Le Zimbabwe lance un processus de réconciliation après les massacres des années 1980

17:4415/07/2024, Pazartesi
AFP
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, prononçant un discours lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) à Saint-Pétersbourg, le 7 juin 2024.
Crédit Photo : Anton Vaganov / POOL / AFP
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, prononçant un discours lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) à Saint-Pétersbourg, le 7 juin 2024.

Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a lancé dimanche un processus de réconciliation très attendu, quarante ans après les massacres dits de "Gukurahundi", au cours desquels quelque 20.000 civils de la minorité ndébélé ont été tués dans l'ouest du pays.

Pour tenter de régler griefs et tensions de longue date, des survivants seront interrogés lors d'une série d'audiences qui pourraient ouvrir la voie à des indemnisations.


"Aujourd'hui est un moment charnière dans notre histoire. Le jour où nous démontrons qu'en tant que pays, nous sommes capables de résoudre nos conflits en tant que Zimbabwéens, quelle que soit leur complexité ou leur ampleur",
a déclaré M. Mnangagwa depuis Bulawayo (sud-ouest), la deuxième ville du pays.

"Cette initiative est un symbole puissant de notre volonté collective d'aplanir les divisions qui nous séparent depuis trop longtemps",
a-t-il ajouté, qualifiant le processus de
"pèlerinage vers la guérison".

Les massacres ont eu lieu quelques années après l'indépendance du Zimbabwe à l'égard du Royaume-Uni, période où l'ancien président Robert Mugabe, décédé en 2019, affirmait son pouvoir.


À partir de 1983, il a déployé une unité militaire d'élite formée par la Corée du Nord pour réprimer des opposants dans la région du Matabeleland, à l'ouest de Bulawayo, au cœur de la minorité ndébélé.


Les soldats y ont tué environ 20.000 personnes entre 1983 et 1987, selon la Commission catholique du Zimbabwe pour la justice et la paix, un bilan corroboré par l'ONG Amnesty International.


L'opération fut baptisée
"Gukurahundi",
terme de la langue majoritaire shona qui peut être traduit par
"la première pluie qui lave l'ivraie".

Selon ses détracteurs, elle visait les dissidents fidèles au rival de Robert Mugabe, son compagnon de lutte pour l'indépendance Joshua Nkomo, la plupart de la minorité ndébélé.


M. Mugabe n'a jamais reconnu sa responsabilité, qualifiant les preuves apportées par Amnesty International de
"tas de mensonges".

Après avoir pris le pouvoir en 2017, M. Mnangagwa, 81 ans, a promis un processus de réconciliation et mis en place des groupes de chefs traditionnels locaux pour enquêter sur ces massacres. Les 72 chefs vont désormais présider les audiences des villages.


Sans excuses officielles du gouvernement, certains jugent toutefois que le processus démarre mal.


"Le lancement était une excellente occasion de s'excuser, mais (Mnangagwa) ne l'a pas fait. Il aurait dû mettre à profit cette opportunité",
estime Buster Magwizi, porte-parole des vétérans du ZPRA, un ancien groupe armé de libération fidèle à Joshua Nkomo.

Mis en cause alors qu'il était à l'époque des faits ministre de la Sécurité du pays, M. Mnangagwa a lui aussi toujours nié toute responsabilité, dans ce qu'il a ensuite qualifié de "mauvaise passe" dans l'histoire du Zimbabwe.


"Il est regrettable que le processus qui doit apporter la guérison et clore (les divisions) soit organisé par quelques uns, ceux dont les mains dégoulinent du sang des innocents qui ont été tués",
a réagi dimanche Mbuso Fuzwayo, un porte-parole du
"groupe de pression"
local Ibhetshu LikaZulu.

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