Le partenariat entre l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, et le président des États-Unis, Donald Trump, ne s’est pas seulement détérioré, il s’est transformé en duel. Après avoir quitté le "Ministère de l’Efficacité Gouvernementale", Musk a littéralement déclaré la guerre au projet d’accord budgétaire que Trump qualifie de "Grande et Belle Loi". Musk, quant à lui, qualifie le projet en question de "Grande et Laide Loi".
Le projet a été adopté à la Chambre des représentants, où les Républicains détiennent la majorité avec 220 députés, avec une seule voix d’écart. Lors du vote du 22 mai, en plus des Démocrates, les représentants Républicains Thomas Massie et Warren Davidson ont également voté "non". Le président du "Freedom Caucus" – représentant l’aile droite dure des Républicains – Andy Harris était présent au vote mais n’a pas voté. Deux autres représentants Républicains ne se sont pas présentés au vote.
Trump a tenu des propos visant Thomas Massie, l’une des figures de proue de l’aile "libertarienne" ou "conservatrice budgétaire" des Républicains. Rappelons que Massie, un conservateur budgétaire cohérent et déterminé, avait été le seul Républicain à voter contre le financement de 1 milliard de dollars pour le système de défense antimissile "Dôme de Fer" d’Israël en 2021.
Le projet de loi "Grande et Belle Loi" de Trump compte aussi des opposants parmi les Républicains du Sénat. L’un de ces sénateurs est Rand Paul, tout comme Massie, un libertarien-conservateur budgétaire. Au Sénat, qui compte 100 membres, les Républicains détiennent la majorité avec 53 sièges. Les opinions des conservateurs budgétaires et celles de Musk sur le projet se recoupent en grande partie. Toutefois, les conservateurs budgétaires s’opposent non pas à l’ensemble du projet, mais seulement aux parties qui contredisent leurs convictions idéologiques.
Les opinions des conservateurs budgétaires peuvent être résumées comme suit : réduction des impôts, diminution des dépenses publiques, et limitation du rôle régulateur de l’État. L’extension pour dix ans des réductions fiscales accordées aux grandes entreprises durant le premier mandat de Trump est en accord avec ces principes. Les faucons budgétaires s’opposent à l’augmentation du plafond de la dette publique à quatre mille milliards de dollars, arguant que cela creuserait davantage les déficits budgétaires et augmenterait le taux d’endettement fédéral.
Quant à l’aile droite populiste des Républicains, elle s’oppose aux dispositions du projet qui entraîneraient la perte de l’assurance santé et des aides alimentaires pour des millions d’Américains. Le sénateur Josh Hawley estime que le projet de loi aliénera la classe ouvrière blanche pro-Trump. Il qualifie la restriction de l’accès de ce groupe aux programmes de santé et aux coupons alimentaires de "moralement mauvaise et politiquement suicidaire". Les populistes critiquent le fait que les pertes fiscales liées aux réductions d’impôts pour les grandes entreprises soient compensées par des coupes dans les dépenses sociales.
Autre point critiqué : le fait que ceux qui approuvent sans problème l’augmentation des dépenses militaires défendent avec ferveur les coupes dans les programmes sociaux. Des faucons budgétaires comme Rand Paul et Thomas Massie veulent que les réductions d’impôts soient compensées par une réduction des dépenses militaires ou une diminution du financement du mur entre le Mexique et les États-Unis. Cela fait de Paul et Massie des cibles du lobby néoconservateur, des faucons dominants et du "lobby israélien".
Le débat interne au sein du camp républicain sur ce projet de loi de 1116 pages ressemble à l’histoire des aveugles décrivant un éléphant. Chacun des composants de la coalition trumpiste considère certaines parties du projet comme nuisibles et s’y oppose, tandis qu’il en soutient d’autres qu’il considère utiles. Le projet apparaît comme un mélange d’intérêts qui se recoupent, se heurtent, se contredisent ou s’opposent.
Dans son état actuel, l’adoption du projet par le Sénat, suivi de son retour à la Chambre pour approbation, reste incertaine. En raison de la pression intense de la base, certains représentants Républicains ont déclaré qu’ils ne voteraient pas pour le projet après avoir découvert certaines parties qu’ils avaient négligées dans les 1116 pages. Si des corrections capables de satisfaire tout le monde ne sont pas apportées, la fracture au sein de la grande coalition de Trump risque de se creuser et d’exploser.
Dans la scène finale du film Reservoir Dogs, réalisé par Quentin Tarantino au début des années 1990, les partenaires pointent leurs armes les uns sur les autres dans un espace étroit. Refusant de résoudre la crise par le dialogue, ils appuient tous sur la gâchette en même temps. Le désaccord autour du projet de loi que Trump appelle "Grande et Belle Loi" est dans la même situation.
Quant aux Démocrates, ils observent avec plaisir, comme s’ils regardaient un film, le duel entre Trump et Musk et le conflit au sein du camp trumpiste. Le film finira-t-il dans le sang ou sans effusion de sang ? Une autre question se pose : Trump pourra-t-il réconcilier les intérêts divergents de sa coalition, ou finira-t-il par abandonner ?
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