Mozambique: Daniel Chapo élu président, manifestations dans plusieurs villes, un mort signalé

11:5425/10/2024, vendredi
AFP
Des manifestants de Maxaquene se rassemblent à Maputo, au Mozambique, le 24 octobre 2024.
Crédit Photo : Alfredo ZUNIGA / AFP
Des manifestants de Maxaquene se rassemblent à Maputo, au Mozambique, le 24 octobre 2024.

Daniel Chapo, ancien gouverneur provincial de 47 ans, a été élu président du Mozambique, a annoncé jeudi la commission électorale, plus de deux semaines après le scrutin du 9 octobre, marqué par des contestations de rue et des irrégularités dénoncées.

À l'annonce de sa victoire, des centaines de manifestants, protestant contre des fraudes qualifiées de
"grossières"
par l'Église catholique, se sont dirigés vers le centre de la capitale, où la commission électorale divulguait les résultats.

La police a tenté de les disperser avec des gaz lacrymogènes, dans une avenue où des pneus ont été incendiés, des panneaux électoraux déchirés et des projectiles lancés sur les forces de l'ordre, a constaté une équipe de l'AFP.


Des affrontements dans plusieurs villes ont fait des blessés, et une personne est décédée à Nampula (nord), selon la police, qui n'a pas fourni de détails supplémentaires.

Dans la soirée, des manifestants tentaient de bloquer l'axe routier reliant la capitale à la frontière sud-africaine, comme en témoignaient des images de la presse locale montrant des barricades en feu.


Investi par le Frelimo, au pouvoir depuis un demi-siècle, Daniel Chapo a remporté près de 71% des voix contre 20% pour son principal opposant, Venancio Mondlane, qui revendique la victoire et accuse le Frelimo de tricherie.

La participation a été particulièrement faible, atteignant 44,48%, soit plus de 7 points de moins qu'en 2019.


Avant les tensions, Maputo était quasiment déserte suite à un appel à la grève générale lancé par l'opposition, en réaction à l’assassinat de deux de ses figures le week-end dernier.

"Ce n'est pas le pays que nous voulons pour nos enfants et les générations futures",
a déclaré Daniel Chapo dans la soirée depuis le siège de son parti, évoquant les manifestations.
"Nous insistons pour que la justice fasse la lumière sur ce crime odieux"
, a-t-il ajouté, à propos du double meurtre.

À Nampula et Nacala, dans le nord-est, des foules, principalement de jeunes, ont manifesté avec des pancartes affichant
"Fatigués d'être les esclaves de voleurs"
ou des messages de soutien à Venancio Mondlane.

"Paralyser le pays"


Étonnamment désigné par le Frelimo en mai, faute de consensus entre factions rivales, Daniel Chapo, sans réelle expérience politique nationale, devient le premier président mozambicain né après l'indépendance de 1975, et le premier à ne pas avoir combattu durant la guerre civile (1975-1992).


Ce conflit, dont les répliques se sont poursuivies, a officiellement pris fin avec l'accord de paix de 2019 entre le Frelimo et le parti d'opposition Renamo.


Au Parlement, le Frelimo a obtenu 195 sièges sur 250, soit 78% des députés, bien au-delà de la majorité des deux tiers requise pour modifier la Constitution, et plus encore qu'en 2019 (184 sièges, soit 74%).

Le parti Podemos de Venancio Mondlane a, quant à lui, surpassé la Renamo, devenant la première force d'opposition avec 31 sièges contre 20 pour l'ex-faction rebelle, qui perd 40 sièges par rapport à 2019.


Déçu de ne pas avoir pris la tête de la Renamo, l'ex-animateur de radio de 50 ans avait appelé mercredi soir à
"paralyser le pays"
pour
"montrer au gouvernement illégitime, illégal et immoral du Frelimo que le peuple est aux commandes".

Ces appels interviennent malgré l'avertissement du président sortant Filipe Nyusi, selon lequel
"inciter à la révolte"
et
"provoquer le chaos à des fins politiques"
pourraient être considérés comme des
"actes délictueux".

La tension reste vive depuis l'assassinat samedi d'Elvino Dias, avocat de Venancio Mondlane, et d'un responsable du parti Podemos, tués dans une embuscade armée en plein cœur de Maputo.

L'opposant accuse le pouvoir d'être à l'origine de leur exécution.


"Dans chaque quartier, nous descendrons dans la rue; il n'y aura pas assez de balles, pas assez de gaz lacrymogènes, pas assez de blindés pour nous arrêter",
a averti Venancio Mondlane.

À lire également:





#élections
#politique
#manifestation
#homicide
#Mozambique