Le show de Trump au Parlement israélien !

10:4319/10/2025, dimanche
Abdullah Muradoğlu

Le 13 octobre, lors de son discours à la Knesset, le président américain Donald Trump semblait moins incarner le slogan "Make America Great Again (MAGA)" que "Make Israel Great Again (MIGA)". Les Israéliens ont largement profité de la faiblesse de Trump pour les flatteries. Le président de la Knesset, Amir Ohana, a comparé Trump au roi perse Cyrus le Grand, figure sacrée dans l’histoire juive antique. Selon la tradition, Cyrus mit fin à l’exil babylonien des Juifs et permit la reconstruction du

Le 13 octobre, lors de son discours à la Knesset, le président américain Donald Trump semblait moins incarner le slogan "Make America Great Again (MAGA)" que "Make Israel Great Again (MIGA)". Les Israéliens ont largement profité de la faiblesse de Trump pour les flatteries.


Le président de la Knesset, Amir Ohana, a comparé Trump au roi perse Cyrus le Grand, figure sacrée dans l’histoire juive antique. Selon la tradition, Cyrus mit fin à l’exil babylonien des Juifs et permit la reconstruction du temple de Jérusalem. Ohana a déclaré : "Monsieur le Président, vous vous adressez au peuple d’Israël non pas comme un président américain ordinaire, mais comme l’un des géants de l’histoire juive. Pour trouver un parallèle, il faut remonter 2 500 ans, jusqu’à Cyrus le Grand." Selon lui, seul Cyrus pouvait être comparé à Trump.


Les orateurs ont rappelé et remercié Trump d’avoir autorisé en 2020 l’expansion des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Pourtant, en septembre, Trump avait déclaré à la Maison-Blanche qu’il s’opposerait à toute annexion de la Cisjordanie. Submergé par les éloges, il semblait avoir oublié ses propres propos.


Miriam Adelson, épouse du défunt milliardaire sioniste Sheldon Adelson, qui finançait massivement les campagnes de Trump depuis 2016, était également présente. Trump l’a fait applaudir, affirmant qu’il avait accompli tout ce que les Adelson souhaitaient pour Israël, notamment le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Il a ajouté que leurs demandes ne semblaient jamais s’arrêter.


Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a quant à lui cité le Talmud de Babylone, selon lequel "celui qui sauve une vie sauve toute l’humanité". Il a remercié Trump pour avoir sauvé des otages israéliens. Ses paroles ont révélé une fois de plus que, pour les sionistes, les bébés, enfants, femmes et autres Palestiniens tués ou morts de faim et de maladie à Gaza ne sont pas considérés comme des "humains". Trump, évoquant sans cesse les otages israéliens libérés, n’a jamais mentionné les 70 000 Palestiniens tués ni les centaines de milliers de blessés. Seule la libération des Israéliens importait.


Trump a ajouté que son ami "Bibi" — le "génocidaire Benjamin Netanyahou" — lui demandait des armes américaines dont il ne connaissait même pas le nom, et qu’il les lui envoyait immédiatement. Il a félicité l’armée israélienne de "bien les utiliser", atteignant ainsi un niveau d’indécence inégalé. Ces propos révélaient que Gaza servait en réalité de terrain d’essai pour les armes américaines. En effet, l’armée israélienne a "bien utilisé" ces armes : en bombardant des maisons, hôpitaux, écoles et lieux de culte, en massacrant des civils sans défense, elle a démontré sa "puissance" au monde entier.


En Israël vivent environ 750 000 juifs américains, dont certains sont installés dans les colonies illégales de Cisjordanie. Lors de son discours, Netanyahou a cité le nom d’un soldat judéo-américain blessé à Gaza, présent dans la salle, et l’a couvert d’éloges. Trump, debout, l’a applaudi avec enthousiasme — une scène glaçante.


Pourtant, l’armée israélienne a aussi tué de nombreux citoyens américains d’origine palestinienne, sans que Washington ne s’en préoccupe. Parmi les victimes figurait Rachel Corrie, une militante américaine non palestinienne, écrasée délibérément par un bulldozer israélien en 2003 alors qu’elle tentait d’empêcher la destruction d’une maison palestinienne à Gaza. Vingt-deux ans plus tard, sa famille déplore toujours l’inaction du gouvernement américain pour que justice soit rendue. Et pendant ce temps, Trump applaudissait un soldat judéo-américain blessé parmi les rangs d’une armée coupable de crimes de guerre.


Toutes ces scènes posent une question : Trump est-il vraiment un "faiseur de paix" ?

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