Taïwan: quand la fin du nucléaire alimente les craintes sur la sécurité énergétique

11:4215/05/2025, jeudi
AFP
La centrale nucléaire de Ma'anshan près de la plage de Pingtung, dans le sud de Taïwan.
Crédit Photo : I-Hwa Cheng / AFP
La centrale nucléaire de Ma'anshan près de la plage de Pingtung, dans le sud de Taïwan.

Taïwan s’apprête à mettre fin à son utilisation du nucléaire en arrêtant samedi son dernier réacteur à la centrale de Ma'anshan, dans le comté de Pingtung.

Si cette décision s’inscrit dans la stratégie de neutralité carbone à l’horizon 2050, elle alimente de vives inquiétudes sur la sécurité énergétique du pays, notamment en cas de blocus chinois.


Le Parti démocrate progressiste (PDP) au pouvoir a toujours été favorable à une sortie du nucléaire, à l'inverse du Kuomintang (KMT), principal parti d’opposition, qui plaide pour la conservation de cette énergie, jugée stratégique.


En 2024, le nucléaire ne représentait plus que 4,2 % de la production d’électricité de Taïwan, contre plus de 50 % dans les années 1980. L’essentiel de l’approvisionnement repose désormais sur les énergies fossiles importées : 42,4 % de gaz naturel liquéfié (GNL) et 39,3 % de charbon. Les énergies renouvelables, quant à elles, peinent à décoller, ne couvrant que 11,6 % des besoins, bien loin de l’objectif de 20 % fixé pour 2025.

Le gouvernement assure que les capacités manquantes seront compensées par des unités au charbon et au gaz. Mais cette stratégie est jugée risquée par plusieurs experts, compte tenu de la forte dépendance énergétique de l’île et de la menace croissante de la Chine, qui considère toujours Taïwan comme une province rebelle.


En cas de blocus chinois, les réserves taïwanaises ne permettraient de tenir que 11 jours en GNL et 30 jours en charbon, selon les chiffres officiels. Ce niveau de vulnérabilité est jugé préoccupant dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

En parallèle, le Parlement, dominé par l’opposition, a adopté une loi visant à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes, malgré l’opposition du gouvernement. Une décision saluée par certains élus comme Ko Ju-chun (KMT), qui estime que
"le nucléaire reste un pilier essentiel de la stratégie de défense et d’innovation technologique de l’île"
.

Du côté de la population, les avis sont partagés. Certains redoutent un scénario à la Fukushima, tandis que d'autres s’inquiètent de l’impact économique et des risques de délocalisation d’entreprises énergivores comme TSMC, le géant taïwanais des semi-conducteurs.


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