
Les Monténégrins désignent leur chef de l'Etat dimanche au second tour de la présidentielle qui met aux prises le novice Jakov Milatovic et le sortant Milo Djukanovic, vétéran de la scène politique du minuscule pays des Balkans.
Le scrutin est déterminant pour l'équilibre des pouvoirs dans ce pays riverain de l'Adriatique à l'approche de législatives anticipées convoquées pour le 11 juin.
Cela fait des mois que le pays est bloqué après le renversement en août 2022 du gouvernement, qui gère toutefois depuis les affaires courantes.
Les bureaux de vote doivent fermer à 18H00 GMT et des résultats non officiels sont attendus dans la soirée.
Les analystes estiment cependant que l'économiste de 36 ans a des chances de l'emporter grâce à une plus grande réserve de voix. Il peut compter aussi sur les électeurs avides de changement, qui ne veulent plus de Milo Djukanovic, 61 ans, ni de sa formation, le Parti démocratique des socialistes (DPS).
Défaite historique
Le DPS a connu une défaite historique aux législatives de 2020. Depuis lors, l'ancienne République yougoslave va de crise politique en crise politique et a subi la chute de deux cabinets.
Milo Djukanovic est arrivé aux commandes à 29 ans, soutenu par l'homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic.
Mais à mesure que la Serbie devenait un pari sur la scène internationale, il a su prendre ses distances. Il s'est rapproché de l'Occident, a rompu avec Belgrade et a obtenu l'indépendance du Monténégro lors d'un référendum en 2006.
Sous l'égide de Milo Djukanovic et du DPS, le Monténégro a rejoint l'Otan, est devenu candidat à l'Union européenne et est sorti de la sphère d'influence russe.
Après avoir voté dimanche, il a promis de poursuivre sur la voie européenne.
Je pense qu'une meilleure ère s'ouvre durant laquelle le Monténégro continuera à avancer efficacement vers son but européen.
Ses contempteurs l'accusent cependant de corruption généralisée et de liens avec le crime organisé, ce que l'intéressé dément avec force.
Rôle de représentation
Djukanovic peut nous assurer ça.
Depuis des années, Milo Djukanovic cherche à limiter l'influence de la Serbie et à consolider une identité nationale séparée du Monténégro. Une tâche peu aisée dans un pays où un tiers des 620.000 habitants s'identifient comme serbes.
Durant les derniers jours de campagne, il a cherché à séduire les minorités et la diaspora.
Jakov Milatovic, un ancien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), est entré en politique en devenant ministre du Développement économique dans le premier gouvernement formé après les législatives de 2020.
Pour de nombreux électeurs, le scrutin doit déboucher sur de meilleures conditions économiques au Monténégro qui subit, comme le reste des Balkans, l'exode de sa jeunesse.
En tout état de cause, le président a essentiellement un rôle de représentation et le Premier ministre détient les principaux leviers du pouvoir.