La présidente de l’African Security Sector Network, Niagalé Bagayoko a pris la parole sur la politique française en Afrique.
En novembre 2021, un convoi logistique de l’armée française en provenance de Côte d’Ivoire et à destination du Niger a été bloqué durant plusieurs jours par des milliers de manifestants sur le sol burkinabè. Le convoi subira le même sort sur le sol nigérien faisant des morts. Au Mali comme au Burkina Faso, alors que la situation sécuritaire s’est dégradée, on assiste ces derniers mois à des manifestations hostiles à la présence la France, l’ancienne puissance coloniale.
Bagayoko explique que les tensions que l’on constate de manière croissante entre la France et certains pays africains ont différentes origines, certaines récentes et d’autres plus anciennes.
Il est très difficile aujourd’hui de ne pas considérer que les coups de force militaires auxquels on assiste au Sahel- mais aussi largement en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest avec ce qui se produit à la fois en Guinée mais également au Tchad- ne sont pas le reflet de ces déficits de gouvernance.
Concernant l'efficacité des contingents étrangers stationnés au Sahel, Bagayoko pense que la crise sahélienne tout comme la crise afghane a démontré l’échec collectif des partenaires étrangers à apporter une réponse satisfaisante permettant de contenir et plus encore de mettre un terme à l’insécurité grandissante en Afrique de l’Ouest.
Et d'ajouter que les solutions proposées sont très souvent importées depuis l’extérieur selon une approche qui est apparue très standardisée d’où l’intérêt de comparaison avec les moyens internationaux qui ont été mobilisés en Afghanistan notamment en termes d’ingénierie institutionnelle et de consolidation de la paix.
Rappelant les initiatives qui ont été prises par certains acteurs de la région, par exemple la force multinationale mixte qui a été mise en place pour lutter contre les groupes issus de Boko Haram, elle note que cette force, même si elle est loin d’être parfaite, a néanmoins obtenu un certain nombre de résultats qui sont beaucoup plus intéressants par exemple que ceux qui ont pu être obtenus par le G5 Sahel.
Pour Bagayoko, les solutions à la crise sécuritaire résident avant tout dans les approches développées au niveau national par les Etats sahéliens qui demandent de mobiliser l’instrument militaire et sécuritaire car les populations ont besoin d’être protégées.