Le séisme du Nouvel An au Japon, une tragédie humaine mais un impact économique limité

10:3612/01/2024, vendredi
MAJ: 12/01/2024, vendredi
AFP
Une route bloquée par des maisons effondrées à Wajima, dans la préfecture d'Ishikawa, le 6 janvier 2024, après qu'un tremblement de terre majeur de magnitude 7,5 a frappé la région de Noto au Japon, le jour de l'An.
Crédit Photo : Toshifumi KITAMURA / AFP
Une route bloquée par des maisons effondrées à Wajima, dans la préfecture d'Ishikawa, le 6 janvier 2024, après qu'un tremblement de terre majeur de magnitude 7,5 a frappé la région de Noto au Japon, le jour de l'An.

Le puissant et meurtrier séisme du Nouvel An dans le centre du Japon devrait avoir un impact économique mesuré, selon de premières estimations, car il a frappé des zones reculées et essentiellement rurales, avec un faible tissu industriel.

Le tremblement de terre de magnitude 7,5 a fait au moins 215 morts dans la péninsule de Noto, à la pointe nord du département d'Ishikawa. Des milliers d'habitations ont aussi été détruites. C'est la catastrophe naturelle la plus meurtrière au Japon depuis de très graves inondations dans l'ouest du pays en 2018.


Takahide Kiuchi, un économiste de l'institut de recherche de Nomura, a récemment évalué le coût des dommages matériels à quelque 800 milliards de yens (5 milliards d'euros), tout en prévenant qu'il s'agissait d'une estimation très préliminaire. Cela reviendrait à moins de 5% du coût des dégâts du gigantesque séisme et tsunami de 2011 dans le nord-est du Japon, et à seulement 0,15% du PIB nippon annuel, a précisé cet économiste dans une note.

Selon l'agence de notation Fitch Ratings, l'impact financier pour les assureurs japonais (non vie) devrait être marginal car le risque de tremblement de terre pour les habitations est géré par le gouvernement. Et l'exposition des assureurs nippons au risque sismique pour les entreprises
"est également faible"
, car ils tendent à transférer ces risques importants au Japon à des réassureurs européens et américains, selon Fitch. Moody's RMS a estimé vendredi que les pertes assurées du séisme devraient se chiffrer entre 435 et 870 milliards de yens (de 2,7 à 5,4 milliards d'euros).

Production normale chez Toyota


L'impact sur l'activité économique devrait lui aussi être circonscrit, peu de grandes entreprises japonaises ayant vu leurs activités touchées de manière significative. Une usine de semi-conducteurs de Toshiba dans le département d'Ishikawa a subi des dommages, mais sa production a partiellement redémarré depuis cette semaine.


Le géant automobile Toyota a déclaré que
"beaucoup"
de ses fournisseurs locaux et leurs affiliés ont été affectés par la catastrophe. Mais cela n'a pas empêché le groupe de faire tourner normalement ses usines au Japon pour le moment, en utilisant des stocks de pièces provenant hors des zones sinistrées.

À l'inverse de la grande catastrophe de 2011, qui avait aussi provoqué le grave accident nucléaire de Fukushima et entraîné d'importantes pénuries de courant au Japon, les centrales atomiques du pays ont tenu bon cette fois-ci, même si certaines ont subi des dégâts mineurs, notamment celle de Shika, située dans la péninsule de Noto.


Reprise du tourisme pas compromise


Avec ses côtes escarpées, ses sources d'eau chaude, ses petites villes anciennes et son artisanat de la laque, la péninsule de Noto attirait des touristes mais restait largement hors des sentiers battus. Le séisme n'a pas déclenché une vague d'annulations de séjours au Japon, a assuré cette semaine Hiroyuki Takahashi, le président du principal voyagiste nippon JTB et de l'association japonaise des agences de voyage (Jata), continuant à penser que le nombre de visiteurs étrangers dans le pays retrouvera cette année ses niveaux pré-pandémie.


Dans un rapport publié l'an dernier, JTB avait misé sur 33,1 millions de visiteurs étrangers au Japon cette année, une hausse de 3,8% par rapport au record de 2019.

"Les dépenses des visiteurs étrangers au Japon avaient diminué au deuxième trimestre 2016"
au moment des violents séismes de Kumamoto, dans le sud-ouest de l'archipel,
"mais elles étaient remontées dès le trimestre suivant"
, rappelle à l'AFP Shuji Tonouchi, économiste de Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities, pronostiquant une
"configuration similaire"
cette année. Par ailleurs, le séisme du Nouvel An a rendu encore plus improbable un changement de cap de la politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ) dès sa prochaine réunion le 22-23 janvier, selon les observateurs.

"Cette possibilité était déjà minime au départ, et je pense qu'après ce séisme elle est devenue encore plus faible"
, selon Hiroshi Namioka, chef stratégiste chez T&D Asset Management interrogé par l'AFP.
"Je ne pense pas que la Banque du Japon fera quoi que ce soit qui pourrait faire polémique"
dans le contexte actuel, a-t-il ajouté.

Quant à la Bourse de Tokyo, elle a rapidement laissé le séisme derrière elle et connaît même un début d'année tonitruant, ayant atteint cette semaine de nouveaux sommets depuis 1990.


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