Quand les yeux irlandais sourient…

12:3316/11/2025, dimanche
MAJ: 16/11/2025, dimanche
Abdullah Muradoğlu

Catherine Connolly, élue le mois dernier en Irlande présidente avec environ 64 % des voix, est, tout comme l’ancien président Michael D. Higgins, une voix forte contre le génocide mené par Israël à Gaza. Mais en Angleterre, le "lobby israélien" n’a pas tardé à se mobiliser pour que l’Irlande soit punie par les États-Unis en raison de ses politiques à l’égard d’Israël. Juste après l’élection de Connolly, le prétendu think-tank pro-israélien basé à Londres, "Policy Exchange", a publié un rapport mettant

Catherine Connolly, élue le mois dernier en Irlande présidente avec environ 64 % des voix, est, tout comme l’ancien président Michael D. Higgins, une voix forte contre le génocide mené par Israël à Gaza. Mais en Angleterre, le "lobby israélien" n’a pas tardé à se mobiliser pour que l’Irlande soit punie par les États-Unis en raison de ses politiques à l’égard d’Israël.


Juste après l’élection de Connolly, le prétendu think-tank pro-israélien basé à Londres, "Policy Exchange", a publié un rapport mettant l’Irlande dans la ligne de mire des États-Unis. Dans ce rapport, publié sous le titre « Les défis diplomatiques de l’Irlande et les leçons à tirer pour le Royaume-Uni » par "Policy Exchange", également qualifié d’organisation influente des néoconservateurs britanniques, on avertit que le Royaume-Uni pourrait connaître des tensions avec les États-Unis pour avoir reconnu l’"État de Palestine". Selon le rapport, si la politique étrangère du Royaume-Uni n’est pas en pleine harmonie avec celle de Trump, il subira le même traitement que l’Irlande et entrera dans un processus dangereux.


Dans le rapport, il est soutenu que le Royaume-Uni doit rester aligné non seulement avec les États-Unis sur Israël, mais aussi sur la Chine et les engagements de sécurité globale. Selon le rapport, l’Irlande a perdu la confiance des États-Unis et le prochain pays pourrait être le Royaume-Uni. En d’autres termes, "Policy Exchange " montre le bâton au gouvernement travailliste à demi-mot. Le rapport affirme que si le Royaume-Uni s’éloigne des priorités de Washington, il sera confronté à une forme d’isolement diplomatique.


Le rapport indique que l’hostilité de longue date de l’Irlande envers Israël a atteint son apogée avec une nouvelle loi boycotant les importations provenant de la Cisjordanie occupée, et il ajoute : "Cette situation a suscité un large débat au sein de l’administration Trump et parmi ses alliés au Congrès." Comme on peut le comprendre à partir de cette expression menaçante, les néoconservateurs britanniques soutiennent, tout comme les néoconservateurs américains, que "America First" doit être compris comme "Israel First". Il est intéressant que l’interdiction par l’Irlande d’importer des produits fabriqués par les colons sionistes illégaux en Cisjordanie soit qualifiée d’hostile aux intérêts des États-Unis.


La préface du rapport est rédigée par Robert C. O’Brien, qui fut conseiller à la sécurité nationale lors du premier mandat présidentiel de Trump. Membre actuel du "Presidential Intelligence Advisory Board (PIAP)", O’Brien cible les politiques pro-palestiniennes de l’Irlande en déclarant : "L’élection vendredi d’un candidat d’extrême gauche et anti-américain pourrait être un tournant." O’Brien affirme qu’il n’est pas totalement impossible pour l’Irlande de revenir sur ses politiques pro-palestiniennes, et qu’elle peut encore, tant qu’il en est temps, entrer de nouveau dans l’orbite des États-Unis.


O’Brien disait que l’Irlande se trouve à l’avant-garde des accusations de génocide contre Israël et qu’elle est "depuis toujours l’un des pays les plus hostiles à Israël dans le monde occidental". Par ailleurs, O’Brien a porté ces idées exprimées dans le rapport à la presse américaine dans un article publié le 6 novembre dans le « Wall Street Journal ». Dans cet article intitulé "Quand les yeux irlandais brillent (When Irish Eyes Are Smiling)", O’Brien déclarait que le président américain Trump ne tolérerait pas que des pays profitent de la puissance économique et de la protection militaire des États-Unis tout en menant une politique étrangère nuisible aux intérêts américains, ajoutant : "L’Irlande est l’un de ces pays."


Le titre de l’article d’O’Brien était une inversion du titre de la chanson folklorique irlandaise populaire "When Irish Eyes Are Smiling" (Quand les yeux irlandais sourient). Car "le fait que les yeux irlandais brillent" exprime ici, à l’inverse du sourire, un regard hostile et mauvais. Composée en 1912, cette chanson est quasi considérée comme un hymne national officieux dans les pays où vivent des immigrés irlandais, notamment aux États-Unis. Elle a été utilisée dans des dizaines de films américains, comme "Titanic".


Les Irlandais sont visés pour être punis parce qu’ils n’ont pas gardé le silence face au génocide commis par Israël contre les Palestiniens dans leur patrie et qu’ils ont exprimé une réaction de conscience. Mais les Irlandais, en élisant Catherine Connolly présidente avec une large majorité de voix, ont envoyé le message que leur position pro-palestinienne se poursuivrait. Comme le dit la chanson, quand les yeux irlandais sourient, comme l’air frais du printemps, tout renaît. Il ne fait aucun doute que lorsque les yeux palestiniens souriront, les Irlandais auront aussi leur part dans ce sourire. Cette juste fierté leur suffira. Seuls les ennemis de l’humanité seraient malheureux face au sourire des yeux palestiniens.

#Gaza
#Palestine
#Abdullah Muradoğlu