Journaux de la Flottille : Pourquoi aucun navire ne part-il des ports turcs ?

15:377/09/2025, dimanche
MAJ: 7/09/2025, dimanche
Ersin Çelik

Aujourd’hui, je souhaite clarifier une question. La Flottille Globale Sumud lève l’ancre depuis les ports de quatre pays. Lorsque la décision de départ a été annoncée, les pays confirmés étaient l’Espagne, la Tunisie et l’Italie. La Grèce a été ajoutée il y a seulement quelques jours. La délégation de la Flottille regroupe 44 pays, riverains ou non de la Méditerranée. Il s’agit d’une organisation civile mais dotée d’une certaine forme de structure officielle. Les décisions sont prises collectivement.

Aujourd’hui, je souhaite clarifier une question.


La Flottille Globale Sumud lève l’ancre depuis les ports de quatre pays. Lorsque la décision de départ a été annoncée, les pays confirmés étaient l’Espagne, la Tunisie et l’Italie. La Grèce a été ajoutée il y a seulement quelques jours. La délégation de la Flottille regroupe 44 pays, riverains ou non de la Méditerranée. Il s’agit d’une organisation civile mais dotée d’une certaine forme de structure officielle. Les décisions sont prises collectivement. Naturellement, les ports de départ des navires sont également déterminés par la délégation.


Comme vous le savez, nous sommes en Italie depuis une semaine avec un groupe de 9 personnes venues de Türkiye. En plus de mon rôle de journaliste, je suis responsable de terrain pour ce groupe. Je suis en contact régulier avec la délégation turque. Je transmets à mes camarades les décisions prises en temps réel. Jusqu’à présent, grâce à Dieu, nous n’avons rencontré aucune difficulté et nous avons rapidement développé une forte amitié. Si l’on ajoute les voyageurs turcs de la flottille vivant en Europe, nous sommes 15 au total. Presque chaque soir, nous nous retrouvons pour faire nos propres évaluations. Nous suivons aussi attentivement ce qui s’écrit sur les réseaux sociaux.


La question que nous avons le plus souvent reçue est la suivante :


"Pourquoi aucun navire ne part-il des ports turcs ?"


Nous nous étions nous-mêmes beaucoup interrogés à ce sujet au début. La réponse que nous avons obtenue a été claire. Pour être honnête, elle nous a convaincus. Au-delà de nos propres discussions internes, en échangeant également avec des membres de la délégation de la Flottille lors de nos journées de formation en Italie, une logique s’est dégagée. Mais comme aucune déclaration officielle n’a été faite, nous n’avions jamais abordé ce sujet publiquement.


Cependant, ces derniers jours, nous avons remarqué que cette question s’était transformée en propagande contre la Flottille. Sous nos publications sur les réseaux sociaux, des commentaires sont apparus, cherchant à rabaisser ce voyage, affirmant que nous n’avions pas eu le courage de partir de Türkiye et que nous avions été contraints de rejoindre l’Italie. J’exclus de cela, bien sûr, ceux qui, de bonne foi, expriment leur tristesse de voir que la Türkiye n’a pas participé à ce soulèvement de conscience par ses ports. Nous avons nous-mêmes ressenti cette peine. Mais la réalité n’est pas du tout celle que certains agitent comme un "chewing-gum" sur les réseaux sociaux.


Après discussion avec la délégation turque, j’ai décidé d’écrire ce texte.


Alors, venons-en à la réponse…


La Flottille Globale Sumud, composée de 44 pays et de participants issus de 48 pays, n’a jamais formulé de demande pour que des navires partent des ports turcs. Je me suis interrogé sur les raisons, et voici les informations que j’ai obtenues : la Flottille étant une initiative centrée sur l’Europe, c’est une décision collective de la délégation. Les événements du passé, notamment l’attaque du Mavi Marmara et la politique d’intervention israélienne sur les navires, sont bien sûr restés dans tous les esprits. Le risque que des navires quittant la Türkiye deviennent une cible directe a été l’un des principaux facteurs influençant cette décision.


D’ailleurs, le voyage épique du Mavi Marmara revient constamment dans nos cours en Sicile. Dans notre groupe se trouvent l’avocate Gülden Sönmez et le docteur Halil Çanakçı, qui ont participé à cette traversée. Tout le monde ici veut leur parler et écouter leurs expériences. Mais la délégation de la Flottille Globale Sumud est aussi consciente des politiques et des discours qu’Israël a élaborés, de façon traumatique, autour du Mavi Marmara.


Précisons aussi que les navires de la Flottille partent uniquement avec l’autorisation des États concernés. Ainsi, jusqu’à présent, l’Espagne, l’Italie, la Tunisie et la Grèce n’ont exercé aucune entrave. Au contraire, aux soutiens populaires se sont ajoutés des soutiens politiques. La question "La Türkiye n’a-t-elle pas donné son autorisation ?" peut donc venir à l’esprit. Mais il faut savoir qu’aucune demande n’a jamais été adressée à la Türkiye par la délégation de la Flottille Globale Sumud ; il n’y a donc jamais eu de processus d’autorisation ou de refus.


La délégation a révélé une mission de conscience d’une grande ampleur, mais agit aussi de manière stratégique. Quand l’idée de mettre en place une puissante flottille vers Gaza a émergé, des dizaines de ports ont été proposés, et la délégation a travaillé dessus. Comme je l’ai déjà mentionné, la Flottille regroupe des participants de 48 pays. Le transfert des activistes vers les villes portuaires, l’organisation de formations terrestres d’une semaine, leur bon déroulement, constituent une étape cruciale nécessitant une grande rigueur. Une opération multi-port implique aussi la gestion de toute la logistique : organisation, déplacement de milliers de personnes, hébergement, obtention de visas… Tous ces détails ont été pris en compte pour choisir les ports. Le souvenir du Mavi Marmara est toujours présent, mais il ne doit y avoir aucune division par nationalités à bord des navires.


Le rôle de la Türkiye dans la Flottille est tout aussi important que celui des ports. Elle a une responsabilité stratégique. Les deux plus grands navires de la Flottille sont confiés à des capitaines turcs. De nombreux Turcs jouent un rôle clé dans la délégation, en particulier dans la gestion et la direction maritime de la flottille. Mais comme personne, dans ce mouvement de conscience, n’a l’intention de faire de la propagande nationale ou patriotique, ces informations ne sont pas mises en avant. Et, de fait, il n’y en a pas besoin.


Instrumentaliser la phase de départ des navires à des fins de politique intérieure ne ferait que nuire à la Flottille et affaiblir son soutien terrestre. Des agendas divergents jetteraient une ombre sur l’objectif de la plus grande flottille civile de l’histoire, composée de personnes venues des quatre coins du monde pour atteindre Gaza. Alors que Gaza gémit chaque jour davantage sous un génocide, le soutien politique à la Flottille Sumud, qui mène ce soulèvement mondial, est évidemment nécessaire. Mais cela ne peut se faire que dans un langage et une approche au-dessus de la politique.

***

Le calendrier du départ a de nouveau changé. Les navires partis d’Espagne sont arrivés hier en Tunisie, avec deux jours de retard par rapport au point de départ en Italie. Nous profitons de cette opportunité pour commencer, en plus des formations théoriques, des exercices pratiques. Nous allons désormais nous entraîner directement au port. Je continuerai à partager les détails dans les Journaux de la Flottille.

#Journaux de la Flottille
#La Flottille Globale Sumud
#Ersin Çelik