Automobile: la "folie" de Trump alarme l’industrie allemande

La rédaction avec
14:419/04/2025, Çarşamba
AFP
Ttour de stockage du constructeur automobile allemand Volkswagen, sur le site du siège de l’entreprise à Wolfsburg, dans le centre de l’Allemagne, le 11 mars 2025.
Crédit Photo : Ronny Hartmann / AFP
Ttour de stockage du constructeur automobile allemand Volkswagen, sur le site du siège de l’entreprise à Wolfsburg, dans le centre de l’Allemagne, le 11 mars 2025.

À Wolfsburg, fief de Volkswagen, les nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump sur les voitures importées provoquent une vive inquiétude. Retraités et syndicalistes dénoncent une "pure folie" qui menace l’industrie automobile allemande. Déjà fragilisé par la concurrence chinoise et les coûts de production, le secteur voit ses exportations vers les États-Unis - son premier marché - sérieusement compromises. Volkswagen, dont 65 % des ventes américaines sont issues d’importations, évalue encore l’impact des mesures. Le syndicat IG Metall appelle à une réaction politique et industrielle forte pour préserver l’emploi.

La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump menace sérieusement l’industrie automobile allemande. À Wolfsburg, fief industriel de Volkswagen, l’atmosphère déjà tendue laisse désormais place au désarroi.


Dans une rue piétonne du centre-ville, Richard Arnold, 85 ans, ancien ouvrier ayant passé sa carrière sur les chaînes de montage de Volkswagen, qualifie les droits de douane imposés par Washington de "catastrophe" et de "terrible". Selon lui, ces mesures auront des conséquences économiques majeures des deux côtés de l’Atlantique.


"C’est du grand n’importe quoi, de la pure folie"
, s’indigne Friedhelm Wolf, 70 ans, également retraité du constructeur, qui juge que le président américain
"ne sait pas ce qu’il fait".
Un autre ancien salarié, Nicky, lunettes de soleil et casquette "New York" vissée sur la tête, redoute pour sa part des pertes d’emploi:
"Ça va clairement être compliqué"
, confie-t-il.

Des suppressions de postes déjà programmées


La tension est d’autant plus palpable que Volkswagen prévoit la suppression de
35 000 postes d’ici 2035
, soit l’équivalent de plusieurs sites de production. Wolfsburg, siège historique et plus grande usine du groupe, n’échappera pas à cette restructuration.

La décision de Donald Trump d’appliquer
25 % de droits de douane sur les voitures importées
représente un coup dur supplémentaire pour un secteur déjà affaibli par la hausse des coûts énergétiques et salariaux, ainsi que par la concurrence croissante des constructeurs chinois sur le marché du véhicule électrique.

Les États-Unis, principal partenaire commercial de l’Allemagne, représentent
13,1 % des exportations automobiles
allemandes. Un quart des produits "made in Germany" exportés vers les États-Unis sont des voitures.

Volkswagen face à une équation incertaine


Le groupe Volkswagen — qui regroupe les marques VW, Audi, Porsche, Seat et Skoda — n’a pas encore précisé comment il comptait réagir. Le scandale du "dieselgate" en 2015 avait terni sa réputation en Amérique du Nord, mais le constructeur y a vendu
plus d’un million de véhicules l’an dernier
, soit
12 % de ses volumes mondiaux
.

Un porte-parole de VW a indiqué que l’impact des nouvelles taxes est encore en cours d’évaluation. Selon la presse, le groupe envisagerait une
"taxe d’importation"
sur ses véhicules à destination des États-Unis et aurait suspendu certains envois ferroviaires depuis le Mexique.

Riposte européenne et inquiétudes syndicales


À court terme, une négociation bilatérale reste la piste privilégiée.
"Si ça ne suffit pas, il faudra bien hausser les tarifs en retour"
, affirme Friedhelm Wolf. L’Union européenne a proposé une
exemption réciproque totale de droits de douane sur les produits industriels
, y compris les voitures. Une initiative rejetée par Donald Trump.

La situation est d’autant plus critique que les consommateurs allemands achètent peu de voitures fabriquées aux États-Unis.
65 % des véhicules VW vendus outre-Atlantique sont importés
, malgré une usine implantée dans le Tennessee. Audi et Porsche, quant à elles, produisent entièrement hors sol américain. Le modèle électrique ID.7 est quant à lui assemblé à Puebla, au Mexique, pour le marché nord-américain.

Mais pour Friedhelm Wolf, une chose est sûre:
"Ce sont les consommateurs américains qui vont payer l’addition".

À Hanovre, Thorsten Groeger, responsable du syndicat IG Metall, confirme les craintes des salariés
: "La part des exportations de VW vers les États-Unis est significative. Les salariés ont toutes les raisons d’être inquiets."
Il exhorte à une réaction concertée entre politiques et industriels afin de
"garantir la sécurité de l’emploi".

"Il ne faut pas que la politique de Trump pousse nos collègues allemands à craindre pour leur avenir"
, conclut-il.

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