France-Algérie: Alger parle de "course à l’échalote" après le vote à l'Assemblée nationale

La rédaction avec
13:443/11/2025, lundi
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Le Ministre algérien des affaires étrangères Ahmed Attaf, lors d'une interview, le 2 novembre 2025.
Crédit Photo : Capture vidéo / X
Le Ministre algérien des affaires étrangères Ahmed Attaf, lors d'une interview, le 2 novembre 2025.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf a commenté le vote à l’Assemblée française d’une résolution du Rassemblement national (RN) visant à dénoncer l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration.

Dans une interview accordée à la chaine publique algérienne, AL24 News, et diffusée dans la soirée de dimanche, le chef de la diplomatie algérienne a considéré cette démarche comme étant un problème interne à la France.


"Très sincèrement, j’ai beaucoup de respect pour l’Assemblée nationale française, mais lorsque j’ai vu ce vote, la première pensée qui m’est venue à l’esprit : c’est la course à l’échalote qui se poursuit"
, a-t-il estimé.

Poursuivant, Ahmed Attaf s'est dit
"triste"
de voir un pays
"aussi grand que la France"
faire de l’histoire d’un autre pays,
"indépendant et souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée en France".


"L’accord de 1968 est un accord intergouvernemental"


Mais, sur le fond,
"c’est une affaire franco-française, entre l’Assemblée nationale et le gouvernement français"
.
"C’est une affaire intérieure qui ne nous concerne pas pour le moment"
, a-t-il ajouté.

Le ministre algérien a souligné que l’accord a été conclu entre les gouvernements des deux pays et que l’Algérie ne réagira officiellement que s’il y a une action des autorités officielles française.


"Cette affaire pourrait nous concerner si ça devient celle de gouvernement à gouvernement, parce que l’accord de 1968 est un accord intergouvernemental, un accord international"
, a-t-il expliqué, en précisant que le gouvernement français
"n’a rien dit à l’Algérie sur ce sujet"
.

"Donc, sur le fond, nous ne réagissons pas (…) Au plan gouvernemental, nous n’avons rien vu venir, et nous espérons ne rien voir venir"
, a-t-il ajouté.

Ahmed Attaf a répondu aussi à certains politiques et médias français qui ont
"connaissance très biaisée"
de l’accord de 1968.


L'aide au développement


"Cet accord n’a jamais été libéral pour favoriser l’immigration algérienne, bien au contraire. Il est venu établir des restrictions par rapport au régime établi par les Accords d’Évian (qui consacre la libre circulation des personnes entre l’Algérie, la France, ndlr)"
, a-t-il soutenu, estimant également que
"c’est un accord historique restrictif"
.

Il a également critiqué le rapport sur cet accord établi par deux députés macronistes qui ont évalué son coût pour la France à deux milliards d’euros par an.
"On attribue beaucoup de choses. J’ai entendu récemment qu’il coûtait à la France deux milliards d’euros, ce qui m’a rappelé l’aide au développement, ce qui n’a rien à voir avec la réalité. C’est totalement infondé. Ce sont des chiffres fantaisistes"
, a-t-il déclaré.

Jeudi 30 octobre, l’Assemblée Française a voté, à une voix de différence (185 contre 184 voix) une proposition de résolution du Rassemblement National (RN) appelant à dénoncer cet accord,
"très favorable à l’immigration algérienne"
.

Ce vote a été vivement critiqué par la gauche et l’extrême gauche en France, alors que le premier ministre Sébastien Lecornu, a rappelé que
"la politique étrangère de la France n’est pas faite par des résolutions au Parlement"
et qu’au regard de la constitution,
"c’est le président de la République qui est garant des traités"
.

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