Pakistan: Bilawal, l'héritier chargé de ramener les Bhutto au premier plan

10:295/02/2024, lundi
MAJ: 5/02/2024, lundi
AFP
Le président du Parti du peuple pakistanais (PPP) Bilawal Bhutto Zardari.
Crédit Photo : RIZWAN TABASSUM / AFP
Le président du Parti du peuple pakistanais (PPP) Bilawal Bhutto Zardari.

Fils de la défunte icône pakistanaise Benazir Bhutto, Bilawal Bhutto Zardari a d'abord peiné à reprendre le flambeau de sa mère mais, aujourd'hui plus expérimenté, il se bat pour préserver l'influence de sa famille lors des élections législatives de jeudi.

Petit-fils de l'ancien président puis Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto, renversé en 1977 par un coup d'État militaire puis pendu deux ans plus tard, il est à 35 ans l'héritier d'une dynastie dont la fortune a fluctué comme dans un drame shakespearien.


En 2007, sa mère Benazir est assassinée. Tout juste rentrée d'exil, l'ex-Première ministre qui avait été vingt ans plus tôt la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman briguait un troisième mandat à la tête du pays.

Son Parti du Peuple Pakistanais (PPP) avait malgré tout remporté les législatives de 2008 et son mari, Asif Ali Zardari, avait été élu président, un poste qu'il occupa jusqu'en 2013.


Bilawal Bhutto Zardari se fait véritablement connaître en politique à l'occasion de son premier grand discours public, lors des commémorations du cinquième anniversaire du meurtre de sa mère en 2012. Devant des milliers de partisans réunis au mausolée familial dans la province méridionale du Sind, il avait pourfendu l'injustice, les insurgés talibans et pris la défense des plus démunis.


"Ils me connaissent maintenant"


Le jeune candidat, qui comme sa mère se veut un progressiste et s'est souvent exprimé en faveur des droits des femmes et des minorités, s'était toutefois largement tenu à l'écart de la campagne législative de 2013.


Élu député en 2018 pour sa première participation à des élections, il était devenu en 2022 le plus jeune ministre pakistanais des Affaires étrangères, dans un gouvernement de coalition avec le grand parti rival, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de la famille Sharif.

À la faveur du scrutin de jeudi, il espère capitaliser sur cette expérience qui lui faisait jusqu'alors défaut. Les Pakistanais
"me connaissent maintenant"
, a-t-il souligné à l'approche des élections dans un entretien à l'AFP.

Bilawal Bhutto Zardari, qui confesse une addiction à Netflix, se présente volontiers comme une alternative par sa jeunesse au favori Nawaz Sharif, qui à 74 ans a déjà été trois fois Premier ministre. Son aisance avec les médias sociaux est un atout dans ce pays où plus de la moitié de la population est âgée de 21 ans ou moins. Mais les partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan, emprisonné et interdit de se présenter à ces élections, n'ont rien à lui envier.


Diplômé de l'université d'Oxford, au Royaume-Uni, Bilawal Bhutto Zardari est par ailleurs parfois critiqué pour sa maîtrise imparfaite de l'ourdou, la langue nationale.


Père encombrant


Le PPP, qui ne dispose que d'un soutien limité en dehors de son bastion, la province méridionale du Sind, ne paraît pas en mesure de finir mieux que troisième des élections.


Il devra probablement choisir entre former une nouvelle coalition avec la PML-N ou bien rester dans l'opposition, pour tenter de retrouver un peu de crédit.


Bilawal a aujourd'hui le même âge que sa mère avait quand elle a été élue pour la première fois Première ministre, en 1988.
"Ma mère disait souvent qu'elle n'avait pas choisi cette vie, c'est cette vie qui l'avait choisie. C'est la même chose pour moi"
, avait-il raconté à l'AFP en 2017 dans sa maison de Karachi.

Il reste par ailleurs considéré comme étant sous la tutelle encombrante de son père, dont le sobriquet de
"M. 10%"
, pour les multiples accusations de corruption dont il a de longue date fait l'objet, ont terni l'image du PPP.

Celui-ci continue à utiliser son entregent pour négocier les alliances politiques, mais Bilawal est devenu le vrai visage public de son parti.


Le PPP s'efforce maintenant de relancer la
"marque Bhutto"
, souligne l'analyste politique Hafsa Khawaja.
"Même s'il ne devient pas immédiatement Premier ministre, (Bilawal) est encore un jeune homme".

À lire également:




#Pakistan
#politique
#élections
#Zulfikar Ali Bhutto
#Imran Khan
#Asif Ali Zardari
#Nawaz Sharif
#Bilawal Bhutto Zardari
#Benazir Bhutto