Cameroun /entrepreneuriat jeune: quand l’espoir se heurte au climat post-électoral

La rédaction
10:0517/11/2025, Pazartesi
Yeni Şafak

Depuis la période post-électorale, de nombreux jeunes entrepreneurs peinent à maintenir leurs activités dans un environnement instable. Entre baisse du pouvoir d’achat, clients hésitants et difficultés d’approvisionnement, plusieurs commerces connaissent un net ralentissement. Parmi eux, Hillary, étudiante à l’Université de Soa et vendeuse en ligne, incarne ces jeunes dont l’activité a été fortement bousculée par les blocages et l’arrêt des livraisons.

Dans les couloirs de l’Université de Yaoundé II-Soa, Hillary a toujours son téléphone à la main. Étudiante en troisième année d’économie et vendeuse en ligne de friperies premiers choix féminins, elle fait partie de ces jeunes qui jonglent entre cours magistraux et commandes sur le net. Mais depuis la crise post-électorale, son activité a pris un coup. Les livraisons coupées, les stocks bloqués et les clients inquiets.


Aujourd’hui, elle nous emmène au marché Mokolo, son principal lieu de ravitaillement. Les allées du déballage s’animent. Après plusieurs jours de silence et de tensions, la reprise se fait sentir.
"Nous sommes en train de nous rendre au marché Mokolo, précisément dans l'enclos du déballage pour une reprise des activités effectives. Une activité qui a été suspendue pendant presque deux semaines due à la crise postélectorale. Nous n'avons pas pu avoir accès à des stocks de marchandises dû aux entrées et sorties de véhicules qui étaient bloqués."

Pour elle, retourner sur le terrain, c’est plus qu’une routine : c’est un signal d’espoir. Hillary examine les pièces, discute, négocie. Elle sait exactement ce qu’elle cherche.
"Aujourd'hui déjà je recherche des vêtements de qualité, parce que pour pouvoir attirer la clientèle après un long moment de silence il faut bien des pièces qui vont attirer les clients… Donc, je vais choisir des robes plutôt sexy, mais responsables, qui cadrent avec les goûts de mes clients… Je suis plutôt satisfaite, la reprise a été. Moi, je trouve que c'est extraordinaire, parce que, vu ce qui s'est passé, je constate que plusieurs Camerounais sont assez courageux… Chacun cherche à avoir son pain quotidien et je suis plutôt contente."

Mais derrière son sourire et son énergie, l’impact économique reste lourd.
Comme beaucoup d'autres jeunes entrepreneurs, Hillary a ressenti la fragilité de son business. Les clientes hors de Yaoundé ont presque disparu du radar, les agences de transport ont temporairement fermé et même celles de la ville privilégiaient l’essentiel : la nourriture au détriment des vêtements.

"Personnellement, je ne vais pas dire que je n'ai pas ressenti d'impact… j'ai ressenti une baisse de mon chiffre d’affaires. Les clientes à l'extérieur n’arrivaient plus à passer les commandes… Et même ici à Yaoundé, elles s’approvisionnaient plus en vivres qu'en vêtements."

L’étudiante raconte aussi ses colis bloqués, ses clientes frustrées, et ses messages d’excuses répétés.
"Nous n'avons pas pu expédier parce que les agences se sont fermées… Cela a énormément déçu plusieurs de mes clientes parce qu'elles avaient des programmes avec les vêtements de sortie. Donc, cette pression-là est encore sous mes épaules. J'espère que cette pression-là sera rétablie le plus rapidement possible."

Toutefois, malgré la crise, Hillary continue de croire en son commerce. Elle s’accroche à ses études, à son ambition d’indépendance financière, et à cette clientèle patiente qui revient peu à peu. Dans sa chambre de jeune fille, dans la maison familiale, le soir, elle trie et filme les nouvelles pièces qu’elle a ramenées, quelques articles qui feront sensation sur ses réseaux.


Au demeurant, la reprise est encore fragile, mais elle avance. Comme beaucoup de jeunes Camerounais, Hillary ne se laisse pas définir par la crise, elle se sert de chaque difficulté comme d’un tremplin.


Par
Franck Péraise Mballa

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