Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé. Crédit photo: JOSEPH EID / AFP / ARCHIVE
Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban (BDL), ne s'est pas présenté mardi pour son premier interrogatoire à Paris qui aurait pu déboucher sur sa mise en examen dans l'enquête sur son riche patrimoine européen, a appris l'AFP auprès de son avocat, Pierre-Olivier Sur.
Alors qu'il avait jusque-là refusé tout commentaire sur la venue de son client, Me Sur a indiqué mardi à l'AFP qu
"en ayant adressé la convocation moins de 10 jours avant la date prévue de l'interrogatoire, les textes n’ont pas été respectés. La convocation est donc caduque. C'est imparable".
Une source judiciaire libanaise avait indiqué lundi à l'AFP que le tout puissant gouverneur de la banque centrale libanaise ne devrait pas être présent à Paris, car les autorités du pays du Cèdre n'avaient pas réussi à lui remettre une convocation.
Des policiers libanais se sont rendus pendant quatre jours consécutifs la semaine dernière au siège de la BDL pour délivrer la convocation, sans succès, a précisé à l'AFP lundi cette source.
La magistrate française peut désormais choisir de reconvoquer M. Salamé, ou alors de décerner un mandat d'arrêt international.
M. Salamé, 72 ans, est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais. Il réfute ces accusations.
Depuis le début de l'année, des juges européens, incluant la juge française, se sont rendus à trois reprises au Liban pour l'interroger ainsi que ses proches.
Au moins deux mises en examen ont été prononcées dans l'enquête française: Anna K. une très proche de M. Salamé, soupçonnée d'être l'une de ses prête-noms en France; et Marwan Kheireddine, ex-ministre et actuel patron de la banque privée al-Mawarid.
La cour d'appel de Paris doit par ailleurs examiner le 23 mai la validité de saisies en Europe sur des biens qui appartiendraient à M. Salamé.
"La large dérobade de Salamé est à la mesure de son cynisme et de son refus d'assumer toute responsabilité
(...)
. Un jour ou l'autre, il sera arrêté",
a affirmé Me William Bourdon, avocat de l'association Sherpa et du Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CPVCL), parties civiles. L'avocat a aussi mis en cause
"une obstruction systématique de certains magistrats libanais, en contradiction totale avec leurs obligations vis-à-vis de la France"
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