Taïwan: le président opposé à une loi donnant des pouvoirs d'enquête au Parlement

15:3024/06/2024, lundi
AFP
Le président du Taïwan Lai Ching-te.
Crédit Photo : Handout / TAIWAN PRESIDENTIAL OFFICE / AFP
Le président du Taïwan Lai Ching-te.

Le président de Taïwan, Lai Ching-te, a annoncé lundi la saisine de la cour constitutionnelle pour tenter de faire invalider une loi donnant plus de pouvoirs d'investigation au Parlement dans le cadre de la lutte contre la corruption.

"Le Parlement doit être réformé, mais il ne doit pas élargir ses pouvoirs de manière arbitraire. La voie de la réforme doit être légale et constitutionnelle"
, a justifié le président, dont le Parti démocrate progressiste (PDP) a perdu la majorité aux élections de janvier, ne pouvant ainsi s'opposer au vote de la loi.

"Aujourd'hui, j'ai pris la décision de demander une interprétation constitutionnelle (...) C'est une façon d'être responsable vis-à-vis du pays et de l'histoire, et d'être à la hauteur de la confiance du peuple"
, a-t-il poursuivi.

Les partisans de la réforme adoptée fin mai affirment qu'elle est indispensable pour lutter contre la corruption. Ses détracteurs estiment qu'elle va affaiblir la démocratie taïwanaise face à l'influence de la Chine, qui revendique toujours l'île comme une partie de son territoire.

Lundi, le président Lai a relayé les craintes des chefs d'entreprises qui estiment que la nouvelle loi va menacer leurs
"secrets commerciaux"
. Selon lui, la loi aura un impact significatif sur
"la future compétitivité internationale de Taïwan"
car elle découragera les investisseurs étrangers.

L'un des éléments les plus controversés de la loi est la définition d'un nouveau délit d'
"outrage au Parlement"
qui expose à des poursuites les fonctionnaires peu disposés à coopérer aux enquêtes législatives. La nouvelle législation confie aussi au Parlement un
"pouvoir d'investigation"
, et le droit de sanctionner ceux qui refuseraient de fournir toutes les informations demandées.

La discussion du texte a provoqué d'importantes manifestations d'une ampleur inédite sur l'île. Le Kuomintang (KMT), considéré comme pro-Pékin, a appelé lundi le président Lai à
"affronter courageusement le Parlement et le peuple"
plutôt que de bloquer la loi.

Bien que la présidence du Parlement soit aux mains du PDP depuis 2016, aucun parti ne détient actuellement une majorité absolue, causant des problèmes au nouveau chef de l'Etat.


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