dialogue permanent avec les acteurs régionaux afin de préserver la stabilité dans une région sujette à des tensions récurrentes.


"Les équilibres changeants montrent que la Türkiye et l’Europe sont complémentaires"


Le chef de la diplomatie turque a remercié la Roumanie pour son soutien sincère au processus d’adhésion de la Türkiye à l’Union européenne.


"L’approche stratégique de la Türkiye envers l’UE n’a pas changé. Les équilibres évolutifs montrent une fois de plus que la Türkiye et l’Europe sont deux éléments complémentaires",
a-t-il affirmé.

Il a salué les messages constructifs récemment exprimés par plusieurs dirigeants européens, y voyant
"une opportunité précieuse"
pour surmonter les blocages actuels.

"Nous avons partagé avec mon homologue nos attentes concernant la mise à jour de l’Union douanière et la relance du dialogue sur la libéralisation des visas",
a-t-il précisé.

Abordant la sécurité européenne, Fidan a rappelé que la Türkiye défendait une approche stratégique et à long terme dans la refonte de l’architecture sécuritaire du continent. La participation active d’Ankara aux mécanismes d’action pour la sécurité européenne, a-t-il ajouté, demeure
"cruciale pour la stabilité du continent".

Il a également évoqué la nouvelle Stratégie de la mer Noire annoncée par l’Union européenne, et dit compter sur la coopération étroite de la Roumanie dans sa mise en œuvre.


Le ministre a déclaré que les deux pays avaient aussi échangé sur la guerre Russie-Ukraine, dans

le cadre de la Coalition des volontaires, pour évaluer les contributions possibles à un règlement négocié.


"En tant que pays maintenant le dialogue avec les deux parties à tous les niveaux, nous poursuivons nos efforts pour parvenir à une paix juste et durable",
a-t-il souligné.

"Israël ne respecte pas ses engagements sur l’aide humanitaire à Gaza"


Fidan a indiqué que la Türkiye avait accueilli en début de semaine à Istanbul une réunion importante sur Gaza, dans le but de poser les bases d’un processus durable et inclusif.


"Une partie importante des camions entrant à Gaza transporte des marchandises commerciales, tandis que les aides humanitaires ne parviennent pas à la population",
a-t-il déploré.

"Les aides restent bloquées dans les entrepôts et les camions, laissant les besoins urgents du peuple gazoui sans réponse. Cette situation est inacceptable, et nous appelons une fois de plus à des mesures immédiates",
a insisté le ministre.

Fidan a également fait savoir qu’un projet de résolution sur Gaza devait être soumis prochainement au Conseil de sécurité de l’ONU, précisant que la Türkiye partageait déjà ses contributions et ses observations avec ses partenaires :
"Il s’agit d’une occasion historique qu’il ne faut pas gâcher. Un cadre soutenu à la fois par les parties et par la communauté internationale est essentiel",
a-t-il ajouté.

"La partie palestinienne respecte les conditions du cessez-le-feu avec maturité"


Répondant aux questions des journalistes, Fidan a affirmé que la Türkiye travaillait depuis deux ans avec ses partenaires internationaux pour rendre possible le cessez-le-feu à Gaza.


"Le président Erdoğan et toutes nos institutions se sont pleinement mobilisés pour cela",
a-t-il rappelé, tout en soulignant la fragilité de la situation en raison du manque de confiance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu dans les objectifs du cessez-le-feu.

Malgré les entraves à l’entrée de l’aide humanitaire,
"la partie palestinienne fait preuve d’un grand sens des responsabilités en respectant les conditions de l’accord. Elle a déjà remis les otages et les corps à Israël, démontrant toute sa bonne foi",
a-t-il ajouté.

Fidan a insisté sur la nécessité pour Israël de remplir à son tour ses obligations dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, tout en saluant les efforts humanitaires coordonnés par l’AFAD, le Croissant-Rouge turc et plusieurs ONG turques sur le terrain.


Il a également indiqué que la Türkiye réfléchissait, avec ses partenaires internationaux, à la reconstruction de Gaza dès que la situation s’améliorerait.


Enfin, concernant le projet de résolution sur le cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l’ONU, Fidan a souligné que même si la Türkiye n’était pas membre du Conseil, elle menait des consultations diplomatiques étroites à ce sujet avec les États-Unis et d’autres pays :


"Nous espérons qu’une décision permettra d’avancer vers la paix, la reconstruction de Gaza et le retour d’une vie digne pour sa population",
a-t-il conclu.

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