Kenya: début de pourparlers entre gouvernement et opposition après des manifestations meurtrières

10:139/08/2023, mercredi
MAJ: 9/08/2023, mercredi
AFP
Un manifestant présumé est appréhendé par la police kenyane lors d'affrontements entre les autorités et les partisans de l'opposition kenyane pendant les manifestations anti-gouvernementales à Nairobi, le 19 juillet 2023. Crédit photo: TONY KARUMBA / AFP
Un manifestant présumé est appréhendé par la police kenyane lors d'affrontements entre les autorités et les partisans de l'opposition kenyane pendant les manifestations anti-gouvernementales à Nairobi, le 19 juillet 2023. Crédit photo: TONY KARUMBA / AFP

Le gouvernement kényan et l'opposition lancent à partir de mercredi des pourparlers pour tenter de résoudre une impasse politique, après plusieurs manifestations meurtrières depuis mars contre le coût de la vie et les résultats de la dernière élection présidentielle dans ce pays d'Afrique de l'Est.

Le chef de l'opposition, Raila Odinga, a organisé 10 journées de manifestations entre mars et juillet – dont certaines marquées par des affrontements meurtriers avec la police mais qui ont parfois peu mobilisé – pour exiger un audit des élections d'août 2022, qui ont porté au pouvoir le président William Ruto.


Au moins 20 personnes ont été tuées durant ces rassemblements, selon les autorités, des chiffres largement sous-estimés selon les organisations de défense des droits humains et l'opposition, qui accusent la police de brutalité. 

Les appels au dialogue entre MM. Ruto et Odinga se sont alors multipliés, notamment venant de l'ONU, du secrétariat du Commonwealth ou des principaux médias kényans. 


Les pourparlers doivent débuter mercredi à 11h30 (08h30 GMT), sans qu'aucun calendrier n'ait été fixé pour l'heure sur la durée des discussions. Chaque partie a nommé cinq membres.


La coalition Azimio de Raila Odinga a déclaré vouloir discuter de la hausse du coût de la vie ainsi que des réformes électorales.


Elu en août 2022 face à Raila Odinga qui ne reconnaît pas les résultats du scrutin, William Ruto fait face à une contestation croissante. 


L'ancien vice-président (2013-2022), qui avait promis de soutenir les plus défavorisés, est accusé de réduire le pouvoir d'achat des Kényans, déjà grevé par une inflation continue (+7,3% sur un an en juillet), avec la loi de finances créant de nouvelles taxes, notamment sur le carburant, qu'il a promulguée début juillet.


"La paix et non la paralysie"


Kimani Ichung'wah, le chef de la majorité parlementaire du parti au pouvoir Kenya Kwanza, a affirmé lundi que les pourparlers ne porteront pas sur la crise économique, malgré les demandes répétées de l'opposition. 


Selon M. Ichung'wah, qui dirigera la délégation gouvernementale:


Nous les écouterons sur tout sauf sur le coût de la vie. Le président y travaille déjà.

L'opposition s'est dit prête au dialogue car le pays
"mérite la paix et non la paralysie"
.

"Nous voulons que tous les Kényans comprennent que s'engager dans un dialogue honnête n'équivaut pas à une reddition ou à de la lâcheté"
, selon un communiqué d'Azimio.

Raila Odinga avait annulé des manifestations prévues en avril et mai, après que William Ruto eut accepté de dialoguer. Les discussions ont échoué, entraînant la reprise des actions début juillet.


Raila Odinga a annoncé ce week-end qu'il n'était pas intéressé par un accord de partage du pouvoir avec William Ruto, s'engageant à redescendre dans la rue si les demandes de l'opposition n'étaient pas satisfaites.

"S'il n'y a pas d'accord après 30 jours, les Kenyans adopteront une ligne de conduite différente"
, a déclaré le vétéran de l'opposition, 78 ans. 

Le Kenya est la locomotive économique de l'Afrique de l'Est. Mais le pays d'environ 54 millions d'habitants est confronté à d'importants défis. 


Il fait face à une inflation continue et à une dette publique qui culmine à 65 milliards d'euros, soit environ 67% du produit intérieur brut, et son remboursement devient de plus en plus coûteux avec la dépréciation continue du shilling, la monnaie locale. 


À lire également:





#Kenya
#manifestation
#politique
#économie