Nabila Kilani: "Tout ce que font les Palestiniens, c'est vivre"

David Bizet
11:4617/10/2025, vendredi
MAJ: 17/10/2025, vendredi
Yeni Şafak

Pour la première fois dans le monde francophone, une Gazaouie s'exprime en français sur Nouvelle Aube. Nabila Kilani, enseignante, fondatrice d'un centre éducatif et d'une clinique psychologique, livre un témoignage exclusif bouleversant. Survivante de six agressions israéliennes, elle décrit l'effacement systématique de l'identité palestinienne, les déplacements forcés et la destruction de Gaza. Au-delà de ce récit poignant, Nabila partage son engagement humanitaire, sa résilience et ses espoirs pour son peuple. Un document historique inédit qui met des mots français sur une tragédie trop souvent silencieuse.

Pour la première fois, une
survivante de Gaza
s'exprime en français pour raconter l'innommable.
Nabila Kilani
, enseignante d'anglais, fondatrice d'un centre éducatif et d'une clinique psychologique pour enfants traumatisés, brise le silence dans une
interview exclusive
accordée à
Nouvelle Aube
. Son témoignage, historique pour la francophonie, offre un regard direct et poignant sur ce qui se passe réellement dans la bande de
Gaza
.

Originaire de Beit Lahya, un village du Nord de la bande de Gaza, Nabila incarne la résilience d'un peuple qui refuse de disparaître. Mais son histoire est aussi celle d'une tragédie qui se répète : elle a survécu à six agressions israéliennes successives avant d'être contrainte à l'exil lors du dernier massacre.


L'effacement systématique d'une identité


"Le but israélien, c'était de finir d'effacer l'identité palestinienne"
, affirme Nabila avec une lucidité glaçante. Ses mots ne laissent place à aucune ambiguïté: ce qui se déroule à Gaza dépasse la simple confrontation militaire.
"Ils visaient tout ce qui bougeait comme palestinien, et même les arbres, même les oliviers. C'était vraiment ostentatoire."

Cette destruction méthodique de tout ce qui fait l'identité palestinienne - les maisons, les infrastructures, mais aussi les symboles millénaires comme les oliviers - révèle une intention claire. Pour Nabila, cette violence extrême trahit quelque chose de fondamental:
"Tellement ils ont peur les Israéliens, que cette terre n'est pas la leur, ils sont en train de faire des trucs vraiment brutaux, vraiment barbares, et ça montre à quel point c'est pas leur terre."

Le déplacement: une réalité incompréhensible


Nabila insiste particulièrement sur la notion de
"déplacement"
, un terme qui ne rend pas justice à la réalité vécue par les Gazaouis.
"Moi je dis toujours à n'importe quelle personne qui ne comprend pas le déplacement, c'est pas qu'on a quitté une maison pour aller déménager dans une autre maison, non non non, c'est pas ça du tout."

La réalité est bien plus brutale: fuir sous les bombes avec uniquement ses vêtements, peut-être un téléphone portable.
"Pas d'eau, pas de vêtements, pas de toilettes, pas de nourriture. Surtout si on est sorti parce qu'il y avait un bombardement de notre maison. C'est à dire qu'on n'a rien."

Cette description, dans sa simplicité déchirante, permet enfin au public francophone de comprendre ce que signifie réellement survivre à
Gaza
.
"Peut-être que c'est trop difficile de sentir, de ressentir et aussi de comprendre à quel point c'est profond"
, reconnaît-elle, consciente de l'abîme qui sépare notre quotidien du leur.

Une vie volée, une résistance par l'existence


Le témoignage de Nabila révèle une vérité paradoxale:
les Palestiniens ne demandent qu'à vivre normalement sur leur terre
.
"Nous les Palestiniens, on vit normalement, on n'est pas en train de faire je ne sais quoi pour avoir la terre parce que c'est notre terre."

Sa propre histoire illustre cette tragique normalité volée. Enseignante investie dans l'éducation des enfants, fondatrice d'une clinique dédiée aux traumatismes post-guerre, Nabila construisait un avenir pour sa communauté. Aujourd'hui, sa maison est détruite, sa voiture effacée.
"Pourquoi? Parce que je vivais tout simplement."

Cette phrase résume toute l'absurdité de la situation : être ciblé non pour ce que l'on fait, mais simplement pour ce que l'on est. Pourtant, Nabila refuse le désespoir :
"Et moi j'attends juste. Ben bientôt je rentrerais. Je vais vivre."

La résistance comme acte de vie


Pour Nabila, la résistance palestinienne n'est pas une forme d'agression, mais l'expression la plus naturelle de la volonté de survivre.
"Même si on est en train de résister, c'est normal parce que c'est notre terre, on est attaqué sur notre terre."

Sa conclusion frappe par sa simplicité et sa puissanc
e: "Tout ce qu'ils font les Palestiniens, c'est vivre. Et c'est ça le problème des Israéliens."
Dans cette phrase se concentre toute la dimension tragique du conflit : un peuple dont le crime est simplement d'exister sur sa propre terre.

Une humanitaire témoigne


Au-delà de ce témoignage sur la survie,
Nabila Kilani
s'apprête à partager sur
Nouvelle Aube
son expérience d'actrice humanitaire. Comment fonctionne l'aide humanitaire dans une zone de conflit? Quels sont les défis quotidiens pour soigner les enfants traumatisés par les bombardements? Comment maintenir l'espoir quand tout s'effondre autour de soi?

Son parcours en tant que fondatrice d'un centre éducatif et d'une clinique psychologique pour enfants offre un éclairage unique sur les mécanismes de résilience d'une population soumise à des agressions répétées. Les signes post-traumatiques qu'elle a traités chez les jeunes Gazaouis témoignent d'une génération entière marquée par la violence.


Un document historique pour la francophonie


Ce témoignage exclusif représente un tournant pour l'information francophone sur
Gaza
. Pour la première fois, le public français peut entendre directement, dans sa langue, le récit d'une femme qui a vécu
l'enfer de Gaza
. Plus de traductions approximatives, plus d'intermédiaires: la voix de Nabila Kilani résonne avec authenticité et force.

Son courage de parler, malgré la douleur et l'exil, offre aux francophones une opportunité rare de comprendre la réalité palestinienne au-delà des images médiatiques fragmentées. C'est un document humain irremplaçable, un témoignage qui survivra à l'oubli et à l'indifférence.


Dans la suite de son interview sur Nouvelle Aube, Nabila continuera de partager son expérience, ses espoirs et sa vision pour l'avenir de Gaza. Parce que, comme elle le rappelle avec force, les Palestiniens ne demandent qu'une chose: vivre.


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