
La Chine, la Thaïlande et la Birmanie ont lancé une vaste opération pour rapatrier des milliers de travailleurs exploités dans les centres de cyberfraude situés à la frontière birmano-thaïlandaise.
Ces réseaux criminels, qui génèrent des milliards de dollars, ont prospéré en Asie du Sud-Est, profitant d’une corruption généralisée et d’un faible contrôle des autorités locales.
Comment fonctionnent ces centres de cyberfraude ?
Beaucoup sont recrutés sous de fausses promesses d’emploi avant d’être contraints d’opérer sous un régime de quasi-esclavage. Leur mission consiste à escroquer des internautes via des stratagèmes impliquant:
- Cryptomonnaies
- Jeux de casino en ligne
- Paris illégaux
- Arnaques sentimentales
Les Nations unies ont documenté de graves violations des droits humains dans ces centres : violences physiques et sexuelles, confiscation des passeports, menaces de prélèvement d'organes…
Une répression accrue contre ces réseaux
En 2022, une vaste opération policière a ciblé Sihanoukville (Cambodge), mais les escrocs ont déplacé leurs activités vers la Birmanie, où le conflit civil post-coup d'État de 2021 leur offre un terrain propice.
En février 2024, une opération de grande envergure a visé Shwe Kokko, entraînant entre le 20 et le 22 février le rapatriement de 600 travailleurs chinois. 7.000 autres devraient suivre dans les prochaines semaines.
Pourquoi agir maintenant ?
Selon Jason Tower, expert à l'Institut des États-Unis pour la paix, Pékin voit ces centres comme une menace :
- Ils alimentent la colère de l’opinion publique chinoise
- Certains réseaux criminels sont devenus si puissants qu’ils pourraient défier le Parti communiste chinois
- La lutte contre ces gangs permet à Pékin de renforcer son influence policière en Asie du Sud-Est, facilitant l’extradition d’opposants
De son côté, la Thaïlande tente de redorer son image en matière de sécurité, essentielle pour attirer les touristes chinois, après plusieurs scandales liés aux trafics transnationaux.
Vers un véritable démantèlement des réseaux criminels ?
Si cette offensive marque une escalade sans précédent, son efficacité reste à prouver.
Malgré cela, les criminels trouveront probablement d'autres sources d'approvisionnement, nuance Jason Tower.
Conclusion
L'opération menée par la Chine, la Thaïlande et la Birmanie représente un tournant dans la lutte contre les centres de cyberfraude en Asie du Sud-Est. Mais sans une coopération plus large et un véritable engagement à éradiquer la corruption, ces réseaux criminels risquent de se réorganiser ailleurs, perpétuant un cycle d’exploitation.