Crédit Photo : Adrian Dennis / AFP
Le Premier ministre britannique Keir Starmer quitte le 10 Downing Street, en route pour faire une déclaration ministérielle à la Chambre des Communes, dans le centre de Londres, le 3 mars 2025.
Peu expérimenté en politique étrangère et souvent accusé de manquer de charisme, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'illustre pourtant par ses efforts diplomatiques pour rapprocher l'Europe et les Etats-Unis sur le dossier ukrainien, replaçant son pays sur le devant de la scène internationale.
Le dirigeant travailliste, qui entend faire jouer au Royaume-Uni un rôle de premier plan après les années post-Brexit, a enchaîné rencontres et entretiens ces derniers jours, se livrant à un numéro d'équilibriste entre les présidents américain Donald Trump et ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il a accueilli à Londres dimanche une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet et annoncé un plan -restant à détailler- afin de garantir une
en Ukraine, comprenant une
"coalition de pays volontaires"
prêts à protéger un éventuel cessez-le-feu.
Evie Aspinall, directrice du groupe de réflexion British Foreign Policy Group, se dit
"assez surprise de la façon naturelle avec laquelle il a endossé ce rôle"
, notant que Keir Starmer
"n'avait pas beaucoup d'expérience en politique étrangère".
"Mais c'est un juriste très expérimenté, c'est un homme très intelligent et il a montré ces derniers jours qu'il peut vraiment se hisser sur la scène internationale et gérer des caractères difficiles"
, ajoute l'experte.
"Après le Brexit, nous avons vraiment peiné à trouver notre identité"
, souligne-t-elle.
"Nous n'allons jamais redevenir la grande puissance mondiale que nous avons été mais c'est un signe que nous trouvons nos marques",
juge-t-elle à propos de cette activité diplomatique.
Après la spectaculaire altercation Trump-Zelensky à la Maison Blanche, le Britannique a entrepris un travail de médiateur, accueillant chaleureusement le dirigeant ukrainien à Downing Street et s'entretenant avec le président américain à deux reprises pendant le week-end.
"(Ma) réaction a été de dire qu'il fallait réconcilier (les positions). Nous devons trouver un moyen de travailler tous ensemble, parce que nous avons connu trois années de conflit sanglant. Il faut maintenant que nous parvenions à une paix durable"
, a déclaré Keir Starmer dimanche à la BBC.
Donald Trump s'en est toutefois de nouveau pris lundi à Voldymyr Zelensky et a critiqué les discussions de Londres, soulignant sur son réseau Truth Social que les dirigeants réunis avaient
"tout bonnement déclaré qu'ils ne peuvent pas faire le travail sans les États-Unis".
Ancien avocat spécialisé dans les droits humains et ex-procureur général pour l'Angleterre et le Pays de Galles, M. Starmer fait preuve d'un mélange de prudence et de pragmatisme qui pourrait s'avérer payant sur l'Ukraine, estiment des analystes.
"Il a très bien joué jusqu'à présent"
, juge Anand Menon, professeur de politique européenne à l'université King's College London.
"Il a été prudent, modéré et réfléchi, ce qui correspond tout à fait à son caractère"
, ajoute-t-il.
Keir Starmer, 62 ans, est entré en politique relativement tard, en devenant député en 2015. Il jouit au Parlement d'une confortable majorité, après la large victoire du Labour aux élections de juillet, qui a mis fin à quatorze années de gouvernements conservateurs.
Ses premiers mois au pouvoir ont toutefois été difficiles, avec des décisions impopulaires comme la fin d'un chèque énergie pour certains retraités, une polémique sur des cadeaux dont lui-même ainsi que plusieurs membres de son gouvernement ont bénéficié, une croissance stagnante et des hausses d'impôts qui ont sapé le moral des entreprises.
Reste à voir si son travail diplomatique sur l'Ukraine donnera un coup de pouce à sa popularité en berne.
Selon une enquête de l'institut More in Common publiée lundi, la cote de Keir Starmer a gagné six points pendant le week-end, devant le leader du parti anti-immigration Reform UK Nigel Farage et la cheffe des Tories Kemi Badenoch. Même si le plus gros contingent des sondés (38%) estiment qu'aucun des trois
"ne (fait ou) ferait un bon Premier ministre".
Malgré les échanges de compliments et d'amabilités, M. Starmer n'est toutefois pas revenu de Washington avec des garanties de sécurité de la part de Donald Trump susceptibles de dissuader le président russe Vladimir Poutine de violer tout accord de cessez-le-feu.
Et des questions majeures subsistent sur la forme que prendrait une trêve éventuelle et sur la composition de la
"coalition de pays volontaires"
prêts à envoyer des troupes en Ukraine pour défendre un cessez-le-feu.
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