Pourquoi la France veut absolument pénaliser l’antisionisme ?

09:3725/12/2025, jeudi
MAJ: 25/12/2025, jeudi
Fatih Karakaya

Le sionisme consisterait à reconnaître l’État d’Israël. Dès lors, être antisioniste deviendrait synonyme d’antisémitisme, puisque, de facto, cela reviendrait à ne pas reconnaître l’existence d’Israël. Plusieurs députés franco-israéliens à l’Assemblée nationale française, oui, ils défendent parfois davantage les intérêts d’Israël que ceux de la France, ainsi que des figures centrales du gouvernement comme Aurore Bergé ou Manuel Valls , tentent coûte que coûte d’inscrire dans la loi l’idée que l’antisionisme

Le sionisme consisterait à reconnaître l’État d’Israël. Dès lors, être antisioniste deviendrait synonyme d’antisémitisme, puisque, de facto, cela reviendrait à ne pas reconnaître l’existence d’Israël.


Plusieurs députés franco-israéliens à l’Assemblée nationale française, oui, ils défendent parfois davantage les intérêts d’Israël que ceux de la France, ainsi que des figures centrales du gouvernement comme
Aurore Bergé ou Manuel Valls
, tentent coûte que coûte d’inscrire dans la loi l’idée que l’antisionisme serait identique à l’antisémitisme.

Imaginons un instant un raisonnement équivalent appliqué à l’islam. Comme si les fameux
"Frères musulmans"
, que certains prétendent omniprésents et tout-puissants sans jamais en apporter la moindre preuve concrète, déclaraient : "
Nous allons faire une loi contre l’anti-islamisme, assimilé à l’hostilité envers les musulmans."

Le mot islamophobie provoquant une allergie politique chez certains, on lui préfère parfois l’expression
"haine antimusulmane".
Mais comment nommer l’équivalent exact de l’antisémitisme lorsqu’il s’agit des musulmans ? À mes yeux, l’islamophobie correspond à l’antisémitisme dans sa définition, appliquée à une autre religion.

La décision du tribunal français sur l'antisionisme


Par ailleurs, en France, à partir d’un cas précis, un tribunal a récemment affirmé que la critique du sionisme devait être dissociée de l’antisémitisme. C’est une première victoire. Certes, elle ne concerne qu’un seul dossier, mais elle est essentielle. D’abord parce qu’elle rappelle un principe fondamental: la liberté d’expression. Ensuite parce qu’elle peut, à terme, faire jurisprudence.


Ainsi, la volonté de certains responsables politiques de restreindre cette liberté en assimilant antisionisme et antisémitisme est dangereuse. Interdire la critique d’une idéologie ouvre la voie à des dérives graves et potentiellement irréversibles pour nos démocraties. Aucune idéologie, religieuse, politique ou nationale, ne peut être soustraite au débat critique.


Comme le rappelait Hannah Arendt:

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie.

Le sionisme


Pour éviter toute confusion, il aurait sans doute été plus simple de définir clairement le sionisme dès le départ. Sans entrer dans tous les détails, ses défenseurs affirment qu’il consiste à défendre le droit des Juifs à disposer d’un État.
Dont acte.

Mais plusieurs problèmes se posent immédiatement. Le droit international reconnaît aussi le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Accorder, donc, un droit spécifique à un groupe religieux, impliquant un traitement différencié, pose donc un sérieux problème juridique et moral.


Ensuite, l’amalgame constant entre Juifs et Israéliens est profondément contestable. Tous les Israéliens sont-ils juifs ? Tous les Juifs sont-ils israéliens ? La réponse est clairement non. Que fait-on alors des centaines de milliers de Juifs antisionistes à travers le monde ?


Autre question centrale: lorsque l’on parle d’un État juif, de quelles frontières parle-t-on ? C’est précisément là que les antisionistes formulent leur opposition. En effet, le sionisme politique actuel, incarné notamment par de nombreux ministres israéliens et par Benjamin Netanyahu, repose sur une logique coloniale et expansionniste.
Il ne se contente pas des frontières définies par le droit international.

Encore récemment, ce gouvernement d’extrême droite, raciste, qui a transformé Israël en
"État juif"
en niant de facto une partie de ses citoyens, a voté la construction de 19 nouvelles colonies dans les territoires palestiniens occupés.

Si nier l’existence de l’État d’Israël devait être puni, pourquoi nier l’existence même du peuple palestinien serait-il toléré, voire encouragé ?


En 2025, des personnalités comme Caroline Yadan ou Meyer Habib peuvent affirmer sans aucune sanction que la Judée-Samarie appartiendrait aux Juifs, niant ainsi l’existence des Palestiniens. Dans la même logique idéologique, Gaza est perçue comme un trophée territorial à conquérir.


S’opposer à cette vision ne fait pas de nous des antisémites.

S’opposer à la politique génocidaire de Netanyahu


Certains avancent qu’il faudrait critiquer Netanyahu, mais jamais Israël. Pourtant, en France, des humoristes ont été sanctionnés ou écartés pour s’être moqués de ce Premier ministre, pourtant mis en cause par des juridictions internationales pour des crimes graves à Gaza.


De même, demander l’exclusion d’Israël de l’Eurovision ou de compétitions sportives internationales a valu à certains une mise à l’index immédiate. Lorsque la Russie a été exclue, personne n’a parlé de russophobie. Mais lorsque des citoyens critiquent un chanteur ayant affiché son soutien à la guerre menée à Gaza, ils sont aussitôt accusés d’antisémitisme.


Ces exemples pourraient être multipliés. Mais une chose est sûre: lorsque l’accusation d’antisémitisme devient une arme systématique pour faire taire toute critique politique, on peut légitimement s’inquiéter de ce que deviendrait la France si une telle loi venait à être adoptée.
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