Avec les droits de douane, les fabricants de vélos taïwanais pédalent dans le brouillard

17:027/05/2025, Çarşamba
AFP
Des ouvriers vérifient la qualité des roues de bicyclettes dans une usine du groupe Joy à Taichung, le 24 avril 2025.
Crédit Photo : I-HWA CHENG / AFP
Des ouvriers vérifient la qualité des roues de bicyclettes dans une usine du groupe Joy à Taichung, le 24 avril 2025.

Depuis l’instauration par Donald Trump de droits de douane de 32 % sur les exportations taïwanaises vers les États-Unis, l’industrie du vélo de l’île roule dans le brouillard.

Malgré une activité soutenue dans certaines usines comme celle de Jeff Chen, directeur général de Joy Group à Taichung, l’inquiétude reste palpable.


"Les clients ne savent pas quoi faire"
, témoigne Chen. L’annonce d’une suspension temporaire de 90 jours de ces droits n’a fait qu’ajouter à la confusion. Entre annulations, modifications de commandes et stocks encore pleins post-Covid, le secteur navigue à vue.

Un marché haut de gamme sous pression


Avec plus de 900 entreprises actives dans l’assemblage et la production de pièces de vélo, Taïwan s’est imposée comme un acteur incontournable du haut de gamme, notamment en Europe et aux États-Unis.

Bien que les volumes aient chuté (1,3 million de vélos exportés en 2024 contre 10 millions dans les années 1990), la valeur unitaire a explosé:


  • 1.131 dollars pour un vélo classique
  • 1.848 dollars pour un vélo électrique

En comparaison, la Chine a exporté 44 millions de vélos en 2024 pour un prix moyen de 57 dollars seulement.


Des “champions de l’ombre” au service de la qualité


Cette montée en gamme s’appuie sur un réseau de PME très spécialisées, qualifiées de
"champions de l’ombre"
par la sociologue Michelle Hsieh, de l'Academia Sinica. Elle souligne:

Ces entreprises fabriquent des composants que d'autres ne peuvent pas produire.

Cette expertise technique irremplaçable constitue l’avantage compétitif de Taïwan, consolidé dans la ville industrielle de Taichung, qualifiée de capitale mondiale du vélo.


Produire aux États-Unis ? “Presque impossible”


Face à la pression de Trump pour relocaliser la production sur le sol américain, les industriels taïwanais s’inquiètent.


Pour Giant, leader du secteur, ouvrir une usine aux États-Unis reste irréaliste, en raison des coûts élevés, du manque de main-d'œuvre qualifiée et de l’absence d’écosystème industriel local.

Tim Krueger, PDG d’Esker Cycles, abonde dans ce sens:


C’est à Taichung que se trouve l’expertise mondiale en matière de fabrication de vélos.

Effets collatéraux en cascade


Même les entreprises peu exposées au marché américain, comme Pacific Cycles à Taipei, ressentent l'impact via leurs fournisseurs, comme le confirme sa présidente Eva Lin:


Personne ne peut échapper à l'impact.

En parallèle, la Chine subit elle aussi des droits de douane à 145 %, ce qui pourrait bénéficier aux fabricants taïwanais, mais uniquement à condition que les consommateurs n’optent pas pour des modèles low cost, avertit Tsai Po-ming du Cycling & Health Tech R&D Center.


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