Après un raid militaire sur le complexe KK Park, 677 personnes ont traversé la frontière pour rejoindre la Thaïlande, alors que la junte intensifie sa coopération avec Pékin contre les réseaux d’arnaques en ligne.
Plus de 600 personnes ont fui l'un des plus grands centres d'arnaques en ligne de Birmanie et ont traversé la frontière avec la Thaïlande, a indiqué jeudi à la presse un responsable provincial thaïlandais, après un raid militaire sur le complexe.
"677 personnes ont fui le centre d'escroquerie"
de KK Park, en traversant la rivière Moei pour se rendre en Thaïlande jeudi matin, a déclaré Sawanit Suriyakul Na Ayutthaya, vice-gouverneur de la province de Tak, près de la frontière avec la Birmanie. Il a ajouté:
La police de l'immigration et une force opérationnelle militaire ont collaboré pour fournir une assistance dans le cadre de procédures humanitaires (...) et ces personnes feront l'objet d'un contrôle.
Le bureau de l'administration provinciale de Tak a annoncé dans un communiqué que le groupe était composé de
"ressortissants étrangers"
, hommes et femmes, et que les autorités s'attendaient à ce que d'autres personnes traversent la frontière thaïlandaise.
Lundi, la junte birmane avait déjà mené une descente dans le KK Park, où elle affirmait avoir saisi 30 récepteurs Starlink, et des centaines de personnes avaient été vues mercredi fuyant à pied, à moto ou en camionnette.
L'agence de presse indonésienne Antara a rapporté que mercredi soir, environ 20 Indonésiens avaient
"réussi à passer en territoire thaïlandais via la rivière Moei"
, selon l'ambassade d’Indonésie à Rangoun, citant les autorités thaïlandaises.
En Birmanie, des complexes tentaculaires, où des escrocs en ligne ciblent des étrangers avec des arnaques sentimentales et commerciales, ont prospéré le long de la frontière peu surveillée avec la Thaïlande pendant la guerre civile, déclenchée par le coup d'État de février 2021.
La plupart de ces sites sont sous la coupe de groupes criminels chinois, en lien avec des milices birmanes.
Selon les experts, la junte ferme les yeux sur ces réseaux, gérés par ses alliés miliciens, qui, en échange, contrôlent les régions frontalières en son nom.
Désactivation de récepteurs Starlink
Mais le pouvoir birman subit également des pressions de son allié militaire chinois pour mettre fin à ces trafics. Pékin est irrité par le nombre de ses citoyens impliqués ou victimes de ces arnaques.
La Chine, la Thaïlande et la Birmanie ont lancé un effort conjoint très médiatisé pour éradiquer le fléau. En février, environ 7.000 travailleurs avaient été extraits du système.
Les autorités chinoises ont également annoncé la semaine dernière l’arrestation de plusieurs chefs et membres de gangs opérant depuis la Birmanie.
Mais ces
prospèrent mieux que jamais dans le pays d’Asie du Sud-Est, a révélé une enquête de l’AFP publiée à la mi-octobre.
Des antennes Starlink se sont rapidement multipliées sur les toits pour pallier la coupure d’internet imposée par les autorités birmanes. Près de 80 récepteurs étaient visibles sur un seul toit du complexe de KK Park, selon les images de la presse. SpaceX a annoncé mercredi avoir désactivé plus de 2.500 récepteurs internet Starlink utilisés dans ces centres de cyberfraude.
Le puissant comité économique conjoint du Congrès américain a, de son côté, ouvert une enquête sur l’implication de Starlink dans ces activités.
L’industrie des escroqueries en ligne en Asie du Sud-Est génère des gains estimés à environ 37 milliards de dollars par an, selon l’ONU en 2023.
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