Stellantis suspend certaines productions au Canada et au Mexique suite aux taxes douanières automobiles de Trump

Crédit Photo : BILL PUGLIANO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

L'usine d'assemblage Stellantis de Windsor est montrée le 1er avril 2025 à Windsor, au Canada.

Le constructeur automobile Stellantis a annoncé jeudi la suspension de la production dans certaines usines au Canada et au Mexique, marquant les premières perturbations liées aux nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump sur les véhicules fabriqués à l’étranger.

Des milliers d’emplois en péril

L’annonce du groupe, propriétaire des marques Chrysler, Jeep et Dodge, plonge des milliers de travailleurs dans l’incertitude et l’inquiétude. Depuis jeudi 04h01 GMT, les véhicules assemblés en dehors des États-Unis sont soumis à une surtaxe de 25%, tandis que des droits de douane équivalents sur les pièces détachées doivent être mis en place progressivement.

En réaction, Stellantis a déclaré la fermeture temporaire de son usine de Windsor (Canada), employant environ 4 000 salariés, à compter de lundi, pour une durée de deux semaines,

"principalement"

en raison des nouveaux tarifs douaniers, selon une porte-parole du groupe.

Inquiétude et incertitude chez les ouvriers

Sur le parking de l’usine, les visages sont fermés. Philip Sauve, ouvrier chez Stellantis, confie son anxiété, il a déclaré:

J’espère que notre gouvernement et celui des États-Unis vont trouver une solution qui ait du sens.

Attristé, il évoque la

"vie confortable"

qu’il risque de perdre, alors que l'industrie automobile est au cœur de l'économie de cette ville de 250 000 habitants, située à quelques kilomètres de Détroit. Les fermetures en cascade d'usines et de sous-traitants pourraient entraîner des milliers de licenciements supplémentaires.

Un avenir incertain pour l’industrie automobile canadienne et mexicaine

L’usine de Windsor, détenue par Stellantis, est une installation historique de Chrysler, produisant des monospaces Chrysler Pacifica et des berlines électriques Dodge Charger, largement exportés vers les États-Unis.

"C’est le grand flou. Nous ne savons pas ce qui va se passer demain avec Donald Trump. Il pourrait encore changer d’avis"

, commente Dave Lumley, un autre ouvrier. Selon lui, le Canada sera le plus touché à long terme.

Des négociations en cours avec l’administration américaine

Dans un communiqué, Stellantis a affirmé poursuivre l’évaluation des effets des taxes américaines sur les véhicules importés et continuer à négocier avec l’administration Trump.

"Les mesures immédiates comprennent l'arrêt temporaire de la production dans certaines usines d'assemblage au Canada et au Mexique, ce qui impactera également nos sites américains de production de moteurs et d’emboutissage",

a précisé le groupe.

Les constructeurs dénoncent des hausses de prix pour les consommateurs

Les nouvelles taxes douanières s’inscrivent dans la guerre commerciale menée par Donald Trump, qui a également imposé des sanctions tarifaires contre l’Asie et l’Union européenne.

Stellantis, aux côtés de Ford et General Motors, plaide pour un allègement des droits de douane sur les véhicules importés du Canada et du Mexique, où les constructeurs possèdent de nombreuses usines. Ils craignent que ces taxes, censées relocaliser la production aux États-Unis, n’entraînent en réalité une forte hausse des prix des véhicules, décourageant ainsi les acheteurs.

Le Canada veut une industrie automobile indépendante

Fin mars, lors d’une visite à Windsor, le Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré vouloir créer un réseau de construction automobile 100% canadien, affirmant :

Il ne s’agit pas d’attendre que les Américains deviennent plus raisonnables. Il s’agit d’agir maintenant.

De son côté, Donald Trump accuse le Canada d’avoir

"volé"

l’industrie automobile américaine et exhorte les constructeurs à fabriquer leurs véhicules aux États-Unis pour éviter les taxes.