Après DeepSeek, les géants de l'IA générative ont-ils perdu leur avantage?

11:1013/03/2025, jeudi
AFP
Les applications Grok, DeepSeek et ChatGPT affichées sur l'écran d'un téléphone.
Crédit Photo : Justin TALLIS / AFP
Les applications Grok, DeepSeek et ChatGPT affichées sur l'écran d'un téléphone.

Le paysage de l’intelligence artificielle (IA) générative a été bouleversé fin janvier par DeepSeek, un acteur chinois émergent qui a démontré qu’il était possible de rivaliser avec OpenAI, Google ou Anthropic à moindre coût.

Avec son modèle R1, conçu sans les puces les plus avancées et pour un budget estimé à seulement six millions de dollars, DeepSeek remet en question l’avantage technologique des géants du secteur.


L’essor des modèles à bas coût


Jusqu’à récemment, l’IA générative était dominée par quelques mastodontes ayant investi des milliards de dollars en infrastructure et en ingénierie pour imposer leurs modèles comme ChatGPT (OpenAI), Claude (Anthropic) ou Gemini (Google).

Mais l’arrivée de DeepSeek illustre une tendance de fond: la banalisation des modèles d’IA.


"Il devient de moins en moins onéreux de lancer un modèle, et la question de savoir lequel choisir devient secondaire"
, analyse Thomas Wolf, cofondateur de Hugging Face, acteur majeur de l’IA open source.

Le manque d’enthousiasme autour du lancement de GPT-4.5 par OpenAI en février semble confirmer cette mutation du marché.

OpenAI toujours en tête, mais jusqu’à quand ?


Kevin Weil, responsable produit chez OpenAI, admet que l’avance de son entreprise se réduit:


Nous n’aurons plus jamais 12 mois d’avance, mais nous sommes encore devant de 3 à 6 mois.

L’entreprise mise sur son effet de taille, avec 400 millions d’utilisateurs, pour conserver un avantage compétitif. L’exploitation des interactions des utilisateurs permet d’affiner constamment ses modèles.


Mais pour Jeff Seibert, patron de Digits, cet avantage pourrait s’éroder:


Vous allez rester devant, mais l’écart va se réduire. Dans de nombreux cas, vous deviendrez interchangeable avec d’autres IA.

Avec la multiplication des modèles, la clé pour les entreprises sera la flexibilité, en évitant de dépendre d’un seul fournisseur.


L’open source et l’optimisation des puces changent la donne


L’essor des modèles open source et l’amélioration des techniques d’optimisation permettent désormais de développer des IA plus performantes à moindre coût. Cela remet en cause la valorisation des acteurs privés, qui doivent continuer à lever des fonds massifs pour financer leur développement.


Selon Angelo Zino, analyste chez CFRA, la valorisation des géants comme OpenAI et Anthropic pourrait avoir atteint un pic, leur précocité ne suffisant plus à justifier des montants aussi élevés.


Course aux financements: une bulle en formation ?


Malgré ces incertitudes, les investisseurs continuent de miser sur les leaders du secteur :


  • SoftBank a investi 40 milliards de dollars en février dans OpenAI, portant sa valorisation à 300 milliards de dollars, soit le double de l’année dernière.
  • Début mars, Anthropic a levé 3,5 milliards de dollars, portant sa valorisation à 61,5 milliards.

Mais cette dépendance aux levées de fonds pourrait devenir un problème:


"Si vous brûlez un milliard de dollars par mois, comme OpenAI, il faut lever en permanence jusqu’à ce que les revenus dépassent cette somme. Je ne vois pas comment ils vont y parvenir"
, s’interroge Jai Das, de Sapphire Ventures.

L’avenir de l’IA générative semble donc se jouer entre la poursuite de la centralisation des acteurs historiques et l’essor de modèles plus accessibles et décentralisés.


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