La perte la plus sérieuse d’Israël aux États-Unis

10:362/12/2025, mardi
MAJ: 2/12/2025, mardi
Abdullah Muradoğlu

Les sondages montrent une chute spectaculaire du soutien à Israël parmi les jeunes générations américaines, tandis que le soutien à la Palestine progresse fortement. Le "Lobby israélien" , les "néoconservateurs" et les responsables politiques traditionnellement pro-israéliens, des deux partis, redoutent que ce glissement durable parmi les jeunes Américains devienne irréversible. Plus frappant encore : les jeunes Juifs américains eux-mêmes commencent à se détacher d’Israël. Dans ma chronique publiée

Les sondages montrent une chute spectaculaire du soutien à Israël parmi les jeunes générations américaines, tandis que le soutien à la Palestine progresse fortement.


Le
"Lobby israélien"
, les
"néoconservateurs"
et les responsables politiques traditionnellement pro-israéliens, des deux partis, redoutent que ce glissement durable parmi les jeunes Américains devienne irréversible. Plus frappant encore : les jeunes Juifs américains eux-mêmes commencent à se détacher d’Israël. Dans ma chronique publiée dimanche, j’évoquais que cette question avait été débattue lors de l’Assemblée générale des Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA), récemment tenue à Washington.

Le recul du soutien chez les évangéliques blancs


Qu’en est-il alors des
"chrétiens sionistes",
ces plus fervents soutiens d’Israël aux États-Unis, qui se définissent ouvertement comme tels? Mauvaise nouvelle pour Israël : parmi les évangéliques blancs aussi, le soutien décroît, tandis que la sympathie envers les Palestiniens augmente.

La grande majorité des Juifs américains vote pour les démocrates, tandis que la majorité écrasante des évangéliques blancs vote républicain. Israël compte davantage sur les chrétiens sionistes que sur les Juifs américains. Les évangéliques blancs représentent un tiers de l’électorat républicain. Le
"Lobby israélien"
et les chrétiens sionistes — blancs, évangéliques et très actifs — exercent une influence majeure sur les ailes dominantes des deux partis au Congrès, au point de structurer la politique américaine au Moyen-Orient autour des intérêts israéliens.

Cependant, chez les évangéliques, plus l’âge baisse, plus le soutien à Israël recule. Les enquêtes récentes le montrent clairement. La
"génération Z"
évangélique s’éloigne à la fois des églises et d’Israël.

Ce phénomène n’est pas nouveau
. Il est observé depuis le début des années 2020, mais le génocide ouvertement mené par Israël à Gaza l’a accéléré. Les jeunes évangéliques sont profondément choqués par l’attitude de leurs prétendus leaders religieux qui soutiennent sans réserve le massacre de 70 000 personnes — dont 70 % sont des femmes et des enfants.

En 2015, seuls 3 % des jeunes évangéliques éprouvaient de la sympathie pour les Palestiniens. Ce chiffre est monté à 18 % en 2018. La même année, 75 % d’entre eux soutenaient Israël; en 2021, ils n’étaient plus que 34 %. En 2020, près de la moitié des évangéliques de 18 à 29 ans soutenaient la création d’un État palestinien. Les analystes qualifient cette chute spectaculaire du soutien à Israël de "sans précédent".


La presse israélienne elle-même souligne cette baisse vertigineuse du soutien chez les jeunes évangéliques. Les chroniqueurs sionistes s’inquiètent ouvertement du risque pour Israël de perdre, à terme, l’un de ses plus importants alliés.

Un effondrement religieux qui accentue la tendance


Le mouvement de sortie des églises évangéliques s’accélère. Selon des recherches menées en 2024, environ 25 millions d’Américains adultes ont abandonné la foi évangélique. Le vice-président américain JD Vance, pourtant élevé dans une famille évangélique, fait partie de ceux qui ont quitté ce milieu — avant de se convertir au catholicisme en 2019.


Une étude menée le mois dernier montre que des milliers d’églises s’apprêtent à fermer. Des auteurs évangéliques constatent que la génération Z se détourne totalement de cette culture, et qu’il n’y a plus de dynamique de création de nouvelles églises. Les institutions évangéliques — églises, écoles, fondations — n’attirent plus. Les jeunes cherchent leur avenir professionnel et personnel ailleurs. La culture évangéliste survit essentiellement parmi la génération dite
"boomer"
, née dans la décennie suivant la Seconde Guerre mondiale.

En 2021, l’ambassadeur israélien à Washington, Ron Dermer, déclarait :
"Les gens doivent comprendre que la colonne vertébrale du soutien à Israël aux États-Unis, ce sont les chrétiens évangéliques. Leur nombre, leur passion et la clarté de leur soutien en témoignent."

Or les données actuelles montrent que cette colonne vertébrale est gravement fragilisée — peut-être de manière irréversible. Israël dépense désormais des sommes considérables pour tenter d’enrayer cette érosion.


Le
"Lobby israélien"
, les
"néoconservateurs",
les évangéliques, les républicains et démocrates pro-israéliens savent parfaitement que le terrain se dérobe sous les pieds d’Israël au sein de la société américaine. Le sol brûle. Et pendant ce temps, la proportion des évangéliques blancs dans la population totale diminue.
Quoi qu’ils fassent, impossible de faire marche arrière désormais.
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