Des policiers arrêtent un manifestant lors d'une protestation pro-palestinienne contre la guerre à Gaza à l'Université Emory, à Atlanta (Géorgie), le 25 avril 2024.
Évènements annulés, intellectuels et militants inquiétés… Plusieurs ONG interrogées par la presse française s'inquiètent d'une "répression" des voix pro-palestiniennes en Europe, dans un climat de polarisation extrême des opinions sur la guerre dévastatrice que mène Israël dans l'enclave palestinienne.
"Les lois contre les discours de haine et les lois antiterroristes sont instrumentalisées pour s'attaquer"
aux propos pro-palestiniens, pourtant
"légitimes selon les normes internationales"
, dénonce Julia Hall, chercheuse d'Amnesty international.
L'Europe a connu
"une avalanche d'annulations et de ciblages de manifestants pacifiques, d'universitaires, de toute personne qui est fondamentalement solidaire des droits de l'Homme des Palestiniens ou qui critique l'État d'Israël".
"Mesures disproportionnées"
"Mesures disproportionnées"
Le débat est omniprésent aux États-Unis, où, en pleine campagne présidentielle, des centaines d'étudiants ont été arrêtés dans des campus qu'ils occupent pour dénoncer le soutien militaire américain à Israël et la catastrophe humanitaire à Gaza.
Dans l'UE, au moins douze États ont
"pris des mesures disproportionnées, y compris l'interdiction de manifestations sur la base d'un risque apparent pour 'l'ordre public' et la 'sécurité'"
, pointe un rapport du Forum civique européen (ECF), basé à Bruxelles.
Une
"répression de la solidarité pro-palestinienne"
qui s'explique par le
"soutien massif"
de l'Europe à Israël, estime Aarti Narsee, de l'ECF.
En France, les mesures se sont multipliées: manifestations pro-palestiniennes prohibées, conférences annulées et, dernièrement, convocation policière de deux responsables politiques de gauche radicale pour
"apologie du terrorisme".
En Allemagne, l'ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis s'est vu interdire d'entrée mi-avril, selon les autorités allemandes. La police a fermé le
"Congrès palestinien"
auquel il devait participer à Berlin une heure après son ouverture.
Qualifier l'écrivaine d'
"antisémite"
pour sa critique d'Israël est
"aussi absurde"
que la juger
"francophobe"
parce qu'elle critique son propre gouvernement, a réagi le directeur artistique du festival, Milo Rau, qui refuse de s'exécuter.
"Raison d'État"
"Raison d'État"
En octobre, la psychothérapeute Iris Hefets a été arrêtée à Berlin pour une pancarte:
"En tant que juive et israélienne, arrêtez le génocide à Gaza".
Toujours en Allemagne, Judische Stimme, une association juive dénonçant
"la coopération allemande"
avec
"l'apartheid politique de l'État d'Israël en Cisjordanie"
, affirme avoir eu ses comptes gelés.
Alors que Berlin se défendait début avril devant la Cour internationale de justice contre le Nicaragua, qui l'accuse de faciliter un
"génocide"
à Gaza, le quotidien berlinois TAZ (gauche) a fustigé
"la censure et la violence"
contre le congrès interrompu à Berlin.
Le TAZ analyse:
L'Allemagne a déclaré que sa solidarité sans restriction avec Israël était une raison d’État.
Le Centre de soutien juridique européen (ELSC), aux Pays-Bas, avait dénombré en Europe, entre octobre 2022 et octobre 2023, 310
"actes de répression"
contre des manifestations ou personnalités pro-palestiniennes -
"actions judiciaires", "harcèlement", "annulations d'évènements"...
Un chiffre qui a plus que doublé du 7 octobre à mars dernier, avec 836 actes recensés. Et
"ce n'est que le sommet de l'iceberg"
, affirme à la presse française Layla Katterman, de l'ELSC.
En France, les autorités ont mis en place
"un dispositif administrativo-judiciaire"
visant
"les personnes s'exprimant en soutien aux Palestiniens",
mais pas celles
"soutenant Israël",
observe pour sa part l'avocat Arié Alimi, membre de la Ligue des droits de l'Homme.
Une situation que l'auteur de
"Juif, Français, de gauche... dans le désordre"
juge
"regrettable"
. Car
"les luttes antiracistes et les causes humanistes doivent toujours rester indivisibles".
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