Somalie: manifestation contre un accord maritime entre l'Ethiopie et le Somaliland

16:593/01/2024, mercredi
MAJ: 3/01/2024, mercredi
AFP
Des manifestants se rassemblent dans un stade lors d'une manifestation en faveur du gouvernement somalien à la suite de l'accord portuaire signé entre l'Éthiopie et la région sépartiste du Somaliland au stade Eng Yariisow à Mogadiscio le 3 janvier 2024.
Crédit Photo : ABDISHUKRI HAYBE / AFP
Des manifestants se rassemblent dans un stade lors d'une manifestation en faveur du gouvernement somalien à la suite de l'accord portuaire signé entre l'Éthiopie et la région sépartiste du Somaliland au stade Eng Yariisow à Mogadiscio le 3 janvier 2024.

Manifestations à Mogadiscio contre l'accord Éthiopie-Somaliland cédant un accès maritime en échange de la reconnaissance, qualifié d'"agression" par la Somalie.

"Pas un pouce de notre territoire n'est à vendre"
: des centaines de personnes ont manifesté mercredi dans la capitale somalienne Mogadiscio pour dénoncer un accord entre la région séparatiste du Somaliland et l'Éthiopie offrant à cette dernière un accès à la mer.

Le gouvernement fédéral somalien a qualifié mardi d'
"agression"
et de
"violation flagrante"
de sa souveraineté ce mémorandum d'accord qui prévoit d'accorder à Addis Abeba, pour une durée de 50 ans, 20 kilomètres de côte situés en territoire somalilandais donnant sur le Golfe d'Aden.

En échange, l'Éthiopie s'est engagée, selon les autorités somalilandaises, à reconnaître
"formellement"
la république du Somaliland, ce qu'aucun pays n'a fait depuis qu'elle a proclamé unilatéralement son indépendance de la Somalie en 1991.

Répondant à un appel du maire de Mogadiscio Youssouf Hussein Jimale, des centaines de personnes, dont de nombreux écoliers, se sont réunies au stade Konis, dans le centre de la capitale.


"Ces gens ont le sentiment que leur unité est violée"
, a déclaré le maire avant d'ajouter :

Ils considèrent qu'une partie de leurs terres va être pillée et ils se sont rassemblés pour rejeter cette ambition agressive.

Les manifestants ont chanté des slogans hostiles au président somalilandais Muse Bihi Abdi et au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, et brandi des pancartes clamant
"pas un pouce de notre territoire n'est à vendre"
,
"Nous ne renoncerons pas à un pouce de notre terre"
ou encore
"La Somalie appartient aux Somaliens"
.

"L'Éthiopie pense pouvoir profiter de la faiblesse de l'administration du Somaliland pour acheter nos eaux territoriales, mais c'est un rêve. Abiy Ahmed rêve, c'est impossible"
, a déclaré un des manifestants, Omer Ali, sa tête couverte d'un drapeau somalien.

Un autre manifestant Mohamed Nur Adan a lancé:


L'Éthiopie ne peut pas offrir la reconnaissance au Somaliland (...) La Somalie se battra par tous les moyens et gagnera contre l'agression du gouvernement éthiopien.

Depuis mardi, le gouvernement somalien dénonce un texte
"illégal"
,
"nul et non avenu"
.

Le Premier ministre Hamza Abdi Barre a assuré que Mogadiscio défendrait son intégrité territoriale
"par tous les moyens légaux possibles"
.

Selon le gouvernement éthiopien, ce mémorandum d'accord lui permet
"d'obtenir une base militaire et d'accéder à des services commerciaux maritimes"
, notamment dans le port de Berbera situé sur la côte méridionale du golfe d'Aden, carrefour commercial majeur à l'entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Éthiopie n'a plus d'accès maritime propre depuis l'indépendance de l'Érythrée en 1993.

Elle a bénéficié d'un accès au port érythréen d'Assab, qu'elle a perdu lors du conflit entre les deux pays (1998-2000). L'Éthiopie dépend désormais du port de Djibouti pour ses exportations et importations.


À lire également:



#Somalie
#Ethiopie
#Somaliland
#transport
#mer
#gouvernement
#économie
#manifestation
#diplomatie
#Muse Bihi Abdi
#Abiy Ahmed