Des images de mort et de terreur sur des immeubles éventrés par des obus: alors que le monde parle d'espoirs de paix au Yémen, Alaa Rubil, un artiste de rue, tient à montrer la réalité d'un pays toujours dévasté par la guerre.
Agé de 30 ans, Alaa Rubil embellit les murs depuis son adolescence, mais il a trouvé l'inspiration pendant les combats dans sa ville natale d'Aden en 2015, entre les rebelles Houthis et les forces pro-gouvernementales.
Les premiers, soutenus par l'Iran, les seconds, appuyés par l'Arabie saoudite, se livrent une guerre acharnée depuis plus de huit ans, qui a plongé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans une tragédie humanitaire.
Après les combats, Alaa Rubil a voulu rendre hommage aux victimes civiles.
En utilisant les murs, je pouvais toucher le monde entier.
"Exprimer la tragédie"
Les rues d'Aden, jonchées de décombres, constituent une exposition semi-permanente de l'oeuvre de Alaa Rubil. Sur le mur d'une boutique située dans un quartier particulièrement touché, il a peint le contour d'un visage d'homme dissimulé derrière trois bâtons de dynamite.
De l'autre côté de la rue, sur le mur intérieur d'un immeuble bombardé, une oeuvre de l'artiste représente un squelette jouant du violon tandis que des signes de paix flottent autour de son crâne.
Un troisième graffiti montre une fillette en robe rouge, assise sur le sol, la tête reposant dans sa main gauche, à côté d'un corbeau noir perché sur un missile. Derrière elle, ses parents décédés, en noir et blanc, regardent par une fenêtre ouverte.
Lorsqu'on passe ici, on ressent la douleur, on pense aux gens qui étaient ici.
"Tout réparer"
La guerre au Yémen a tué des centaines de milliers de personnes, la plupart victimes des conséquences humanitaires du conflit comme la faim et les maladies. Des millions d'autres sont toujours déplacées à travers le pays.
Dans les rues délabrées d'Aden, ses pinceaux et pots de peinture dans un petit panier, Alaa Rubil se veut lui aussi optimiste.
Rien n'a changé.