Côte d'Ivoire: polémique autour d'anomalies budgétaires relevées par la Cour des Comptes

19:374/01/2024, jeudi
MAJ: 5/01/2024, vendredi
AFP
Cette photo prise le 9 avril 2016 à N'Djamena, montrant des billets de banque en francs CFA de la monnaie émise par la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
Crédit Photo : ISSOUF SANOGO / AFP (archive)
Cette photo prise le 9 avril 2016 à N'Djamena, montrant des billets de banque en francs CFA de la monnaie émise par la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).

Pression fiscale trop basse, recettes manquantes, projets non exécutés: la Cour des Comptes ivoirienne a relevé plusieurs anomalies dans un rapport sur les comptes publics qui nourrit de nombreuses interrogations dans ce pays à la croissance économique soutenue.

Un point agite particulièrement les réseaux sociaux et les médias ivoiriens: celui de la collecte des taxes sur la délivrance des passeports et cartes d'identité.


Selon la Cour des Comptes, l'Etat ivoirien n'a perçu que 792.000 francs CFA sur toute l'année 2022 au titre de ces recettes, soit un peu plus de 1.200 euros, un niveau de recouvrement jugé
"trop bas"
par l'institution.

Le timbre fiscal prélevé par le Trésor ivoirien pour un passeport s'élève par exemple à 20.000 francs CFA (30 euros).
"Où passe donc l'argent que nous payons pour les cartes nationales d'identité et les passeports en Côte d'Ivoire"
, s'indigne sur X, l'opposant Mamadou Koulibaly, ex-ministre de l'Economie, qui a épluché le rapport de la Cour.

"Nous avons des institutions qui sont capables de juger le travail de l'exécutif, il faut s'en féliciter"
a pour sa part estimé jeudi le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly, assurant que
"des réponses adéquates"
seront données.

L'État a concédé la production des passeports depuis une quinzaine d'années à la société privée Snedai qui a assuré mercredi s'être
"toujours acquittée sur une base régulière de ses obligations"
.à son égard.

La Cour des Comptes pointe également une pression fiscale non seulement basse - 13% en 2022, loin de l'objectif des 20% exigé dans la zone monétaire ouest-africaine - mais en baisse depuis 2018 où elle atteignait 16,2%.

L'État ivoirien ne prélève donc pas assez d'impôts, en raison notamment du
"faible nombre de contribuables",
explique un expert en fiscalité.

Autre récrimination, des projets financés sur dons de bailleurs internationaux, comme des cantines scolaires ou l'aménagement de services dans un centre hospitalier d'Abidjan, à hauteur d'une cinquantaine de millions d'euros qui n'ont jamais été exécutés.

Le ministère du Budget se justifie en indiquant que
"les bailleurs ne transmettent pas toujours et dans les délais lesdites pièces justificatives qui servent à l'enregistrement budgétaire"
.

La Côte d'Ivoire qui affiche une croissance robuste depuis plus de dix ans - 7% sont projetés pour 2024 - est vue comme un des pays les plus dynamiques de l'Afrique de l'ouest.

Elle reste toutefois dépendante de l'aide extérieure. Fin mai, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un programme d'aide de 3,5 milliards de dollars sur 40 mois.


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