
La sixième journée des qualifications CONCACAF pour la Coupe du Monde 2026 a livré son verdict spectaculaire le 18 novembre. Haïti fait son retour sur la scène mondiale après 52 ans d'absence grâce à sa victoire 2-0 contre le Nicaragua. Panama arrache sa qualification avec un succès 3-0 face au Salvador, profitant de l'effondrement du Suriname battu 3-1 au Guatemala. Curaçao écrit l'histoire en devenant le pays le moins peuplé qualifié pour un Mondial après son match nul héroïque face à la Jamaïque. Le Suriname et la Jamaïque disputeront les barrages intercontinentaux en mars 2026.
Le format des qualifications CONCACAF offrait trois places directes aux vainqueurs de groupe, tandis que les deux meilleurs deuxièmes accéderont aux barrages intercontinentaux prévus en mars 2026. Avec le Canada, le Mexique et les États-Unis automatiquement qualifiés en tant que pays hôtes, cette configuration a ouvert des perspectives inédites pour les autres prétendants de la zone.
Le Panama renverse tout sur un coup de poker
L'Estadio Rommel Fernández de Panama a vécu une soirée de folie absolue. Mal embarqués avant cette ultime journée, les Canaleros ont réalisé l'exploit parfait en dominant le Salvador 3-0 tout en profitant de l'inattendu naufrage du Suriname au Guatemala. Cesar Blackman a ouvert le score dès la 17e minute d'une frappe puissante en pleine lucarne, donnant le ton d'une soirée mémorable.
Juste avant la pause, Eric Davis a transformé un penalty qui a rendu le rêve panaméen plus tangible que jamais. Mais c'est l'effondrement simultané du Suriname au Guatemala qui a véritablement scellé le destin du groupe. Les supporters panaméens, informés en temps réel des événements au Estadio Nacional Doroteo Guamuch Flores, ont commencé les célébrations bien avant le coup de sifflet final. José Luis Rodríguez a ajouté un troisième but à la 85e minute, couronnant une soirée parfaite.
Le cauchemar surinamais au Guatemala
Pour le Suriname, cette soirée restera comme l'un des plus grands traumatismes de son histoire footballistique. Aux portes d'une qualification historique qui aurait marqué leur première participation à une Coupe du Monde, les coéquipiers de Stefano Denswil se sont effondrés en seconde période face au Guatemala, déjà éliminé de la course.
Après une première mi-temps vierge qui maintenait tous les espoirs, le scénario a basculé en l'espace de seize minutes fatidiques. Darwin Lom a ouvert le score à la 49e minute d'une tête victorieuse, avant qu'Olger Escobar ne double la mise à la 57e sur une frappe déviée. Le troisième but d'Óscar Santis à la 65e minute a anéanti définitivement les rêves surinamais, malgré une réduction du score en toute fin de match sur un but contre son camp de Nicolás Samayoa.
Le Suriname termine deuxième avec 9 points et une différence de buts de +3, ce qui lui permet d'accéder aux barrages intercontinentaux. Mais cette qualification de repêchage a un goût amer pour un pays qui contrôlait son destin et a laissé filer une occasion historique.
Curaçao entre dans l'histoire du football mondial
L'Independence Park de Kingston a été le théâtre d'un exploit retentissant. Curaçao, petite île des Caraïbes néerlandaises de seulement 160 000 habitants, est devenue le pays le moins peuplé jamais qualifié pour une Coupe du Monde, battant le record détenu par l'Islande depuis 2018. Le match nul 0-0 arraché face à la Jamaïque a suffi aux hommes de Dick Advocaat pour valider leur billet historique.
La soirée a tourné au calvaire pour les Reggae Boyz, qui devaient absolument l'emporter pour prendre la première place. La malchance s'est acharnée sur les Jamaïcains qui ont frappé les montants à trois reprises : Greg Leigh a touché le poteau sur une tête, Shamar Nicholson a vu sa frappe s'écraser sur la barre transversale, et Bailey Cadamarteri a lui aussi trouvé un montant sur sa route. Le gardien Eloy Room s'est montré héroïque, maintenant sa cage inviolée dans les moments les plus chauds.
L'ultime espoir jamaïcain s'est envolé lorsque la VAR a infirmé un penalty réclamé en fin de match. Pendant que les joueurs de Curaçao explosaient de joie, conscients d'avoir réalisé quelque chose d'extraordinaire, les Jamaïcains accusaient le coup d'une désillusion cruelle. Curaçao termine en tête du groupe B avec 12 points et une impressionnante différence de buts de +10.
Cette qualification représente un accomplissement phénoménal pour une nation qui ne disposait même pas d'infrastructures professionnelles il y a encore quelques années. Dick Advocaat, légende du football néerlandais, a réussi son pari fou en transformant une équipe composée principalement de joueurs évoluant aux Pays-Bas en une formation solide et disciplinée, capable de rivaliser avec n'importe quelle sélection de la région.
Haïti réalise son rêve et efface 52 ans d'attente
Louicius Deedson, le milieu offensif d'Odense, a mis les Grenadiers sur la voie du bonheur dès la 9e minute. Après un excellent une-deux avec Josué Casimir, il a ajusté une frappe croisée du pied gauche qui a enflammé les tribunes. Haïti a contrôlé la première période, à peine inquiété par une tentative de Bancy Hernández passée à côté.

Juste avant la pause, à la 45e minute, Ruben Providence a inscrit le but de la sécurité. Sur une perte de balle nicaraguayenne sous la pression de Deedson, Carlens Arcus a récupéré le cuir et centré parfaitement pour la tête victorieuse de Providence. Ce deuxième but a permis aux supporters haïtiens de vivre une seconde mi-temps plus sereine, même si le gardien Johny Placide a dû intervenir sur une tête plongeante adverse.
La seule ombre au tableau a été la sortie précoce de Frantzdy Pierrot sur blessure en première période. Mais rien n'a pu gâcher la fête des hommes de Marco Figueroa, qui terminent en tête du groupe C avec 11 points. Cette qualification collective couronne des années d'efforts pour structurer le football haïtien malgré des conditions souvent difficiles.
Les barrages intercontinentaux: Un dernier espoir
La Jamaïque et le Suriname, respectivement deuxièmes des groupes B et A, auront une dernière chance de rejoindre le Mondial via le Tournoi de barrage de la FIFA prévu en mars 2026 au Mexique. La Jamaïque, avec 11 points et une différence de +8, et le Suriname avec 9 points (+3), affronteront quatre autres sélections issues des autres confédérations pour deux places supplémentaires.
Les Reggae Boyz peuvent s'appuyer sur leur expérience de 1998, leur unique participation mondiale, pour aborder ces barrages avec confiance. Pour le Suriname, traumatisé par son effondrement guatémaltèque, il faudra rapidement tourner la page pour se concentrer sur ce dernier barrage.
Ce mini-tournoi réunira six équipes (une par confédération hors UEFA, plus une équipe CONCACAF supplémentaire) qui se disputeront les deux derniers billets pour un Mondial élargi à 48 nations. La pression sera immense, mais l'opportunité reste intacte pour ces deux nations de rejoindre finalement la fête mondiale.
Un tournant historique pour la CONCACAF
Cette campagne qualificative restera dans les annales comme l'une des plus ouvertes et imprévisibles de l'histoire de la zone CONCACAF. L'émergence de Curaçao, le retour d'Haïti après plus d'un demi-siècle, et la résilience du Panama illustrent la profondeur croissante du football dans la région.
L'élimination du Honduras et surtout du Costa Rica, habitués des grandes compétitions, prouve que rien n'est plus acquis dans une zone de plus en plus compétitive. Les investissements dans les infrastructures, la formation des jeunes et la professionnalisation des structures portent leurs fruits pour des nations longtemps considérées comme des outsiders.
Pour Haïti en particulier, cette qualification dépasse le cadre sportif. Dans un pays confronté à de nombreux défis, le football offre un moment d'unité nationale et de fierté collective rare. Les images des célébrations à Port-au-Prince ont fait le tour du monde, rappelant que le football reste un vecteur d'espoir et de rassemblement universel.
Le Mondial 2026, organisé en Amérique du Nord, verra donc trois nouveaux visages caribéens et centraméricains : Curaçao découvrira la compétition, Panama confirmera son statut de nation montante, et Haïti effectuera un retour historique. Ces trois qualifications marquent indéniablement un tournant dans l'équilibre des forces du football continental.










