Climat : 2024, une année record avec un réchauffement de 1,5 °C

15:467/11/2024, jeudi
AFP
Une image satellite montrant un incendie de forêt à quelques kilomètres du centre d'Athènes, acquise le 12 août 2024.
Crédit Photo : Union européenne / Copernicus Sentinel-2
Une image satellite montrant un incendie de forêt à quelques kilomètres du centre d'Athènes, acquise le 12 août 2024.

L'année 2024 est en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois la barre symbolique des 1,5 °C de réchauffement climatique.

C'est ce qui ressort des données du service européen Copernicus publiées suite à un deuxième mois d'octobre particulièrement chaud.


"Après 10 mois de l'année 2024, il est désormais quasi certain que 2024 sera l'année la plus chaude jamais enregistrée et la première année avec plus de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels"
, a déclaré jeudi Samantha Burgess, directrice adjointe du service de changement climatique (C3S) de Copernicus, en s'appuyant sur la base de données ERA5 de Copernicus.

Il est même
"probable"
que le réchauffement ait dépassé 1,55 °C au cours de cette année, selon Copernicus.

"Cette étape dans les records de températures mondiales devrait encourager à rehausser les ambitions pour la prochaine conférence sur le changement climatique, la COP29",
a souligné Samantha Burgess.

Cette COP, qui s'ouvrira le 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, portera sur la recherche d'un nouvel objectif de financement pour permettre aux pays en développement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de s'adapter au changement climatique.


Elle se déroulera aussi dans l’ombre du retour de Donald Trump à la présidence américaine, alors qu'il reste sceptique quant à la réalité du changement climatique.
"Il ne s'agit pas d'un réchauffement climatique, car à certains moments, la température commence à baisser un peu",
a-t-il affirmé, en contradiction avec le consensus scientifique.

Selon Copernicus, le mois d'octobre 2024 a été le deuxième plus chaud jamais enregistré dans le monde, après octobre 2023, avec une température moyenne de 15,25 °C. Cela représente une hausse de 1,65 °C par rapport aux niveaux préindustriels de 1850-1900, avant l'utilisation massive des énergies fossiles qui a fortement réchauffé l'atmosphère et les océans.


C'est aussi le 15e mois sur les 16 derniers mois que la température moyenne dépasse 1,5 °C de réchauffement.

Cette valeur symbolique correspond à la limite la plus ambitieuse fixée par l'accord de Paris de 2015, visant à contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C.


Cet accord historique fait cependant référence à des tendances climatiques de long terme : il faudrait que la moyenne dépasse 1,5 °C pendant 20 à 30 ans pour considérer que cette limite a été franchie.


"Pas à la hauteur"


Selon les derniers calculs de l'ONU, le monde est cependant loin de respecter cette limite, qui permettrait pourtant d'éviter des effets plus catastrophiques du changement climatique, comme les sécheresses, canicules ou pluies torrentielles. Les politiques actuelles entraîneraient ainsi un réchauffement
"catastrophique"
de 3,1 °C d'ici la fin du siècle, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Et même en tenant compte de toutes les promesses de réduction des émissions, la température mondiale pourrait grimper de 2,6 °C.

Les effets mortels du réchauffement ont encore été illustrés récemment par des inondations dans le sud de l'Espagne, qui ont fait plus de 200 morts, principalement dans la région de Valence.


"Les calamités climatiques sont notre nouvelle réalité. Et nous ne sommes pas à la hauteur"
, a souligné jeudi le secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

"Nous devons nous adapter dès maintenant"
, a-t-il insisté, alors qu’un rapport des Nations unies pointe une insuffisance persistante des financements internationaux alloués aux pays les plus pauvres pour les mesures d'adaptation.

Copernicus note que les précipitations ont été supérieures aux moyennes en octobre dans la péninsule ibérique, mais aussi en France, dans le nord de l'Italie et en Norvège.

Les scientifiques s'accordent à dire que les précipitations extrêmes deviennent plus fréquentes et intenses sur une grande partie de la planète en raison du changement climatique.


Une atmosphère plus chaude retient davantage d’humidité, et le réchauffement des océans affecte également la distribution des précipitations et l'intensité des tempêtes. Le mois dernier a ainsi été le deuxième mois d'octobre le plus chaud jamais enregistré pour la température de surface des océans.


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