Près de la ville de Ceba en Palestine occupée, un accident de la route survenu le jeudi 16 février 2012 s’est transformé en l’une des plus grandes tragédies de l’histoire de la Palestine : un bus transportant des enfants d’âge préscolaire et leurs enseignants, qui se rendaient à Ramallah pour un pique-nique, est entré en collision avec un camion. L’accident a coûté la vie à 10 enfants et un enseignant. L’inclinaison du bus et son incendie ont aggravé le bilan, certains corps étant brûlés au point d’être méconnaissables. Les enfants décédés avaient entre 4 et 6 ans. Au moins 30 autres enfants blessés ont été transportés dans divers hôpitaux de Palestine et d’Israël.
Qualifiant cet événement de "catastrophe nationale", le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décrété trois jours de deuil et ordonné la mise en berne des drapeaux. Selon un communiqué de la police palestinienne, l’accident est survenu lorsque le bus, en raison de la pluie soudaine, a pris le chemin du retour. Le mauvais état de la route rendu glissante par la pluie a été cité comme la cause principale de l’accident. L’occupation israélienne a également réaffirmé qu’aucun autre facteur que les mauvaises conditions météorologiques n’avait contribué à l’incident.
Comme beaucoup d’événements tragiques au Moyen-Orient, cet accident de la route à Ceba a été discuté un temps, puis oublié. Les familles ayant perdu leurs enfants ont, bien sûr, ressenti cette tragédie de manière bien plus profonde, mais avec le temps, elles ont fini par s’habituer à leur douleur. L’occupation israélienne perpétue de tels crimes qu’elle fait oublier ces accidents de la route, ajoutant chaque jour de nouveaux drames aux souffrances du peuple palestinien.
Cependant, près de dix ans après l’accident, en mars 2021, un article intitulé "Un jour dans la vie d’Abid Selâme", publié dans *The New York Review of Books*, a traité le sujet sous un angle totalement différent. L’auteur se concentrait sur la vie d’Abid Selâme, un Palestinien qui avait perdu son fils Milad, âgé de cinq ans, dans l’accident. Il interprétait cette tragédie comme une conséquence presque inévitable des difficultés quotidiennes imposées aux Palestiniens par l’occupation israélienne. L’occupation israélienne de Ceba et de ses environs, la multiplication des colonies juives, l’obligation pour les Palestiniens d’emprunter des itinéraires longs et risqués pour parcourir de courtes distances, l’indifférence d’Israël aux besoins les plus élémentaires des Palestiniens afin d’assurer le confort de ses citoyens juifs, la séparation des vies par le mur de l’apartheid et les espoirs brisés… L’auteur décrivait la perte du fils d’Abid Selâme comme un maillon de cette chaîne de tragédies, une conséquence directe de l’occupation israélienne.
Ce qui est encore plus surprenant, c’est que l’auteur, qui s’est rapidement fait un nom grâce à son article tout en devenant la cible des sionistes, est lui-même juif. Nathan Thrall, né en 1980 d’une mère juive soviétique, a étudié en Californie et à New York avant de partir en Israël, où il a appris l’hébreu et l’arabe à l’Université de Tel-Aviv. Membre du *International Crisis Group*, il a vécu un temps à Gaza, observant de près les difficultés du peuple palestinien. Depuis 2010, il réside en Palestine occupée, où son expérience s’est approfondie, et il a suivi de près l’accident de Ceba.
L’article de Thrall, qui explorait les multiples dimensions de l’occupation israélienne, ayant suscité un grand intérêt, l’auteur a décidé d’en faire un livre. Ainsi, "Un jour dans la vie d’Abid Selâme – Anatomie d’une tragédie à Jérusalem" a été publié le 3 octobre 2023. Par une curieuse coïncidence, la publication de ce livre a eu lieu juste avant le déclenchement du Déluge d’Al-Aqsa. Par la suite, Thrall n’a pas été surpris de constater que, dans de nombreux médias influencés par les sionistes, il lui était désormais impossible de s’exprimer.
"Un jour dans la vie d’Abid Selâme – Anatomie d’une tragédie à Jérusalem" a été rapidement traduit en turc par Ketebe Yayınları. Ce livre, traduit avec soin par Şuhedanur Hacıalioğlu, mérite d’être inclus dans vos lectures du Ramadan. Vous y découvrirez un texte incontournable pour comprendre l’occupation israélienne.
J’ai emprunté ce titre à Tchinghiz Aïtmatov. Bien que les géographies soient éloignées, les douleurs se ressemblent tant…
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